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©Juliette Lebreton

Le podcast de la destination Mayenne

Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco-responsabilité, la passion du partage et pour fierté les mille facettes de leur territoire.

Retrouvez tous les épisodes du podcast Immersion sonore de la destination Mayenne, véritable invitation à partager leurs histoires, leurs activités et leur passion pour la Mayenne.

Ouvrez bien grand vos oreilles et laissez-vous embarquer par l’écoute de nos voyages sonores.

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©Juliette Lebreton

Episode #19

Immersion sonore

à Mohair du Maine

Henry se rend sur la terre difficile de Brisanne à La Bazouge-de-Chémeré. C’est sur cette ferme des extrêmes qu’Emmanuelle Guiho s’est installée en 2006 avec l’envie de faire revivre une ferme qui vivotait. Elle y réalise un rêve, en se lancant dans l’élevage de chèvres angora dont la tonte donnera le mohair. Cette laine noble sera ensuite tricotée pour produire des pulls, des tours de cou, des écharpes…
En bonus dans cet épisode, vous rencontrerez le seul bouc-vache de Mayenne ! 😃

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Mohair du Maine

    00:00:01 Henry [Voix off] 
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:20 Henry [au téléphone] 
    Je suis dans votre parking.

    00:00:23 Emmanuelle [à l’autre bout du fil]
    Ah ben vous devez être avec les chiens, c’est pour ça.

    00:00:23 Henry 
    Ouais, j’ai été gentiment accueilli par le toutou, donc je suis-je suis là…

    00:00:27 Emmanuelle
    J’arrive…

    00:00:28 Henry
    Pas de souci.

    00:00:32 [bruit de portière] Henry
    Bonjour

    00:00:33 Emmanuelle
    Je vous ai pas entendu…

    00:00:34 Henry
    Enchanté

    00:00:34 Emmanuelle
    Enchantée

    00:00:35 Henry
    Non, non, je vous ai appelé tout de suite parce que je sais que sur une exploitation comme ça…

    00:00:38 Emmanuelle
    Oui, oui, oui, c’est bien…

    00:00:38 Henry [Voix off]
    La Mayenne, terre du milieu, une terre, parfois à apprivoiser pour s’en nourrir. Nous sommes à La Bazouge-De-Chémeré, au cœur du bocage Mayennais, dans l’exploitation d’Emmanuelle Guiho qui en 2006 a découvert ce lieu, Brisanne, à la terre réputée difficile, pour s’y installer.

    00:00:59 Emmanuelle
    On est tombé par hasard sur cette ferme qui était un petit peu en fin de vie, on va dire. On l’a reconstituée, elle est redevenue une ferme productive alors que quand on est arrivé, c’était devenu une ferme qui voilà, qui vivotait et qui était en train de de mourir.

    00:01:14 Henry
    Je crois avoir lu que le terrain était difficile

    00:01:16 Emmanuelle
    Oui, c’est vrai qu’on nous avait bien dit quand on est arrivé “Brisanne c’est une terre qui est pas facile, d’ailleurs, tu sais ce que ça veut dire Brisanne ? “ J’ai dit non, “c’est une terre à briser le dos des ânes”. Voilà, bon d’accord… Donc ça veut dire vraiment ce que ça veut dire, c’est une terre, on est directement sur l’argelette, on a presque, l’argelette est affleurante un peu partout, on a presque pas de terre. Donc, et en plus on a une petite particularité, c’est qu’on est traversé par la Vaige, la rivière donc en fait on est une ferme des extrêmes. On est une ferme qui est extrêmement séchante parce que on n’a pas de terre donc, dès le mois de mai, ben on n’a plus rien, mai /juin, c’est terminé pour nous et pour autant l’hiver et ben on est la ferme qui inonde le plus parce que la Vaige s’exprime, la nature s’exprime à travers la Vaige et on n’est pas un hiver sans plus pouvoir sortir de chez nous parce que la route elle est sous l’eau. Voilà donc heu… et c’est ce qui fait son charme aussi.

    00:02:09 Henry
    Oui, parce qu’il y a tout un travail d’apprivoiser cette terre, d’apprendre à travailler avec et surtout de choisir ce que vous vouliez y faire…

    00:02:15 Emmanuelle
    Ben voilà en fait, quand on est arrivé, on a dit, “qu’est-ce qui pourrait fonctionner sur cette ferme ?” On est là, la nature nous offre ce qu’elle a envie de nous offrir et faut en tirer le maximum pour nous, mais sans prendre sa partie à elle. Et on a eu l’idée très rapidement du mouton parce que des terres très séchantes, des terres qui sont porteuses toute l’année, le mouton il peut y être, le mouton il défonce pas le sol, il tasse le sol, mais il défonce pas et c’était vraiment une terre à mouton alors qu’il avait jamais de mouton mais c’était une terre à mouton. Donc on a, on a remis les prairies de part et d’autre de la Vaige et donc le mouton lui il optimise toutes les surfaces là quoi.

    00:02:56 Henry
    Il y a 5 ans, Emmanuelle diversifie son aventure en accomplissant un rêve : se lancer dans la chèvre. Mais pas n’importe quelle chèvre, l’étonnante chèvre angora dont elle recueillera patiemment une laine mohair 100% mayennaise. Mohair du Maine est né.

    00:03:12 Emmanuelle
    J’ai toujours voulu avoir des chèvres. Ça, c’était un truc, en fait, j’étais un peu frustrée de la chèvre parce que je m’étais installée en mouton et moi je voulais des chèvres. Et en fait on a découvert par hasard qu’en fait, depuis 25 ans, ou enfin au moins une trentaine d’années, on avait quand même une éleveuse de chèvres angora en Mayenne et qui était en train d’arrêter et qu’il y avait personne pour reprendre. Elle arrêtait le mohair, il y avait plus de mohair en Mayenne. Ça a été tout de suite, j’ai dit “mais c’est bien sûr, c’est ça.”

    00:03:40 [bruit de barrière] Emmanuelle
    Donc, la chèvre est beaucoup plus silencieuse que la brebis [rires] La Chèvre angora toujours.

    00:03:43 Henry
    Ah oui, alors pour les personnes qui connaissent pas, elle est vraiment caractéristique hein ?

    00:03:48 Emmanuelle
    Ah oui, alors la chèvre angora, c’est la seule chèvre qui se tond. On tond la toison comme le mouton. Donc la laine pousse comme le mouton et on la tond 2 fois par an.

    00:04:01 Henry
    Et ensuite le filage, il est sous-traité ?

    00:04:03 Emmanuelle
    Voilà. Après, au niveau du mohair, ça demande un savoir-faire important pour avoir un fil d’extrême qualité on va dire, voilà. Donc là elle passe par les meilleurs artisans, par toutes les petites mains et après je reçois la laine en pelotes. Donc il y a une partie que je fais tricoter par une petite entreprise qui est classée “patrimoine vivant” et le reste je le tricote, donc je fais des créations et je tricote.

    00:04:34 [Bruits de pas] Emmanuelle [en fond à Henry]
    Ils vont tous sauter un peu. Ouais voilà…

    00:04:40 [Etrange bêlement de bouc]

    00:04:41 Emmanuelle
    Alors lui, il se prend pour une vache, c’est…

    00:04:43 Henry
    [rires].

    00:04:44 Emmanuelle
    C’est un peu un peu pénible d’ailleurs…

    00:04:46 Emmanuelle [à son bouc]
    Non, non, mais tu n’iras pas voir les filles, tais-toi !

    00:04:51 Emmanuelle
    C’est vraiment une particularité à lui ça, c’est, y a que lui qui fait ça. [rires]

    00:04:56 Henry
    C’est un bouc qui imite la vache.

    00:04:57 Emmanuelle
    Oui, c’est un bouc qui, c’est un bouc qui qui se prend pour une vache, ouais.

    00:05:02 Henry [Voix off]
    Après nous avoir fait rencontrer le seul bouc vache de Mayenne, Emmanuelle nous emmène dans sa boutique atelier où elle reçoit, sur demande, les Mayennais, touristes souhaitant découvrir Brisanne, les angoras et surtout les pièces en mohair proposées par Emmanuelle. On y découvre des pulls, gilets, tours de cou, écharpes… Des pièces uniques dont une grande partie est tricotée par Emmanuelle, qui considère ses ouvrages comme une extension de l’élevage.

    00:05:27 Henry
    Alors, donc là il y a des pièces qui sont réalisées par l’atelier à qui vous envoyez et vos pièces personnelles ?

    00:05:33 Emmanuelle
    Ouais, voilà ouais tout à fait, ouais.
    Globalement, heu, toutes les… 95% des grosses pièces des pulls et des gilets sont mes créations.

    00:05:44 Henry 
    Alors le tricot, on est vraiment à l’extrême limite entre l’artisanat et le sacerdoce presque, parce que le temps passé sur une pièce, y a un rapport au temps qui est très particulier.

    00:05:55 Emmanuelle
    Oui. En fait c’est vrai que quelque part je trouve que c’est une belle continuité de l’élevage. Parce que j’élève mes chèvres et ça, ça prend, l’élevage, ça prend un temps fou. C’est pour ça qu’on est de moins en moins nombreux à être à être éleveur aussi : du H24, tous les jours de l’année et voilà donc c’est, c’est du temps. L’animal ce qu’il demande lui, c’est du temps, qu’on lui donne du temps. La laine, elle prend 6 mois à pousser sur le dos de la biquette, donc c’est une moitié d’année, donc la biquette elle nous offre le mohair qui a poussé 6 mois sur son dos, après moi j’ai presque 2 mois de tri, il y a eu le temps de la tonte et après il y a le temps de tricot. Donc on est toujours dans le temps dans cette production. Et c’est vrai que c’est pas très productif, [rires] comme artisanat…

    00:06:46 Henry [Voix off]
    Cette boutique se fait discrète, presque trop timide dans le parcours de visite à Brisanne. L’accueil du public va bien au-delà de l’échange commercial pour Emmanuelle.

    00:06:56 Emmanuelle
    Ça s’est fait un peu naturellement, dès la 2e année du démarrage des chèvres, les gens ben me rencontraient sur les marchés et me disaient “Ben, on peut les voir vos chèvres ?”. Alors c’est difficile de dire non [rires], on a commencé à vite fait ranger la ferme, parce qu’une ferme c’est une entreprise, c’est un endroit où on travaille, donc il a fallu… et finalement ça s’est fait tout naturellement, les gens maintenant viennent, viennent voir, visiter, découvrir. C’est vraiment un bénéfice réciproque en fait, parce que les gens ils apportent énormément à la ferme parce qu’ils ont ce regard extérieur et tous les jours, quand il y a quelqu’un qui vient, eux ils voient ce que nous on voit plus et ça nous permet de nous améliorer. A chaque fois, on s’améliore quand ils viennent. Moi j’essaye de leur transmettre les valeurs d’une, d’une exploitation qui produit. Qui produit et qui nourrit.

    00:07:51 Henry [Voix off]
    Le partage, l’apprivoisement d’une terre, le respect des temps que la nature impose. Tout cela raconte l’histoire d’Emmanuelle à Brisanne. Mais cette histoire serait incomplète si nous n’évoquions pas son affection si profonde pour la Mayenne qui a su l’accueillir.

    00:08:07 Emmanuelle
    On a navigué beaucoup sur le sur le Grand Ouest et on est atterri vraiment en Mayenne, par hasard. Et moi, je me suis bien plu en Mayenne. C’était le premier endroit depuis ma naissance, pratiquement, parce que j’ai beaucoup déménagé étant petite, je déménageais tous les ans, enfin, c’était lié au travail de mon père, donc je déménageais tout le temps et j’étais, je me sentais jamais chez moi, j’étais toujours heu… voilà, l’étrangère et quand je suis arrivé ici, ben… je me suis sentie chez moi. Alors, je saurais pas dire pourquoi, moi j’ai trouvé les Mayennais très accueillants… très simples. Je dis toujours aux gens quand ils viennent ici, “tu vois, on peut pas aller acheter une baguette sans avoir un échange avec quelqu’un” C’est quelque chose de naturel ici y a plein d’endroits où on va, les gens ne se parlent pas, se regardent pas. Ici en Mayenne, on échange facilement un sourire à la caisse ou n’importe où, dans toutes les situations. Et moi j’avais trouvé ça très humain en fait. Les gens disent toujours, moi quand je vais à l’extérieur, “t’as quoi en Mayenne ?” Ben moi, j’ai les Mayennais. Voilà. J’ai pas, j’ai pas l’andouille, j’ai pas la tarte à je sais pas quoi, j’ai pas la spécialité… C’est vrai y a pas de… La spécialité de la Mayenne, c’est les Mayennais.

