À la rencontre de ...
PLANTES AROMATIQUES OU MEDICINALES ?
« Tout dépend de l’usage que l’on en fait. Une même plante, dans une soupe c’est un aromate, dans une tisane c’est un médicament, une préparation pharmaceutique. » Il faut, on l’imagine, une somme de connaissances, toujours enrichies, pour transformer les plantes les plus communes ou les plus rares, les plus domestiquées ou les plus sauvages, en produits goûteux ou en médicaments pour la « bobologie », les petits refroidissements par exemple. « Je connais le monde des plantes depuis toujours, mais quand j’ai repris mes études, je n’ai ouvert qu’une petite fenêtre sur un monde immense. »
« GARANT DE LA QUALITÉ »
Cyril a suivi la filière des PPAM, plantes à parfum, aromatiques et médicinales, dans une école agricole d’Angers, a fréquenté la faculté de pharmacie Paris Descartes, est diplômé. Son labo agréé pour travailler le végétal est déclaré à l’agence nationale de la sécurité du médicament pour son activité cosmétique : « Lorsque l’on met des produits sur le marché dans un cadre professionnel, on doit être garant de la qualité. »
SIROP DE ROSES ET CHEF ÉTOILÉ
Cyril en est convaincu : « L’apport des plantes médicinales, sans effets secondaires, est vraiment le chaînon manquant du schéma sanitaire en France. » Mais c’est d’abord par les plantes aromatiques que la brèche, ouverte par la sortie de 148 plantes du monopole pharmaceutique, va s’élargir. Les plus grands chefs sont les pionniers de cette révolution annoncée. Les sirops de rose de Damas, de nèfles ou de groseille et fleur de sureau de Saint-Pierre-des-Nids sont utilisés par Nicolas Nobis, le chef étoilé de l’Éveil des Sens à Mayenne.
DÉVELOPPER L’USAGE DES TISANES
Les produits des Plantes des Alpes Mancelles sont commercialisés lors des visites de l’exploitation (des visites de plus en plus demandées : Cyril et Florence envisagent une journée Portes Ouvertes chaque mois). On les retrouve sur le marché voisin, les marchés d’été, les événements plus spécialisés, dans les petites boutiques bio des environs : « Nous avons une clientèle très réceptive car ce que nous proposons diffère de ce que l’on trouve dans les grandes surfaces ou dans les magasins bio. L’usage des tisanes est encore à développer. Peut-être aurions-nous plus de succès si nous faisions des alcools… », plaisante Cyril.
À LIRE
Signe du renouveau gustatif et gastronomique des plantes aromatiques, la parution chez Ducasse éditions, de « Infusions, terroirs des simples ». Le livre dresse le portrait des herboristes français les plus représentatifs. Cyril et Florence sont du nombre, 13 pages leur sont consacrées.
Nous faisons tout de A à Z, de la production de semence pour certaines plantes à la réalisation de sirop, tisane. Nous répondons aux cahiers des charges du syndicat de producteur national SIMPLES et de l’Agriculture Biologique. Nous récoltons les plantes à la main et cultivons de façon très diversifiée pour préserver la ressource, il nous est impossible de nous débarrasser d’un végétal en désherbant sans savoir qui il est et ce qu’il peut apporter. Nous privilégions la vente de nos produits en circuit court auprès de petites épiceries de produits bio et locaux, de restaurateurs, mais aussi sur les foires et marchés ou à la ferme… Nous aimons accueillir du monde, discuter, faire visiter notre exploitation, nous sommes tous passeurs de savoir, et, pour ne pas qu’il se perde, nous vous faisons découvrir les plantes autrement avec plein d’astuces et conseils, tel « Du bon usage des plantes qui soignent », titre d’un livre de Jacques Florentin.
Cyril et Florence
« La Corniche de Pail, c’est un lieu atypique. J’y recueille la sève de bouleau, la bruyère, les jeunes pousses de myrtilles. En hiver, je prends des rafales de grésil et de neige là-haut, j’adore ! J’y ai amené de grands botanistes, ils étaient épatés de trouver en Mayenne cette faune et cette flore montagnardes. »