    00:09:16 Henry [Voix off]
    Une affection prononcée pour ses habitants mais Emmanuelle, urbaniste de formation, a également de très beaux termes pour qualifier le paysage de Mayenne.

    00:09:25 Emmanuelle
    La campagne est habitée. Voilà, la campagne est habitée, elle est vécue, elle est pas, heu…, y a pas de point noir, y a pas de tas de déchets, y a pas de tas de tôles, y a pas de truc mal taillé, y a pas de… on sent que les gens ils y habitent et qu’ils en prennent soin. Et c’est vrai que moi je le vois alors des fois quand je le dis aux gens, “c’est vrai, vous avez raison maintenant qu’on y pense, c’est”… vous regardez quand vous passez, que vous voyagez un peu, quand on roule, on se rend compte que des fois c’est pas terrible quoi. Et en Mayenne ça, vous avez pas ça. Vous pouvez aller dans n’importe quel coin, vous allez pas trouver d’endroits délaissés voilà. Et ça c’est, moi je trouve, c’est très particulier à ce coin là et ça, ça m’avait beaucoup, beaucoup plu.
    Je suis une terrienne en fait. Je, je vis de la terre et je suis plus ou moins enracinée ici oui. C’est, c’est une adoption, une adoption de cœur, on va dire parce que j’avais jamais eu de terre d’origine et je me retrouve bien en Mayenne, dans le département.

    00:10:26 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela la Mayenne, une terre habitée, une terre à apprivoiser, aux racines profondes et dans laquelle les Terriens peuvent venir encore et toujours s’enraciner. A bientôt pour une nouvelle immersion sonore de la destination Mayenne.

Episode #18

Immersion sonore

avec Eric Médard

A Montgiroux, sur la commune d’Alexain, Henry part à la rencontre d’Eric Médard, photographe naturaliste. Cet amoureux de la nature, qui a eu la chance de pouvoir photographier la loutre en Mayenne, nous fait vivre sa passion pour les micro-milieux qui composent le département et pour cette faune qu’on ne sait plus voir.

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore avec Éric Médard

    00:00:01 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco-responsabilité la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:26 Henry [En fond sonore]
    Donc là vous allez passer la nuit en observation ?

    00:00:28 Éric
    Heu ce soir peut-être, je sais pas, ça va dépendre de comment ça se passe…

    00:00:32 Henry [Voix off]
    La Mayenne, terre de bocage, de rivières, et de nombreux milieux naturels où vit une faune que l’on ne voit pas ou que l’on ne sait plus voir. Une faune qui coexiste avec nous sans que nous ne connaissions forcément son existence.
    Ce n’est pas le cas d’Éric Médard, photographe naturaliste mayennais, plusieurs fois primé, auteur de nombreux ouvrages et d’expositions photographiques sur le sujet. Il nous a donné rendez-vous avec des coordonnées GPS sur un chemin en bord de Mayenne, à Montgiroux, sur la commune d’Alexain.

    00:01:01 Éric
    C’est un endroit que j’aime beaucoup, c’est sur les bords de la Mayenne, c’est une partie qui est restée sauvage de la Mayenne qui m’a longtemps fait rêver puisque j’y ai photographié la loutre à cet endroit précis. La seule image de loutre de jour je crois qui existe, qui a été faite dans le département et bien c’est ici même que je l’ai faite.

    00:01:19 Henry
    Une de vos spécialités c’est d’avoir révélé finalement une richesse de faune dont on se doute pas, même quand on habite en Mayenne.

    00:01:28 Éric
    Alors je sais pas, je suis pas le seul à l’avoir révélé hein. Je pense que les associations naturalistes l’ont fait avant moi et continuent à le faire de manière très, très efficace aussi. A la différence, peut-être, avec mon travail c’est que moi je le révèle avec à travers des images que j’espère les plus, heu, les plus fortes possible de façon à provoquer des émotions. Donc c’est vrai que les images peut-être parlent plus que les mots, enfin peut-être, ou peut-être pas, j’en sais trop rien, mais en tout cas, c’est ma manière, à moi de l’exprimer.
    Le, dernier livre que j’ai écrit, que j’ai fait paraître, qui s’appelle à l’affût du sauvage, dans ce dernier livre, je crois que c’est, c’est entre 70 et 80% des photos du livre qui sont faites à moins de 5 km de chez moi. Et la grosse partie sont faites à pied en fait, en partant à pied ou à vélo de la maison. Donc il y a que, je crois, une dizaine d’images qui sont faites en dehors du département, donc y a vraiment pas besoin d’aller bien loin pour faire, pour faire des photographies. Par contre, il faut bien connaître les bêtes qu’on veut photographier. Et puis il faut bien connaître son milieu pour avoir les lumières et puis les ambiances qu’on a envie d’avoir.

    00:02:32 Éric
    On va traverser une écluse en fait justement de ben, du coup, de la partie aménagée de la rivière qui permet de laisser passer la navigation… [bruits de la rivière]

    00:02:47 Éric
    Et une fois qu’on a traversé cette écluse et bien en fait, on va se retrouver sur l’autre lit de, enfin l’ancien lit justement de la rivière. Où là ça va être, on va le voir tout de suite quand on va, quand on va y arriver, ça va être beaucoup plus sauvage.

    00:03:06 Henry [Voix off]
    Au fur et à mesure de la promenade, alors que vous, vous entendez le son agréable et indéterminé de la forêt ou d’un cours d’eau, Éric lui décortique tout et croise de vieux amis : le roitelet, ici un grimpereau, là un martin-pêcheur… Cette faune, il nous l’énumère mais il aimerait surtout qu’on la reconnaisse.

    00:03:24 Éric
    En fait, c’est des micro-milieux la Mayenne. C’est à dire qu’on va avoir à un endroit une rivière un peu sauvage, on va avoir à un endroit un canyon, comme à Saulges par exemple, une belle futaie comme à Bellebranche, une rivière encaissée comme on peut avoir dans le Nord-est à Pré-en-Pail par exemple enfin… c’est vraiment des micros-milieux et du coup on a cette faune qui est associée à ces micros-milieux, c’est à dire que localement on va avoir des espèces qu’on va pas trouver ailleurs et puis après, globalement, et bien on a les espèces qu’on trouve un petit peu partout. Mais c’est pas parce que on les trouve un petit peu partout qu’elles sont moins intéressantes et qu’elles sont mieux connues non plus.

    00:03:58 Henry
    Donc on parle du, du renard…?

    00:04:00 Éric
    C’est le chevreuil, c’est le renard, c’est la chouette chevêche par exemple. La chouette chevêche, c’est une petite chouette qui est très très présente dans notre département alors que dans beaucoup de départements en France, elle a quasi disparu. C’est le busard Saint-Martin, c’est le busard cendré, c’est le blaireau, c’est le sanglier. Voilà là on voit un trou qui a été… des pierres qui ont été retournées, c’est vraisemblablement le sanglier qui a retourné les pierres pour trouver des larves en dessous. C’est le cerf, c’est les papillons, les libellules… Il y a aussi beaucoup, beaucoup d’espèces d’insectes qui sont passionnantes. C’est les poissons, c’est de la faune, comme nos paysages, c’est de la faune, un petit peu qu’on va trouver partout. Mais j’aime aussi beaucoup photographier cette faune qu’il y a là, tout près et souvent à laquelle on porte pas plus d’attention que ça quoi.

    00:04:49 Henry
    Et qu’on connaît déjà assez peu comme ça…

    00:04:51 Éric
    Et qu’on connaît pas du tout, en fait. Qui connaît la martre, la fouine, la belette, l’hermine ? Ces 4 espèces qui sont de la famille des mustélidés par exemple, elles vivent là chez nous, et la plupart du temps, la plupart des gens ne savent pas les reconnaître et dans la même, dans la même famille, on a le blaireau et la loutre c’est pareil, si on met toutes ces photos d’espèces les unes à côté des autres et qu’on demande à quiconque de les nommer, ben pour beaucoup de personnes, ça va être compliqué.
    Toutes ces espèces-là, elles sont là, elles sont en grand danger, les mustélidés vont pas bien et personne ne les connaît.
    Si on sait pas nommer, si on sait pas reconnaître des animaux ou des végétaux, on est incapable de les protéger. Évidemment, on ne peut protéger que ce que l’on connaît. Si on ne sait pas que ça existe et bien à aucun moment on va y être attentif, on va, on va le protéger. Alors le protéger, c’est pas seulement protéger l’animal, c’est d’abord protéger le milieu où il vit. Non seulement savoir que ça existe, mais Il faut savoir comment tout ça, ça interagit. Comment les plantes, les animaux, l’eau, les roches, tout ça, ça vit ensemble et nous évidemment, nous aussi on est là-dedans.

    00:05:56 Henry
    Et vous qui avez travaillé dans l’éducation justement, que faudrait-il faire pour rapprocher les enfants de leur écosystème ?

    00:06:01 Éric
    Ben je pense que la solution elle est juste là, c’est de remettre les gamins dehors quoi de refaire l’école dehors et puis de leur apprendre les choses de la vie. Aujourd’hui, au collège, au lycée, on apprend aux enfants le fonctionnement d’une cellule et on a oublié de leur apprendre le nom du chevreuil qui était à la porte du collège, quoi.

    00:06:19 Éric
    Alors là, voilà, on y est.

    00:06:21 Henry
    C’est beau.

    00:06:22 Éric
    C’est vraiment un endroit qui n’a rien à voir avec la Mayenne qu’on a longé juste avant et on a presque l’impression là d’être dans le Massif central ou en Creuse.

    00:06:30 Henry
    Ah oui.

    00:06:30 Éric
    C’est la rivière Mayenne telle qu’elle était avant que l’homme décide de la, de l’aménager pour y passer avec ses bateaux. Et donc la loutre, et bien, elle vient là, elle vient marquer, alors je regarde si y a pas d’empreintes sur les roches, elle vient mettre ses crottes sur ses cailloux là pour marquer son territoire en fait. Moi, quand je l’ai vue, elle était sur le caillou juste en face, où il y a des orties maintenant dessus là, elle était juste en face et j’étais assis là.

    00:06:57 Henry [Voix off]
    Ce fin connaisseur du vivant mayennais a découvert la nature pourtant dans la Sarthe, dans la ferme de son grand-père étant enfant. Il a ensuite vécu en Ille-et-Vilaine. Cet axe, nous le connaissons, nous connaissons également le point de passage. Ce que nous savons moins, c’est comment la Mayenne et le photographe se sont apprivoisés.

    00:07:17 Henry
    Qu’est-ce qui vous a fait passer de la Sarthe à la Mayenne alors ?

    00:07:21 Éric
    Alors, ça c’est, c’est l’éducation nationale en fait, qui m’a fait passer de l’un à l’autre. En fait, j’habitais sur Rennes avec mon épouse, je voulais revenir en Ille-et-Vilaine pour enseigner, manque de chance, les demandes étaient telles que les listes d’attentes étaient trop trop longues. Et donc je me suis dit “Bah tiens, il y a la Mayenne entre les 2 est ce qu’on viendrait pas en Mayenne ?” Je savais qu’il y avait une pénurie d’enseignants en Mayenne, je dis “est-ce qu’on viendrait pas en Mayenne ? Et puis on va bien voir, découvrir ce département”, et donc c’est comme ça que, qu’on a atterri ici il y a 22 ans maintenant.

    00:07:56 Henry
    Et qu’est-ce que vous connaissiez de la Mayenne ?

    00:07:58 Éric
    Absolument rien. Et puis en fait, quand on est arrivé là, et bien on a adoré ce département. On s’est rendu compte que culturellement, c’était extrêmement riche que les gens étaient extrêmement sympathiques, extrêmement ouverts. On a été accueillis à bras ouverts dans notre village quand on est arrivé et on se plaît énormément là et je pense que pour rien au monde on en repartirait ouais. Mais moi je pense que dans beaucoup de départements où y a un isolement; et mine de rien, en Mayenne, il y a assez peu de monde et donc je pense que y a aussi une forme d’isolement, et il y a une forme d’isolement aussi, parce que je crois que les départements autour sont un petit peu durs avec les mayennais et donc je crois qu’il y a des, y a des passages qui se font pas, et donc du coup il y a eu un; mais c’est mon analyse hein, je suis pas du tout ethnologue ou autre, mais mon analyse c’est que du coup les mayennais, ils se sont débrouillés par eux-mêmes pour se développer culturellement, pour monter des festivals, pour faire les choses du coup eux-mêmes puisque ça se faisait pas avec ce qu’il y avait autour.
    Et mon analyse, elle est là, alors je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que ce département s’est dynamisé tout seul, en fait. Et du coup, s’est beaucoup construit dans l’échange et dans la convivialité.

    00:09:04 Henry [Voix off]
    On ne pouvait pas quitter Éric Médard sans lui demander justement quels étaient ses coins préférés de Mayenne, ceux ou le touriste ou le local pouvaient venir pour redécouvrir cette faune.

    00:09:15 Éric
    Si on veut découvrir la nature, c’est vrai en Mayenne ou ailleurs, il faut d’abord y aller avec des sens aiguisés. Donc en se disant, voilà, “j’y vais pas pour discuter, pour juste me détendre ou… j’y vais parce que j’ai envie d’observer”. Et c’est à partir de là, déjà, qu’on peut commencer à faire des rencontres.
    Les bords de la Mayenne sont assez intéressants pour ça, c’est qu’il est difficile de venir au bord de la Mayenne sans entendre passer le martin-pêcheur ou voir un héron cendré. Je pense que, il y a un bois qui est autour de Laval, qui s’appelle le bois de l’Huissserie sur lequel aussi, on peut faire des observations, alors surtout des observations d’oiseaux, parce qu’on peut y observer facilement du pic épeiche, des mésanges charbonnières, la mésange bleue des animaux comme ça.
    Et après, même dans Laval, hein, on peut voir des choses. Je vois hier, je suis passé dans le centre-ville de Laval, il y avait des grands cormorans perchés sur les cailloux au plein centre de Laval. La loutre doit y passer de temps à autre et les castors aussi, hein, parce que les castors ont réinvesti le département. Et donc c’est rigolo parce que c’est des endroits qui, la rivière, traverse la ville et de temps en temps les animaux vont la traverser aussi forcément pour aller en amont.
    Alors cette faune en fait, on peut la voir, on peut la voir partout. Alors il y a des endroits quand même qui sont assez sympas d’un point de vue paysager, hein, je pense par exemple à la corniche de Pail. C’est un endroit qui est assez, qui est avec un climat semi montagnard là, qui est extrêmement intéressant pour aller s’y promener et y voir des animaux et puis un endroit que j’aime particulièrement aussi sont les grottes de Saulges. Les grottes de Saulges on peut aller, on peut aller les visiter à l’intérieur, mais aussi on peut s’asseoir au bord de l’Erve tout en bas et puis attendre là aussi que le martin-pêcheur passe ou que ou que le rat musqué sorte sur un caillou.

    00:10:59 Henry
    Et l’animal que vous n’avez jamais réussi à photographier ? Vous savez qu’il est là, vous savez qu’il existe et vous l’avez pas encore croisé…

    00:11:06 Éric
    Euh… Ah non, je crois qu’en Mayenne, des animaux que mmmm… y en a pas beaucoup je crois que j’ai pas encore photographié en fait. Heu… Si, il y en a un. Il y en a un mais qui a dû juste passer et pour lequel on a même pas de données, mais je suis persuadé qu’il a traversé le département, c’est le loup. Donc lui, le loup, c’est un animal que j’espère voir et photographier dans le département avant… avant que je m’en aille, définitivement. Donc ça c’est un petit rêve que j’ai dans le coin de la tête. Mais après non, si je réfléchis, je pense qu’il y a pas vraiment d’animaux que j’ai rêvé photographier que je n’ai pas photographié ici en Mayenne en fait.
    Par contre, il y en a encore qui me font totalement rêver et que j’ai déjà photographiés et que j’ai qu’une envie c’est de continuer à photographier, même tous d’ailleurs. Mais heu… Mais non, je crois pas, je crois pas. Parce que la loutre a été longtemps cet animal là. Et puis et puis j’ai fini par réussir les images ouais [rires]

    00:12:02 Henry
    Merci Éric.

    00:12:03 Éric
    Merci à vous.

    00:12:07 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, une terre du milieu et d’éco-milieux où pour rencontrer le monde sauvage, il ne faut pas se déplacer mais plutôt s’arrêter, prendre le temps. Alors, seulement alors, dans cette pleine conscience de ce qui est à portée de vous, vous pourrez enfin voyager. A bientôt pour une nouvelle immersion sonore de la destination Mayenne.

Episode #17

Immersion sonore

au restaurant le Prieuré

A Azé, dans le sud Mayenne, Henry s’invite dans la cuisine du restaurant Le Prieuré pour y rencontrer le chef Pierre Guignard.
Entre préparation de poissons et de sauces, Pierre, sudiste devenu mayennais d’adoption, nous parle de son travail, de l’ingrédient essentiel de sa cuisine, le temps, mais aussi de la qualité de vie qu’il a trouvé en Mayenne.

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au restaurant Le Prieuré

    00:00:01 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance. L’éco-responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:21 Henry [entrant en cuisine]
    Bonjour, je viens pour enregistrer Monsieur Guignard, merci.

    00:00:23 Voix d’homme
    D’accord. Chef, vous avez un rendez-vous.

    00:00:31 Pierre
    Bonjour, vous allez bien ?

    00:00:33 Henry
    Je vous embête pas trop, c’est la mise en place là ?

    00:00:34 Pierre
    Ouais, ouais, ouais.

    00:00:35 Henry
    Bon, je peux rester combien de temps sans vous embêter ? 20 minutes une demi-heure c’est bon ?

    00:00:43 Pierre
    Oui, voilà

    00:00:44 Henry
    Bon super, merci.

    00:00:45 Henry [Voix off]
    La Mayenne, terre du Milieu. Terre de passage devenue destination privilégiée pour ceux qui s’y installent. C’est un cercle vertueux car c’est aussi la terre d’un art de vivre qui sait apprécier le meilleur des autres territoires.
    Nous sommes à Azé, au restaurant Le Prieuré, où Pierre Guignard et son épouse Vanessa se sont installés en 2016. Il est 10h du matin, le chef et son second s’affairent à la mise en place.

    00:01:16 Pierre
    Je suis en train de préparer l’aiglefin qu’on a reçu ce matin, on va le faire en petite roulade.

    00:01:22 Henry
    Alors le poisson c’est votre truc quand même, hein ? J’ai regardé pas mal de menus

    00:01:25 Pierre
    Alors en fait, on essaie toujours de leur faire moit’/moit’, mais c’est vrai que ben les gens ils sont plus basé poisson. Parce que je pense que le poisson ils en mangent pas souvent à la maison, donc du coup ils en mangent beaucoup ici, c’est vrai [rires].

    00:01:38 Henry
    Et aussi les poissons de la Méditerranée, parce que votre apprentissage vous l’avez fait en Méditerranée.

    00:01:42 Pierre
    Ouais, c’est ça. Donc j’ai fait en fait…. Moi j’ai pas fait apprentissage, j’ai fait l’école hotellière.

    00:01:47 Henry
    D’accord.

    00:01:48 Pierre
    Donc ouais, j’étais basé sur Cavaillon.

    00:01:51 Henry
    Donc vous savez travailler les poissons du Sud quoi.

    00:01:54 Pierre
    Ouais, voilà. C’est vrai qu’on commençait de suite à faire, bah déjà même à l’école hotellière, on commençait déjà nous à faire à l’époque tout ce qui était rouget que certains ne faisaient pas ici ou comme en Alsace, ils font pas de rouget, que nous on commençait déjà à faire les rougets, les loups, ici ils appellent ça le bar. Mais voilà, et c’est vrai que la première fois que je suis arrivé ici ils disaient le bar, moi je disais le loup [rires].

    00:02:18 Henry
    Donc il y a eu des malentendus…

    00:02:18 Pierre
    Voilà [rires] [imite une conversation] “Qu’est-ce qu’il parle même ? Mais pourquoi ? Mais non ! Mais lui il est plus foncé. Mais Argg !” ben voilà

    00:02:22 Henry
    J’ai même cru voir sur un menu que vous aviez fait du sar ici ?

    00:02:27 Pierre
    Ouais, oui oui.

    00:02:29 Henry
    C’est pas souvent qu’on mange du sar en Mayenne quoi.

    00:02:30 Pierre
    Ben non, mais en fait voilà, c’est en fait, c’est aussi pour faire découvrir d’autres poissons aujourd’hui et le poisson comme le SAR ou même du pagre… tout ça. C’est des poissons, ils sont simples, magnifiques, t’as un bon goût en bouche quoi. Tu fais un bon petit tartare de maquereau. [A son second] Hein Loulou ? Un bon petit tartare de maquereau avec 3 pêches et 2 machins. Et puis voilà, voilà, c’est, c’est tout simple.

    00:02:51 Henry
    Et qu’est-ce qui vous a fait passer du Vaucluse à la Mayenne alors ?

    00:02:55 Pierre
    Bah tout simplement une femme quoi…

    00:02:57 Henry
    Qui est native du coin ?

    00:02:59 Pierre
    Saint-Martin-Du-Limet à côté de Craon. Donc c’est pour ça. On est arrivé ici puis voilà, puis après je trouvais qu’il faisait bon y vivre, et puis on est resté. Ici, on est tranquille quoi. Ici, tu veux prendre ta voiture, tu as 5 kilomètres tu sais que tu vas mettre 5 minutes. Dans le Sud, t’as 5 km tu vas mettre 20 minutes.

    00:03:15 Henry
    Enfin, il-y-a beaucoup de zones 30 hein, ici quand même.

    00:03:18 Pierre
    Ouais mais le mayennais roule doucement [rires]. Ben non, puis après c’est vrai que ben le contexte… Les enfants ils peuvent sortir, ils peuvent jouer. S’ils veulent prendre leur vélo…

    00:03:27 Henry
    Y a un cadre paisible quoi

    00:00:28 Pierre
    Ouais, voilà.

    00:03:30 Henry [Voix off]
    L’histoire de Pierre et Vanessa Guignard à Azé, c’est donc d’abord la recherche d’une qualité de vie mayennaise pour élever leurs enfants. Mais c’est ensuite la découverte de ce restaurant, ancien prieuré du 11e siècle, laissé à l’abandon par ses prédécesseurs.

    00:03:44 Pierre
    On cherchait un restaurant et puis l’occasion s’est présentée qu’ici c’était dispo et puis on a postulé. Et du coup bah on a postulé, puis ils ont bien voulu et puis après c’était les banques, les machins… Donc du coup ben la mairie, à l’époque c’était la mairie d’Azé, donc ils ont voulu remettre en route donc c’est vrai qu’ils nous ont vachement aidé. Parce que y avait beaucoup de travail à refaire parce que c’était resté comme dans les années 80. De fil en aiguille, ça s’est fait naturellement quoi. Après, le cadre, le cadre y a rien à dire quoi.

    00:04:16 Henry
    Alors là on est, on est annexe à un ancien prieuré, c’est ça ?

    00:04:19 Pierre
    Alors, ouais, voilà en fait, c’est ben, c’est le presbytère. Ici donc la partie ici cuisine et réception et la petite salle c’est le vieux bâtiment

    00:04:30 Henry
    Et ça fait quoi de faire la cuisine dans un lieu béni ?

    00:04:32 Pierre
    Offf, ça fait pas plus, pas moins quoi. Ah malgré que vu tous les curés qu’on a en ce moment… À chaque fois, ils nous font une petite croix, hein ! [rires]

    00:04:44 Henry
    Ils joignent l’utile à l’agréable en venant ici !

    00:04:47 Pierre
    Ouais, ouais, et puis c’est vrai que c’est quand même assez, assez agréable.

    00:04:52 Henry [Voix off]
    Depuis cette installation, le prieuré s’est refait un nom à Azé, attirant une clientèle locale, c’est toujours bon signe, qui a même répondu présente lors des fermetures sanitaires, en continuant de commander à emporter. Pour séduire, Pierre Guignard est resté lui-même proposant la cuisine qu’il a toujours su faire, une cuisine ensoleillée, certes, mais reposant sur de belles bases classiques. Les fonds, les sauces et leur plus précieux ingrédient, le temps qu’on y consacre.

    00:05:20 Henry
    Ah ouais il y a un bel espace là aussi…

    00:05:21 Pierre
    Ouais. Donc là on rentre dans l’arrière-cuisine qui existait pas, qui a été refaite par les anciens prédécesseurs. Et en fait si je si je vous dis pas de bêtises, on est la 4ème génération de restaurateurs ou 3ème.

    00:05:35 Henry
    Et vous vous êtes demandé si la cuisine du Sud allait plaire aux mayennais ?

    00:05:39 Pierre
    Ben faut pas laisser le choix en fait. [rires] Mais après, c’est vrai que sur l’été on est vachement axé, ben comme beaucoup, sur les ratatouilles, les tians, les tians de légumes et tout ça. Après ce qui est plus compliqué, c’est leur faire une compotée de fenouil, machin… Ça, ça passe pas pour tout le monde, donc on essaie toujours de les agrémenter avec une petite compotée d’oignons fenouils parce que, je sais pas pourquoi le fenouil, le côte anisé, ils ont du mal…

    00:06:07 Henry
    Ouais Ouais.

    00:06:09 Pierre
    Mais c’est un petit peu partout, hein

    00:06:10 Henry
    Ouais ouais. Oui, fenouil c’est clivant, ouais.

    00:06:12 Pierre
    Le fenouil, c’est soit on aime soit on aime pas.

    00:06:13 Henry
    Ouais ouais.

    00:06:14 Pierre
    Donc ça reste après heu…

    00:06:15 Henry [Le coupe]
    Comme la coriandre

    00:06:16 Pierre
    Voilà.

    00:06:18 Henry
    Là, y a des spaghettis à l’encre de seiche, c’est ça ?

    00:06:20 Pierre
    Ouais. Donc ça c’est pour, c’est pour accompagner ben la roulade d’aiglefin que je suis en train de préparer là-bas…

    00:06:27 Henri
    Oh la la. Et la sauce, ça va être quoi ?

    00:06:28 Pierre
    Et la sauce en fait après donc je cuis me coquillages, et je récupère le bouillon et en fait le bouillon, je le fais légèrement réduire, faut pas qu’il y ait trop de sel et puis après derrière on crème juste. Une petite, une petite grosse pincée de beurre et puis après puis basta. Et puis un plat simple mais qui se mange bien.

    00:06:48 Henry
    Toujours un bon travail sur les fonds, les réductions. Quand même. Vous accompagnez toujours, enfin, y a une touche vraiment…

    00:06:52 Pierre [Le coupe]
    Il y a toujours, toujours les sauces…

    00:06:53 Henry
    Y a le métier quoi. Y a le métier des sauces…

    00:06:57 Pierre
    Ben c’est vrai que nous, on a la chance… C’est que c’est que moi je lance mon fond de veau et le fond de veau, il va cuire pendant heu… je lance le jeudi et il bouge pas du gaz jusqu’au samedi matin. Donc des fois, c’est même plus une infusion d’os de veau qu’un fond quoi

    00:07:15 Henry
    Ouais, ouai, ouais, ouais

    00:07:15 Pierre
    Mais c’est ce qui heu… C’est-ce qui fait le goût de la sauce.

    00:07:19 Henry
    C’est le temps qu’on lui consacre

    00:07:20 Pierre
    C’est le temps qu’on y passe, parce que c’est vrai que on pourrait dire “bah tiens, j’achète une boîte, c’est bon, je prends ma boîte, je fais ma pesée de machin je mets un coup de touillage”. J’ai essayé mais c’est dégueulasse. Alors qu’eux ils ont toutes les machines, ils pourraient arriver à faire des vrais fonds mais tu sais pas ce qu’ils ce qu’ils foutent dedans. Donc à un moment donné c’est vrai que la cuisine ça demande énormément de temps mais c’est que, si on s’investit pas, ben, on y arrive pas.

    00:07:47 Henry
    C’est de la pâte feuilletée ?

    00:07:48 Un cuisinier
    Oui, du coup c’est des chutes que je ré-utilise.

    00:07:53 Henry
    Vous, comment vous définiriez le caractère mayennais ?

    00:07:57 Pierre
    Caractère vachement cool…

    00:07:58 Henry
    Ouais,

    00:07:59 Pierre
    Vachement cool. Pour l’énerver, faut y aller quand même. Bon après certains s’énervent plus vite que d’autres mais faut… Mais heu, non, non, vachement cool. Non, très généreux puis si t’as besoin d’un coup de main, ils vont te donner un coup de main…

    00:08:16 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, un territoire où l’on est comme on est et qui peut être, à force de travail, d’efforts et de goût des bonnes choses nous garde comme on est. A bientôt pour une nouvelle immersion sonore de la destination Mayenne.

Episode #16

Immersion sonore

au Domaine des Pierres Jumelles

Au Domaine des Pierres Jumelles, dans les Coëvrons, Henry nous emmène à la rencontre de Frédéric Bonnand.
Après plusieurs vies en tant qu’accordeur de piano puis conducteur de travaux, ce passionné de cheval s’est installé en Mayenne pour y créer son projet d’écotourisme alliant randonnées équestres, chambres d’hôtes et logements insolites.
Mais au Domaine des Pierres Jumelles, on ne consomme pas le cheval, on essaye de le comprendre pour, peut-être, se comprendre soi-même.

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Domaine des Pierres Jumelles

    00:00:00 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le podcast Qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance. L’éco responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:23 Henry [Voix off]
    La Mayenne, terre équestre. Nous sommes au domaine des pierres jumelles au pied des Coëvrons, dans le nord-est du département, où le Massif armoricain commence ou s’achève et qui regorge de collines boisées et de chemins de randonnée. C’est ici que Frédéric Bonnand a créé ce projet d’écotourisme, proposant des randonnées à cheval, chambres d’hôtes et 2 logements insolites. Si Frédéric aime et pratique les chevaux depuis l’âge de 15 ans, sa carrière n’était initialement pas consacrée à l’écotourisme.

    00:00:52 Frédéric
    Non, en fait. Moi j’ai j’ai plusieurs vies, moi. Mon premier métier c’était accordeur de piano, accordeur, réparateur de piano. J’ai 2 frères qui sont dans le métier aussi.

    00:01:03 Henry
    D’accord ? Mais ils sont dans le métier, c’est à dire dans la musique ?

    00:01:05 Frédéric
    Non, non, accordeurs de piano en fait.

    00:01:06 Henry
    Accordeurs ? Ah ouais ?

    00:01:07 Une femme dans le fond
    Ils sont 3 dans la même famille

    00:01:10 Henry
    C’est Blanche-Neige et les accordeurs.

    00:01:12 Frédéric
    [rires] Ouais, c’est ça ! [rires]

    00:01:15 Henry
    C’est grave ça

    00:01:18 Frédéric
    Et en fait c’est Notre père, en fait, on est, on est 7 dans la famille, mais les 3 derniers, en fait, mon père avait lu un article dans sélection du Reader Digest et du coup y avait un article qui disait que on allait manquer d’accordeur et du coup que ça serait un métier d’avenir. Et donc du coup il dit “Ah, c’est génial” et tout donc Il nous a dit, “Allez, vous allez faire ça.”

    00:01:36 Henry [Voix off]
    Frédéric a ensuite consacré 15 ans de sa vie au métier de métreur conducteur de travaux dans une entreprise de maçonnerie en entretenant toujours sa passion pour les chevaux en s’installant en Mayenne pour être proche d’eux au quotidien. La suite, il nous la raconte.

    00:01:52 Frédéric
    J’en avait un petit peu marre, donc je cherchais à changer ou trouver une autre solution et un jour, j’ai rencontré par hasard un Monsieur qui faisait du dressage de chevaux. On a commencé à discuter et je dis “Bah ouais, moi, ce que je préfère c’est la rando et tout”. « Oh ben tu sais y aurait un truc à faire ici, y a personne qui fait de la rando sur le secteur et il y a une demande je suis sûr que voilà, t’as 4/5 chevaux…” Y a beaucoup de centres équestres en Mayenne mais y a pas beaucoup de professionnels qui proposent de la balade à cheval en fait. Donc je me suis dit, Je vais allier les 2 avec des hébergements insolites, que les gens viennent passer un séjour détente ici, et profiter du côté équitation.

    00:02:32 Henry [Voix off]
    Le Domaine des Pierres Jumelles propose donc des randonnées équestres, mais ici, on ne consomme pas le cheval. Avant toute chose, on essaie de le comprendre et par la même occasion de se comprendre soi-même.

    00:02:43 Frédéric
    J’ai une approche comportementale avec les chevaux, mais ce qui est intéressant, c’est comme le cheval est un miroir de l’humain qu’il a avec, c’est les 2, là, cette approche comportementale, elle est, elle est mixte en fait. Puis l’homme, ça reste un animal…

    00:02:59 Henry
    C’est une forme d’accordage finalement ça ?

    00:03:00 Frédéric
    C’est ça [rires] ! Oui, oui, c’est ça. C’est mettre un petit peu les, les choses à l’unisson, ouais. J’avais pas forcément fait le lien, mais oui en effet.

    00:03:09 Henry
    Vous faîtes les harmonies entre…

    00:03:10 Frédéric
    C’est ça. Ici en fait ce que je veux, c’est que les gens découvrent le potentiel qu’on peut avoir une relation avec l’animal, avec le cheval en l’occurrence, et on n’est pas dans l’idée d’une performance où je vais utiliser le cheval comme un outil ou comme un moyen de locomotion. On est là sur un partenariat.

    00:03:37 Henry [Voix off]
    Frédéric nous fait enfin rejoindre les chevaux. Sa lecture de l’environnement, des réactions de l’animal et permanente est très attentive.

    00:03:45 Frédéric
    Moi, ce que j’aime bien là, c’est, c’est ben par exemple ce qu’on fait là, c’est à dire qu’en fait d’être au milieu des chevaux et puis d’avoir les chevaux qui vont, qui viennent nous voir nous dire Bonjour on et puis une espèce de… Parce que là, ils ont aucune contrainte en fait, ils ont pas envie de venir et viennent pas quoi. Mais quand on a un cheval qui vient nous voir nous dire Bonjour, bah on sait que voilà, on a… je trouve que c’est sympa parce que ils ont… ça veut dire qu’on a de l’intérêt pour eux quoi. Et puis j’aime bien les voir vivre en fait, moi c’est la chose que je préfère je pense.

    00:04:13 [Bruit de cheval proche du micro]

    00:04:14 Henry
    Quel professionnel !

    00:04:19 Frédéric
    [rires] C’est mon cheval, c’est ça. C’est lui.

    00:04:22 Frédéric [à son cheval]
    Hein mon garçon ?

    00:04:25 Frédéric
    Sa communication, le cheval, elle est corporelle, non verbale. Et en fait ça permet d’anticiper des réactions… comme un cheval qui peut être inquiet… Souvent dans ce sens-là parce que là, du coup, on peut avoir une réaction assez vive ou après ça peut être les réactions dans l’autre sens, c’est un peu moins embêtant mais en tout cas de savoir dans quel état il est, comme par exemple le poney qui va plutôt venir en… comment… en ami ou voilà en fait, ça permet de savoir un peu le, l’état du cheval quoi.

    00:05:01 Frédéric
    Et du coup, après, j’ai différents types de balades qui sont adaptés à chaque clientèle ou chaque, chaque personne en fait. C’est à dire qu’en fait les petits poneys, on peut faire des balades en main ou en fait, on va promener l’enfant dessus ou les balades famille ou c’est moi qui tiens le poney et puis les adultes sont sur les chevaux, on fait un petit tour comme ça et puis après les balades adultes ou moi, je privilégie toujours, au moins pour les gens qui viennent ici pour la première fois, une balade que j’appelle la balade éthologique, ou comme on disait comportementale, où en fait la première heure, elle est vraiment sur l’observation des chevaux, l’approche du cheval, la connexion à l’animal qu’on va avoir pendant la balade. Puis la 2ème, on va partir en balade.

    00:05:42 Henry
    Et le départ, c’est toujours d’ici.

    00:05:45 Frédéric
    Oui.

    00:00:46 Henry
    Parce que vous avez plein de plein de promenades, vous avez dit, et toutes partent d’ici ?

    00:05:50 Frédéric
    Donc on part d’ici et puis après on a, ben après on a de quoi faire.

    00:05:54 Henry [Voix off]
    Oui, il y a de quoi faire au Domaine des Pierres Jumelles. La possibilité d’emprunter 3 boucles de randonnée de 24 à 28 km, jusqu’au Montaigu, un point culminant des Coëvrons. Pour profiter pleinement de cette vue et de l’expérience, Frédéric propose également une chambre d’hôte, un tipee [bruit de fermeture éclair]

    00:06:11 Frédéric
    On a même le sol…

    00:06:15 Henry
    Ah ouais…

    00:06:15 Frédéric
    Des vrais lits…

    00:06:18 Henry
    Oh, on tient à 2 mais très confortablement.

    00:06:21 Frédéric
    Ouais, voire à 3 avec un enfant, on l’a déjà fait.

    00:06:23 Henry
    Oui, voilà…

    00:06:25 Frédéric
    On rajoute un petit matelas en supplémentaire.

    00:06:27 henry [Voix off]
    … Et un concept original, la doma, petite construction sphérique réalisée en matière recyclable où recyclée

    00:06:33 Henry
    Une mini maison de Hobbit blanche… [rires]

    00:06:36 Frédéric
    C’est ça ! Et du coup, c’est une habitation qui est relativement écologique puisqu’on a du chanvre, qui est une plante brute, en fait, qu’on va mélanger avec du sable et de la chaux, on va pouvoir faire des petits boudins. Tout, tout est recyclable naturellement puisque la chaux, la chaux va, c’est du ça devient du calcaire, donc on peut la réintégrer dans le sol sans problème. Le sable aussi, évidemment.

    00:07:01 Henry
    C’est très coquet, on a encore le plancher, on a…

    00:07:05 Frédéric
    Voilà c’est ça. Donc après on a…

    00:07:05 Henry
    Un bel enduit, sable ?

    00:07:08 Frédéric
    Alors ouais, enduit chaux et terre en fait et sable, évidemment, mais le côté ocre, c’est la terre en fait. On a mis de la terre un peu dedans.

    00:07:16 Henry
    On est même chauffé ici…

    00:07:18 Frédéric
    Voilà, ça on a un petit poêle à bois pour la période comme actuellement là.

    00:07:21 Henry [Voix off]
    Cet engagement écologique est une recherche fondamentale pour Frédéric et se distingue à de nombreux endroits du domaine, toilettes sèches, circuit court, eau chaude chauffée au bois jusqu’au petit stand May’ gourde qu’il a installé sur le chemin de randonnée attenant pour permettre aux randonneurs de remplir de leurs réserves gratuitement et réduire l’émission de déchets plastiques.

    00:07:42 Frédéric
    À la base, j’ai fait ce projet là aussi pour transmettre, en fait, la, la passion que j’ai pour tout ce qui est nature et environnement. Et mais moi je suis pas heu… mon caractère n’est pas du type à aller manifester. Je préfère fonctionner par l’exemple et aussi par la pédagogie. C’est à dire qu’en fait d’expliquer aux gens… enfin, enfin après en fait, si on veut que les gens respectent l’environnement, il faut qu’ils le connaissent, on ne peut protéger que ce qu’on aime en fait, hein. En réalité, sinon c’est pas possible.

    00:08:14 Henry [Voix off]
    Tout ce beau dispositif, on le voit, n’est donc pas une reconversion mais un prolongement, une synthèse. Frédéric l’accordeur continue d’accorder humains et animaux. Frédéric, le conducteur de travaux, poursuit les constructions, tandis que Frédéric, l’homme engagé les supervise de manière raisonnée. Une fois de plus, le décor de cette belle réconciliation, c’est la Mayenne, terre du Milieu, qui a peut-être rendu tout cela possible.

    00:08:39 Frédéric
    Ce projet là, j’ai construit pour moi, en fait, je me suis fait mon métier à ma… Enfin, c’est ce que je voulais en fait. Faire, quelque chose qui me correspond en fait, donc j’ai un peu, j’ai pas cherché à faire quelque chose qui ressemble à quelque chose, à quelqu’un d’autre. Je cherchais à faire ce qui moi ce qui me correspond. Et puis après ben, j’invite les gens à venir dans mon univers en fait.

    00:08:58 Henry
    Et c’est en Mayenne que vous avez trouvé l’endroit pour mener à bien ce projet ?

    00:09:01 Frédéric
    C’est ça, c’est ça. Après, on a quand même un super endroit, hein.

    00:09:06 Henry
    Et justement, alors vous, vous venez de Touraine, vous avez choisi la Mayenne pour vous installer. Est-ce que depuis ces années, vous avez réussi à… Est-ce que vous pourriez définir ce qu’est le caractère Mayennais ?

    00:09:15 Frédéric
    Ah, houlà, c’est compliqué ça. Parce que y a des individus différents aussi. Après ce que je trouve ici, il y a quand même une convivialité qui est là. La convivialité, le…. Alors, la Mayenne est aussi… y a beaucoup de personnes respectueuses de l’environnement en Mayenne. C’est quand même, je trouve qu’un un thème qui est assez… qui est assez présent. Et puis au niveau du mayennais, le bien vivre, c’est à dire qu’ici on prend le temps de vivre quoi.

    00:09:51 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, une terre ou peuvent s’harmoniser, l’homme et l’animal, mais aussi toutes les compétences d’une vie mise au diapason pour nous permettre de faire de notre passion un métier. À bientôt pour de nouvelles immersions sonores de la destination Mayenne.

Episode #15

Immersion sonore

à Lou Safran

Dans le nord Mayenne, Henry rencontre Louise et Philippe Bilhou producteurs de safran bio à Gesvres à proximité de la corniche de Pail. C’est là qu’ils ont trouvé leur petit coin de paradis pour cultiver cette plante délicate qui donnera par la suite cette fameuse « épice de la joie ».
« Vous avez les montres, nous on a le temps… », Mayennais d’adoption, Louise et Philippe mettent l’humain et le partage au premier plan et ne prennent pas leurs client pour « des porte-monnaie qui se déplacent » !
Quant à leur relation avec la Mayenne, elle pourrait se résumer à une histoire de gui et d’embrassade…

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à Lou Safran

    00:00:01 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne le Podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco-responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:19 Louise [en fond sonore]
    Y a plus de… Y a plus de problème. Et puis chaque fois qu’on est loin de la Mayenne, il nous tarde de revenir. Voilà, on est en manque.

    00:00:26 Henry [Voix off]
    Nous sommes aujourd’hui dans le Nord Mayenne, à proximité de la Corniche de Pail, un site naturel d’exception. Une fois passé la commune de Gesvres, un chemin de terre nous conduit vers une petite exploitation nichée dans un écrin de 80 hectares de prairie. C’est celle de Louise et Philippe Bilhou.

    00:00:49 Louise [à Henry]
    Allez-y, allez-y.

    00:00:50 Henry [à Louise]
    Merci

    00:00:54 Philippe [à Henry]
    Avec du sucre, sans sucre ?

    00:00:55 Henry [à Philippe]
    Sans sucre, merci.

    00:00:58 Henry [Voix off]
    À l’âge où certains prendraient leur retraite, Louise et Philippe, après une grande partie de leur vie, à s’occuper des autres, ont quitté le Sud pour accomplir un vieux rêve : cultiver le safran.

    00:01:09 Louise
    J’étais tombée à l’époque sur un reportage en fait, et puis j’étais vraiment séduite et je suis tombée amoureuse de cette fleur. Et puis je me suis dit, bon bah et puis j’ai commencé à faire des recherches, à me documenter et on est allé voir des safraniers et puis voilà, de fil en aiguille, ça montait, ça cheminait toujours dans la tête. Et c’est un projet qui, voilà comme quoi il faut jamais oublier ses rêves et ça c’est important, faut toujours les avoir. Et en fait bah, la vie a fait que ben y avait les enfants en études, on a pas pu et puis après ben euh… ma maman qui a eu besoin de nous sur la fin de sa vie et donc on s’en est occupé jusqu’au bout et puis, quand elle est partie, ben on a dit, maintenant on va foncer. On va foncer pour notre projet, on va y aller…
    Et donc on a vu cette maison sur un site de notaire en fait, et puis on est venu la voir. Cette maison, déjà, on avait eu un petit peu le coup de foudre quand même, hein. Bon, elle avait énormément, enfin, elle a encore, énormément de travaux, mais on le savait en voyant le terrain, on savait.
    Il était pentu et drainé, c’est ce qu’il nous fallait pour cette culture. Donc on savait que là, maintenant on pouvait s’installer, on pouvait planter nos premiers bulbes et on les a plantés, ouais, un an après avoir acheté la maison.

    00:02:23 Henry [Voix off]
    Durant 3 ans, sans être mécanisé, Louise et Philippe ont appris patiemment à maîtriser cette culture. Ses temps longs, le désherbage à la main, la préparation. Puis ses temps courts, lors de la floraison, où il faut, dans un laps de temps très restreint, cueillir les fleurs, les émonder pour recueillir le précieux safran, puis le sécher.

    00:02:43 Louise
    C’est, c’est vrai que c’est beaucoup de boulot, mais on est tellement passionné par ce qu’on fait et cette fleur, et ben en fait, elle vous fait oublier votre fatigue. C’est comme une femme après l’accouchement, ça a été dur, ça a été pénible mais une fois qu’elle a bébé dans les mains et ben voilà, elle a tout oublié et ben le safran, la cueillette, c’est un peu ça. Une fois qu’on a récupéré les fleurs et émondé, et voilà, et ben on oublie très vite la fatigue.

    00:03:10 Henry [Voix off]
    Cultivé en bio, séché à l’abri du soleil pour en conserver la précieuse composition chimique, le safran de Louise et Philippe, récemment analysé en laboratoire, est d’une qualité pouvant rivaliser avec les meilleurs safrans à l’international.
    Mais loin d’en faire un produit inaccessible, réservé à une élite, Louise et Philippe ont à cœur de démocratiser le safran.

    00:03:29 Philippe
    Ben celui qui a même pas un budget quoi il fait, allez, il va faire, à l’époque de la Saint-Jacques, Il va se faire 4 Saint-Jacques au safran, pour même pas le prix d’un McDo quoi. Voilà, c’est quelque part voilà. Et puis il va toucher quelque chose… Le Graal. C’est comme la truffe, la truffe, on dit bah c’est super cher, mais la truffe ça se râpe, c’est délicat, c’est voilà. Le safran, faut pas en mettre beaucoup autrement, ça tue tout ça, c’est puissant, voilà.
    Et puis, quelque part, on se fait du bien en même temps parce que justement, on amène justement les petites notes qu’il faut du coup, avec très peu, on fait quelque chose de très bon. Ça va en même temps dans l’autre sens parce que un safran non-utilisé, Il faut beaucoup de temps pour utiliser le stock qu’ils vont acheter, ça va pas dans notre sens, mais on… c’est pas notre préoccupation, notre préoccupation, c’est faire du bien, du plaisir, quoi, plaisir et puis faire quelque chose de vrai.

    00:04:24 Philippe
    Le safran déjà l’origine, c’est le bulbe. Si elle est originaire de France, déjà, on a plus de chance qu’il s’adapte à un territoire français. Déjà, prendre un bulbe de qualité et qui se reproduit très bien. Donc après, c’est la façon de cultiver. On cultive sur une légère butte pour, sur un terrain, drainé, en pente parce que…

    00:04:44 Henry
    Alors, pourquoi ? Pourquoi en pente ?

    00:04:45 Philippe
    Pente parce que c’est l’eau stagnante qui est l’ennemi numéro un. Il y aurait trop d’eau et ça, le bulbe aimerait pas. La fleur pousse en premier et les feuilles après.

    00:04:55 Louise
    Vous sentiriez l’odeur de cette fleur, mais c’est pfff… ça vous remplit. Ah ouais, c’est une puissance incroyable et c’est pas le safran que vous sentez. C’est vraiment la fleur qui dégage une odeur, mais pfff c’est magique.
    Donc là on va pas vous montrer les fleurs mais on va vous montrer les pousses.

    00:05:15 Henry
    Voilà, j’ai peur de l’endroit où je marche du coup.

    00:05:16 Louise
    Non là non, là non.

    00:05:18 Henry
    Ah ok. Ah oui, je vois les petites pointes là.

    00:05:21 Louise
    Vous les avez là et en fait toute cette rangée-là, elles sortent bien, là, il y en a là, il y en a un peu plus haut, voilà, elles arrivent. Et tout ça, ça va donner des fleurs.

    00:05:32 Henry [Voix off]
    Au surnom l’or rouge, que l’on attribué généralement au safran, Louise et Philippe en préfère un autre, peut-être moins connu “l’épice de la joie”. Et lorsque l’on connaît le passé de Louise et Philippe qui ont consacré une grande partie de leur vie à l’action associative et humanitaire, on comprend mieux le rapport entre l’épice et leur personnalité. Ils partagent le safran comme l’on partage une bonne nouvelle. Ils peuvent passer des heures entières à vous accueillir et vous parler des vertus de l’épice, parfois même en oubliant de vous la vendre.

    00:06:04 Louise
    Mais les gens, ils aiment ça. Ils aiment quand on les prend pas pour simplement un porte-monnaie qui se déplace quoi. Ils aiment qu’on leur parle franchement, qu’on leur… ils aiment les gens authentiques et les gens vrais. Et ça on le retrouve dans, ouais, dans tous nos rapports avec les autres.
    Et ils nous disent, “franchement, vous faites passer votre passion et on vous écouterait des heures”. Et généralement, les gens viennent, même les restaurateurs, qui sont venus ici prendre du safran à la ferme, ils venaient, “Ah on a une demi-heure pas plus, hein !” Ils sont restés 3h. [rires] Voilà donc, vous savez, quand vous venez, vous savez pas quand vous partez ! Voilà, c’est un peu c’est, c’est comme ça. C’est pour ça que les gens nous disent, “mais vous donnez beaucoup de votre temps ?” Ben oui, mais on partage le temps, le temps en fait, y a un vieux proverbe africain qui dit, “vous vous avez les montres, nous on a le temps”. Et ben nous on, on prend cette philosophie là, vous vous avez les montres, nous on a le temps. Donc on le partage, voilà.

    00:07:02 Philippe
    Moi, je suis pas jaloux des gens qui sont biens mais au contraire je suis, je suis embêté des gens qui vont pas bien quoi. Donc à partir du moment donné qu’on peut améliorer, même si c’est qu’un quart d’heure, la vie de quelqu’un, ben voilà quoi c’est… c’est… c’est quelque chose que tout le monde devrait apprendre à faire quoi. Et ouais, l’épice, cette épice s’y prête bien parce que comme on disait, c’est l’épice de la joie. C’est vrai que nous on, on en consomme, on en consomme aussi régulièrement.

    00:07:26 Henry
    Vous avez… Je pense que vous avez plus de safran dans le sang que beaucoup d’autres personnes [rires]

    00:07:32 Louise
    Bah nous, on le teste on l’essaye, on le marie à plein de produits différents, on goûte, on fait goûter nos voisins pour avoir leur avis et on se régale quoi !

    00:07:42 Henry [Voix off]
    L’avenir de l’exploitation Lou Safran ne sera donc pas de doubler ou tripler sa production, mais plutôt d’améliorer constamment l’accueil et la pédagogie auprès du public. En projet : un laboratoire, une boutique pour mieux accueillir les visiteurs et pourquoi pas demain, développer l’hospitalité avec des tables d’hôtes.

    00:08:01 Philippe
    Nous on préfère passer plus de temps avec les gens qui nous achètent le safran, plus de partage, plus que de rentrer dans un système très très commerce, très libéral. Et puis pour dire Bah voilà, moi c’est notre vie nous plaît comme ça. Et puis, ouais l’humilité nous a toujours accompagné. Donc voilà, c’est l’humilité autour du safran. Ça peut paraître bizarre, mais ça peut, ça peut le faire aussi quoi, parce que les gens en ont besoin aussi qu’on leur explique un produit et de savoir comment on a envie de travailler différemment et puis on explique aussi la façon que l’on vit. Et puis ça interpelle, beaucoup de gens quoi aussi.

    00:08:36 Henry [Voix off]
    En 3 ans, les sudistes se sont parfaitement intégrés au tissu mayennais. Ils collaborent avec des producteurs, restaurateurs, apiculteurs, pour faire découvrir le safran. Aujourd’hui, leur terre est en Mayenne et leur cœur visiblement aussi.

    00:08:50 Philippe
    La Mayenne, c’est vraiment un département qui a toujours été là, l’office du tourisme, la Communauté de communes, que ce soit n’importe qui, ils ont toujours été là pour nous, pour nous donner des bonnes adresses, pour nous mettre en avant, pour dire “il y a ça qui se passe, faut que vous soyez là”.

    00:09:04 Henry
    Justement, avec ce regard que vous avez, comment vous définiriez le caractère mayennais.

    00:09:09 Philippe
    Alors le caractère mayennais, c’est un caractère. Comment ? Rural. C’est comme dans d’autres régions, les régions viticoles, des régions très rurales et tout ça. Au début, les gens se méfient, regardent, ils observent. Mais bon, ils voient des gens qui arrosent avec un arrosoir ou un tuyau d’eau, qui ont pas un tracteur qui ont un motoculteur qui sont à 4 pattes dans la safranière… Bon après ils disent “ben ces gens-là ils bah ils ont 60 balais”, enfin ils connaissent pas notre âge mais bon, “ils sont pas venus là pour nous en mettre plein la vue” quoi. Et puis bon, on est très respectueux, nous déjà par rapport à nos parcours. Et puis du coup ça se passe bien.
    Après la Mayenne, la valeur ajoutée de la Mayenne, c’est ses habitants mais aussi ceux qui viennent s’installer. Bon et ceux qui restent et ceux qui viennent avec des projets comme nous, il y en a plein qui s’installent en Mayenne, qui ont des parcours de vie fantastique, des gens qui sont vraiment, qui viennent de métiers de ouf, hein, on en a vu, ouais… Ils seraient restés dans leur profession, ça va. Ben ils préfèrent perdre en qualité financière et aller dans une qualité de vie. Alors ça, ça fait la richesse aussi de la Mayenne parce que c’est des gens qui ont des initiatives. C’est des gens qui ont des projets, c’est des gens qui sont respectueux.
    Et les touristes, qui sont en Mayenne, c’est un tourisme, pas de masse, c’est un tourisme de qualité qui recherche la tranquillité, la qualité de vie, qui recherche plein de choses. Alors il faut tout pour faire un monde, c’est sûr. Mais bon, c’est vrai que la Mayenne, ouais, est bien placée pour ça.
    Et puis ce territoire, moi, je trouve qu’il y a un peu de tout et il se prête à une qualité, à une qualité de vie quoi. À aussi bien en touriste qu’en vie de tous les jours quoi. Quelqu’un qui s’installe ici, c’est loin d’être bête, quoi.

    00:10:52 Louise
    On a, on a découvert les mayennais mais alors d’origine ou pas, mais en fait, les gens qui habitent en Mayenne… et nous, c’était que de l’amour.
    Notre première expérience avec la Mayenne, c’était bah sur Pré-en-Pail, on rentre à la cave, on se dit “tiens, il y a une cave, on va aller acheter une bouteille de vin, une bonne bouteille de vin”, on rentre et puis, c’était en janvier, je m’en rappellerai toujours, il y avait du gui qui était suspendu au-dessus de la porte, on a franchi la porte et la personne qui s’en occupe, Martine, qui est devenue une amie, elle dit “bougez pas, faut que je vienne vous embrasser…sous le gui”.
    Alors ça vous le trouvez pas ailleurs ! Ouais c’est magique, c’est des petites choses comme ça qui font que ben tous les jours ça vous fait grandir et ça vous, ça vous projette en avant.

    00:11:47 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, terre du milieu ou la joie peut se cultiver avec beaucoup d’attention. Cette joie peut se cueillir et comme pour le safran, une toute petite quantité suffit pour la partager.
    À bientôt pour de nouvelles immersions sonores de la destination Mayenne.

Episode #14

Immersion sonore

au club de ski nautique de Château-Gontier

Henry se rend sur les bords de la Mayenne, sur le bief de Mirwault à Château-Gontier-sur-Mayenne, à la rencontre de Marie-Noëlle Sourty, présidente du club de ski nautique. Elle partage son plaisir de glisser sur l’eau, sa satisfaction de voir les gens être « accrochés » par cette discipline qui lui tient tellement à cœur.
Elle nous expose également la particularité de l’eau de Château-Gontier

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au club de ski nautique de Château-Gontier

    00:00:01 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne le Podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance. L’éco responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    00:00:22 Moniteur [en fond]
    Dans l’eau, tu prends la barre avec tes mains et garde bien les bras tendus. Donc la position pour démarrer assis dans l’eau, c’est…

    00:00:27 Henry [Voix off]
    La Mayenne, terre du milieu ou au milieu, coule une rivière, la Mayenne. Ce n’est pas un haïku, c’est une réalité géographique qui structure le territoire depuis toujours, ici, sur les bords du bief de Mirwault, c’est une Mayenne de loisirs, une piste, un stade au club de ski nautique de Château-Gontier.

    00:00:50 Marie Noëlle
    Ici, vous avez devant vous des bouées, mais c’est pas mis n’importe comment puisque ça c’est un champ de slalom et donc nous on appelle ça un stade de slalom, c’est comme un stade de foot.

    00:01:04 Henry [Voix off]
    Cette voix, c’est celle de Marie-Noëlle Sourty, présidente du club, mais aussi de la Ligue de ski nautique et de wakeboard des pays de la Loire, mère heureuse de champion et peut-être grand-mère de futur champion.

    00:01:15 Marie-Noëlle
    Sinon ici, on est heu, pareil, on est mesuré à 5 cm près.

    00:01:20 Henry [Voix off]
    Marie-Noëlle a commencé le ski nautique à 9 ans et cela fait plus de 20 ans qu’elle préside le club et que la discipline est devenue son quotidien. Et si vous voulez voir le visage de Marie, Noëlle s’illumine, il suffit juste de lui demander quelle sensation ce sport peut procurer.

    00:01:36 Marie-Noëlle
    C’est grisant de de de glisser, c’est un plaisir, c’est grisant. Glisser sur l’eau quand vous démarrez la saison où vous faites votre première sortie d’eau alors que ça fait que 5 mois que vous n’en avez pas fait, mais, c’est un plaisir, c’est je sais pas comment, comment vous… C’est grandiose

    00:01:55 Henry
    Ouais ouais. Alors il y a d’autres pratiques que le slalom…

    00:01:57 Marie-Noëlle
    Oui, il y a les figures, et le saut.

    00:02:01 Henry
    D’accord. Et vous, vous intégrez aussi le wakeboard dans l’école ?

    00:02:03 Marie-Noëlle
    Et le wakeboard, excusez-moi.

    00:02:05 Henry
    Et vous, vous pratiquez le wakeboard aussi ?

    00:02:07 Marie-Noëlle
    Oh, c’est un plaisir, hein. C’est un amusement. Et il y a le wakeskate aussi. Alors notre moniteur David est très, très bon en wakeskate. Après on a une autre activité qui plaît énormément ici, c’est la bouée tractée. Et justement, par exemple, pour quelqu’un qui va hésiter à aller faire du ski nautique, on va lui faire faire de la bouée gentiment. Et puis il va dire “Ah, c’est trop bien, c’est vrai, j’aimerais bien essayer le ski”

    00:02:34 [bruits de fond]
    – Qui veut essayer ?
    – Moi, moi. En dernière, moi dernière !
    – C’est bien, il y a des volontaires
    – Moi en deuxième !

    00:02:45 Henry [Voix off]
    Aujourd’hui, le club de Château-Gontier est le seul club du département possédant son bateau et un moniteur diplômé. Centre de formation, de l’initiation à la compétition, il porte en lui une mission qui anime Marie-Noëlle au quotidien : faire découvrir la glisse en Mayenne à tous les publics.

    00:03:00 Marie-Noëlle
    On a de la chance sur le club de Château-Gontier, c’est qu’on a quand même beaucoup de jeunes qu’on fait venir, qu’on démarre en ski parce qu’on fait beaucoup de stages pour les jeunes à partir de juin. On fait des groupes de de 8 et comme ça entre eux, il y a aussi une grande stimulation et ça, moi, je tiens énormément à tous mes stages de jeunes, Il y en a même qui s’inscrivent, ils savent pas skier et puis à la fin ben “Ah c’est trop bien” et en fait ça y est, on les a accrochés et ils viennent.

    00:03:33 Henry
    D’accord, et même je crois que même que d’un point de vue scolaire donc il y a une intégration du club dans les cours d’EPS ?

    00:03:40 Marie-Noëlle
    C’est dans les cours de PS, mais c’est un dispositif “découvrir le sport » de l’école. Enfin du collège, donc on accueille le mardi après-midi et le jeudi après-midi des sixièmes et des cinquièmes d’un collège de Château-Gontier.

    00:03:57 Henry
    Qui là aussi n’ont, pour la plupart, jamais touché au sky nautique quoi.

    00:03:59 Marie-Noëlle
    Ah, tout à fait tout à fait. Faire découvrir cette discipline qui est accessible à tous et qui crée un plaisir… de de de de glisser sur l’eau qui est, qui est pas mesurable, c’est…

    00:04:16 Henry
    Donc c’est, de l’anticipation, de les voir prendre ce plaisir en fait ?

    00:04:18 Marie-Noëlle
    Oui, voilà et tout le monde, tout le monde ressort. C’est rare que, c’est très rare… on a toujours l’exception, mais très rare de voir des gens qui ressortent de l’eau, qui disent “Oh, moi, j’aime pas ça !” non.

    00:04:33 Henry
    Ils ont toujours le sourire aux lèvres…

    00:04:35 Marie-Noëlle
    Faut vraiment essayer. Dès qu’il y a des jeunes en fait c’est vraiment très bien et c’est encore mieux aussi quand on voit toute la famille venir et aussi partager ce moment, c’est à dire les parents, les enfants, ça c’est, c’est un moment super pour tout le monde. [Bruit de bateau qui passe et des remous dans l’eau]

    00:05:10 Marie-Noëlle
    Ici, c’est, c’est magique parce ce qu’on n’est pas, on n’est pas uniquement sur 600 M, on est sur 1 km 8, donc là…

    00:05:18 Henry
    On croise parfois les oiseaux ou…?

    00:05:22 Marie-Noëlle
    Alors, ils n’ont absolument pas peur de nous, beaucoup de hérons, beaucoup de mouettes. On a des castors. Et ils sont sur notre zone, hein, ils ont pas peur du bateau hein. On en a 2 ou 3 là qui font leurs petites niches là. On les voit bien quand ils ont grignoté l’arbre, donc on les repère bien. Et puis je crois qu’il y a beaucoup de poissons ici. Les pêcheurs aiment bien venir sur notre zone.

    00:05:55 Marie-Noëlle
    Le Mayennais est… est discret, assez humble et pour autant il est très riche à l’intérieur. Et quand il faut développer quelque chose, il va, il va être à fond pour développer quelque chose. Discret dans son développement alors que le mayennais fait de très belles choses, hein.

    00:06:20 Henry [Voix off]
    Le Mayennais est discret, à tel point que vous ignorez peut-être que le club de Château-Gontier voit éclore régulièrement des championnes et champions de niveau international. Parmi eux, les enfants de Marie-Noëlle. Ne cherchez pas les raisons de ce succès du côté de la génétique, notre passionnée a une autre théorie, sur l’eau de la Mayenne, beaucoup plus poétique.

    00:06:44 Marie-Noëlle
    Ma fille est 7 fois championne d’Europe. Et une fois elle a fait les championnats du monde, alors ça c’était une belle expérience, et elle les a faits avec son frère en Chine. Ils ont rapporté la 3e place, ça, c’était en équipe, mais c’était beau de le faire avec son frère quand même, un championnat du monde, surtout en Chine. Et puis autrement, mon fils lui, alors, il a fait 6 championnats du monde et à chaque fois sur le podium, 2e ou 3e place, mais là il vient de remporter la première place en slalom.

    00:07:21 Henry
    Vous êtes maman d’un champion du monde alors ? De slalom, c’est incroyable !
    Alors pourquoi, pourquoi ils sont meilleurs que les autres ? C’est d’avoir fréquenté le club ?

    00:07:31 Marie-Noëlle
    Alors, on dit toujours qu’il faut venir skier à Château-Gontier [rires] Parce que l’eau est assez particulière, et quand on se bat pour skier à Château-Gontier, pour avoir les bouées comme on dit, quand…en fait… c’est vrai qu’on passe partout après mais bon, ça c’est…

    00:07:47 Henry [la coupe]
    D’accord, vous pensez qu’elle a une résistance, une densité quelque chose comme ça ?

    00:07:52 Marie-Noëlle
    J’en suis presque… Enfin, je peux pas le prouver, mais c’est… C’est une belle eau, c’est une eau parce que toutes les eaux sont différentes et glissent différemment. Ici, on est sur une eau où il va falloir vraiment tirer jusqu’à la bouée, disons qu’on peut décomposer notre mouvement. Que y a d’autres eaux où on n’a pas le temps de décomposer notre mouvement, ça va, ça glisse tellement vite. Les eaux sont toutes différentes et même il y a des différences entre s’il fait chaud, s’il fait froid.

    00:08:25 Henry
    D’après ce que vous dites, il y a une technicité qui est développée différemment de par la nature peut-être enfin, c’est votre ressenti ?

    00:08:31 Marie-Noëlle
    Peut-être, c’est mon ressenti. C’est vrai qu’il y a pas mal de skieurs qui sortent de Château-Gontier et qui ont des podiums hein. Oui, pas mal.

    00:08:41 Henry
    Alors après, il y a peut-être la méthode d’apprentissage aussi.

    00:08:44 Marie-Noëlle
    Je ne sais pas. Je ne sais pas

    00:08:46 Henry
    Vous êtes modeste ou..?

    00:08:47 Marie-Noëlle
    Je suis très modeste [rires]

    00:08:51 Henry [Voix Off]
    C’est peut-être cela aussi la Mayenne, une rivière pleine de vie dans son eau ou en surface, suscitant la passion, le partage et une pincée de modestie. A bientôt pour une nouvelle immersion sonore de la destination Mayenne.

Episode #13

Immersion sonore

à La Maison d'Hercule

Après « Un Américain à Paris » découvrez « Un Américain à Mayenne ».
Henry part à la rencontre de Robert Trickey, maître tapissier et décorateur californien ayant changé de vie pour s’installer à Mayenne.
Il vous accueille dans ses chambres d’hôtes à la Maison d’Hercule, une « Vieille dame du 19ème siècle » qu’il a « remaquillée » selon ses inspirations…
Robert fait également l’éloge de la Mayenne, de sa douceur de vivre, de sa riche vie culturelle et de la gentillesse de ses habitants.

Ecoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à la Maison d'Hercule

    00:00:00 Henry [Voix off]
    Immersion sonore de la destination Mayenne le Podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco-responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.
    La Mayenne, terre du milieu ou la surprise peut apparaître derrière une porte dans une rue discrète de la ville de Mayenne.

    00:00:30 Henry
    Bonjour, Robert.

    00:00:30 Robert
    Bonjour Henry, ça va ?

    00:00:32 Henry
    Wow ! Wow, c’est le mot que vous entendez le plus souvent ?

    00:00:36 Robert
    Oui, tout à fait, tout à fait, tout le monde est ébloui, vraiment quand ils rentrent, c’est pas le genre de maison qu’on trouve normalement.

    00:00:48 Henry [Voix off]
    Une entrée cochère somptueuse aux arches soutenues de chaque côté par des cariatides en Pierre taillée évoquant les 4 saisons. Nous sommes à la maison d’Hercule, maison d’hôtes tenue par Robert Trickey, maître tapissier et décorateur Californien venu changer de vie en Mayenne, à Mayenne.

    00:01:05 Robert
    C’est une grande et belle demeure, une vieille dame du 19e siècle. Et puis ben, maison bourgeoise très très symétrique, maison de maître, presque. On l’appelle un hôtel particulier parce que c’était construit pour une famille.
    Oui, tout le monde le dit surtout par le style, c’est un peu hors du temps, parce que moi j’ai voulu un style très fantastique, très à l’ancienne, à l’ancienne, un peu comme un rêve quoi. Et surtout, c’est très traditionnel pour moi. J’ai… C’était toujours mon fantasme. Peut-être, c’est le fait que je suis Américain, et qu’on adore les choses anciennes.

    00:01:48 Henry
    Et cette grande dame ? Vous l’avez habillée des pieds à la tête ?

    00:01:51 Robert
    Oui, oui, un peu, je l’ai fait oui. Je l’ai remaquillé un peu, hein ?

    00:01:56 Henry
    Alors, est-ce que vous pouvez nous faire une petite visite guidée de ce très bel endroit ?

    00:01:57 Robert
    Oui, bien sûr, bien sûr.
    Voilà les. Il y a 2 salons, 2 salons, le grand salon et le petit salon.
    Je les ai… Tous, j’ai tout repeint, j’ai ajouté ces miroirs. Là, c’est les lustres, j’ai fait la dorure sur le plafond et j’avais une affaire de tapisserie aux États-Unis et puis donc j’ai actuellement, j’ai apporté presque tout le mobilier ici des États-Unis et au fur et à mesure, je fais la tapisserie ici. Fait sur mesures pour la maison.

    00:02:29 Henry
    Ah… Vous avez ramené un style français des États-Unis ?

    00:02:31 Robert
    Oui, c’est ça exactement. C’est bizarre, j’ai acheté les meubles français aux États-Unis.

    00:02:36 Henry [Voix off]
    Un séjour en chambre d’hôte à la maison d’Hercule c’est un voyage garanti dans le temps ou chaque pièce témoigne des nombreux styles qui animent l’univers esthétique de Robert, une richesse et une variété assez stupéfiante lorsque l’on visite les pièces sans que l’on ne détecte une seule fois la moindre faute de goût ou de surdosage.

    00:02:54 Henry
    Ce qui est très beau, c’est… J’ai du mal à déterminer le style finalement de chaque pièce. Effectivement, il y a, c’est un melting-pot de de rocaille…

    00:03:04 Robert [Le coupe]
    C’est ça, c’est, c’est… Il y a des des saveurs, des petites idées des styles. Par exemple, le grand salon, c’est un peu plus XVIIIème le, le petit salon c’est un peu plus XVIIème. Là, cette cuisine, je l’ai toute refaite. On voit tous ces meubles, Henri II, style Henri II, qu’on peut trouver n’importe où pour un tout petit prix, parce que tout le monde ne veut pas de ces meubles qui sont sombres et grands comme ça, maintenant… Mais c’était parfait pour cette maison. J’ai voulu une, une… Faire une cuisine plutôt style… Style renaissance, style Château, donc j’ai… J’ai chiné partout en France pour ces grands meubles. Toujours sur Leboncoin et j’en ai acheté pas mal et puis je les ai coupés, découpés, réimaginés.. Tout ça pour les meubles de cuisine.

    00:04:01 Henry
    Vous avez apporté en France un fantasme de la France ? C’est génial !

    00:04:03 Robert
    Oui, c’est ça, c’est ça. C’est un peu ça, c’est… C’est vraiment un peu ça. C’est une idée, peut-être. J’espère que ce n’est pas pastiche. Je pense que c’est une… C’est ma vision de, de… D’une vie, une vie de dont on… Un peu de de quelque chose de, comme je dis de fantasque, un peu de fantaisie. Parce que je pense qu’on a besoin de fantaisie, on a besoin de… De plonger dans un monde qui est… Qui n’est pas le nôtre. J’ai toujours rêvé. Tu sais, vraiment mon rêve, ce serait de donner mon temps, d’être bénévole au Louvre ou à Versailles et travailler dans la tapisserie ou le mobilier national. Ça, c’est mon rêve. Si jamais j’avais assez de temps, et j’étais près de Paris où Versailles. Je serais allé voir si, au cas où, je peux travailler là, dans les ateliers, parce que j’adore le métier, c’est, c’est tout un art. Et, ça va disparaître. Mais vous les Français vraiment, vous gardez les compétences, vous gardez les métiers très bien, avec le meilleur ouvrier de France, tout ça. C’est vraiment quelque chose que vous avez, les anciens métiers. Je le sens bien que vous allez garder ces anciennes compétences qui sont en train de disparaître.
    Voilà le 2e salon, c’est en particulier, c’est très très beau.

    00:05:25 Henry [Voix off]
    La carrière de Robert Trickey aux États-Unis, décorateur pour propriétaires californiens fortunés dans les années 90-2000, puis la création d’une villa contemporaine à Hawaii pourrait faire l’objet d’un roman ou d’une série télévisée. Pour sa présence en France l’histoire est plus simple, mais non moins belle. C’est une triple histoire d’amour pour un lieu, un département et un pays. Mais commençons par la fin.

    00:05:50 Henry
    Au moment où vous visitez la maison pour la première fois, vous étiez en recherche ?

    00:05:53 Robert
    Oui, oui.

    00:05:54 Henry
    Vous étiez en recherche de quoi exactement ?

    00:05:59 Robert
    Eh bien je recherche une maison comme celle-ci, en fait. J’ai cherché pendant un an et demi. Dans tout l’ouest de la France, d’ici à Mayenne, jusqu’à Bordeaux. Presque parce que j’ai voulu une maison toujours très symétrique, une maison de maître. C’est le genre de maison de maître, petit château, très symétrique, très formel. Mais toujours, il y avait quelque chose qui ne collait pas. Il y avait souvent… Avec cette espèce de maisons, elles sont sur les grands axes et ça, c’est devenu, que des camions qui passent et c’est très bruyant. Donc en fin de compte, même si j’aimais la maison, c’était pas l’emplacement que j’aimais. Mais si j’ai trouvé celle-ci et ça cochait toutes les cases. Et puis c’était parfait.

    00:06:44 Henry
    Et vous connaissiez la Mayenne avant de venir la visiter ?

    00:06:45 Robert
    Un tout petit peu parce que pendant les voyages avant je suis resté à Mayenne pour visiter une autre maison et donc.. Mais pas plus que ça et je ne connaissais personne, sur Mayenne. C’était, c’était vraiment… J’ai sauté parce que là, je savais que je connaissais personne, mais je me suis dit une petite maison en ville. J’étais célibataire. Je me suis dit, bon, ce sera bien, je vais me faire des amis, je vais avoir en plus que… C’est mieux qu’être planqué dans un château.

    00:07:16 Henry
    Et est-ce que la ville et la région a contribué à ce coup de foudre alors ?

    00:07:20 Robert
    Ah oui, parce que j’adore ! Les gens sont très sympas par ici, ils sont fiables, ils sont simples, ils sont souriants. Bien sûr, ils sont un peu réservés au commencement, mais après ça ils sont gentils comme tout. Et aussi la région. J’aime beaucoup le bocage, les collines, tous les champs, tous les petits villages, les maisons en pierres, c’est un… Il y a un charme ici.
    On est… on est près de beaucoup de choses, on est près du Mont Saint Michel, les châteaux, la mer, Le Mans.. Paris n’est pas très loin par le TGV donc c’est vraiment bien.

    00:07:58 Henry
    Et quand vous êtes arrivé, on a vu arriver l’Américain à Mayenne ?

    00:08:00 Robert
    Ouais, c’est ça, c’est ça. Parce que là, il n’y a pas beaucoup d’américains, presque pas du tout. Et il y a des anglais mais pas des américains. Donc je suis là. Le fou américain qui a acheté la grande maison.

    00:08:12 Henry [Voix off]
    Et ce que notre hôte américain préfère de la Mayenne, c’est ce rapport au temps et à la douceur de vivre, échappant toujours au surrégime tout en proposant une vie culturelle dynamique présente.

    00:08:24 Robert
    On a beaucoup de petites choses, on a la qualité de vie. Enfin, on fait la Vélo Francette, on fait le Halage, Il y a beaucoup de choses ici. Les plaisirs calmes, les plaisirs plutôt quotidiens, les choses qui sont, qui sont plus dans le slow, le, le « Slow Living ». Je pense que c’est pour la Mayenne, ça, c’est le challenge de communiquer toute la beauté et toute la… toute la douceur de vie qui est ici. Je me sens bien ici, comme je vous ai dit, et c’est bizarre à dire, mais c’est en sécurité, parce qu’ici, c’est très… c’est calme, je trouve les gens très, très sympathiques, ce n’est pas comme des villes, des grandes villes où on on se sent pas très très bien, on se méfie des choses et c’est comme ça donc. Et aussi bien sûr il y a des… Ce sont les gens, ce sont les petits. Parce que là on a cette, cette vie qui est, qui est pleine de rassemblements, des petits apéros. Tout le monde s’invite aux apéros, dîners. On dîne ensemble. On a une vie très riche aussi culturellement, je suis étonné. Combien de pièces, de pièces de théâtre, de concerts ? Tout ça, c’est très intéressant parce que vraiment les Mayennais, et je pense que ce sont les Français en général, ils valorisent la culture, l’art, la musique, tout ça. C’est toujours quelque chose qui est célébré, qui est vraiment là dans la vie. Et Mayenne, pour une petite ville, ça m’étonne. Combien de concerts, combien de de spectacles, de choses qui sont qui sont ici ?

    00:10:06 Henry [Voix off]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, une terre d’accueil pour tous ceux qui, en y projetant leur lieu de vie idéal, parviennent à le créer de toutes pièces et en faire une réalité du territoire, ?
    À bientôt pour des nouvelles immersions sonores de la destination Mayenne.

    00:10:28 Henry
    Qu’est-ce qui, dans cette maison garderait, aurait finalement un caractère américain ?

    00:10:36 Robert
    Aaaaaah. Ah ! Bah le frigo ! [rires] J’ai un grand frigo américain et j’ai un ami qui est cuisiniste et il est rentré, il a dit : « Ah j’adore, j’adore ta petite cuisine. Par contre je déteste, ces grands frigos américains. » [rires]

Episode #12

Immersion sonore

à La Gasselinais

Depuis 1989 Catherine et Florent Gendron font vivre la ferme de La Gasselinais.
A la fois exploitation agricole, ferme pédagogique et chambres d’hôtes, la Gasselinais est un « lieu pluriel » où toutes ces activités résonnent en harmonie au cœur de la campagne mayennaise.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à La Gasselinais

    00:00:00 HENRY [VOIX OFF]
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le Podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour point commun, l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.

    Nous sommes à Ernée, sur les terres de la Gasselinais, exploitation agricole et pédagogique qui produit en bio du jus de pomme, du lait de foin, prend en charge sa transformation en fromage par le biais d’une coopérative et propose également des chambres d’hôtes.

    La Gasselinais, c’est tout cela en même temps, toutes ces activités résonnent ensemble en harmonie, elles se complètent, se nourrissent et reposent sur le seul travail d’un couple : Catherine et Florent Gendron.

    00:00:52 HENRY [VOIX OFF]
    Nous traversons un petit vallon pour rejoindre le verger où Florent et Catherine animent un atelier pédagogique autour de la pomme pour des classes de tout petits, des CP.

    00:01:06 HENRY
    Bonjour. C ‘est bien, voilà, j’arrive en pleine situation.

    00:01:08 FLORENT
    Ah bah là, oui, oui, ça y est, c’est démarré.
    Alors l’idée, c’est qu’ils ramassent un peu tout comme pomme et puis après on va les ramener à la ferme et puis après on va les presser et puis ils vont boire le jus de pomme. Mais ils ont demandé aussi à visiter tous les animaux de la ferme parce que c’est vrai que c’est dur de venir dans une ferme puis de ne pas aller voir le cochon, l’âne, le poney, les lapins et tout.

    FLORENT A UN ENFANT
    C’est bien. Allez vas-y si tu veux en ramasser d’autres.

    00:01:33 UN ENFANT
    Je les mets là-dedans aussi ?

    00:01:34 FLORENT
    Ouais, tu peux les mettre là-dedans, voilà. Allez ben vas-y, vas ramasser d’autres si tu veux. Tu veux donner ? Est-ce que tu veux en ramasser d’autres ? Sinon, on peut laisser ton petit saut dans le caisson du tracteur.

    00:01:41 UN ENFANT
    Ouais

    00:01:42 HENRY
    Ils se régalent les petits là, c’est un paradis.

    00:01:43 FLORENT
    Bah ouais, ouais ouais. Ben, si tu veux, c’est vrai que c’est important nous, ce qu’on aperçoit, ça fait quand même maintenant plus de 25 ans qu’on fait ça quoi. Si tu veux aujourd’hui y a une déconnexion totale de la nature et s’ils peuvent encore se reconnecter c’est primordial quoi.

    00:01:58 FLORENT A UN ENFANT :
    Alors, celle-là, on ne va peut-être pas la garder tu vois parce qu’elle est un peu abîmée et puis un peu pourrie, donc on va la donner. On la donnera, c’est peut-être les moutons qui la mangeront. D’accord ?

    00:02:08 HENRY [VOIX OFF]
    Le tracteur rentre le premier du verger avec les pommes et à notre petite procession joyeuse de rejoindre la ferme où va se poursuivre l’atelier découverte.
    Le chemin traverse toute l’exploitation familiale que Catherine et Florent ont repris il y a un peu plus de 30 ans.

    00:02:25 FLORENT
    En 89 quand on s’est installé si tu veux, on a, on a osé mettre un projet d’accueil à la ferme dans le projet d’installation.

    00:02:31 HENRY
    Vous aviez cette volonté de partager dès le début, en fait.

    00:02:33 FLORENT
    Ah, dès le début. Oui.

    00:02:35 HENRY
    C’est marrant ça.

    00:02:36 FLORENT
    Ben oui, parce qu’on aimait trop le contact. C’était ça quoi. On s’est dit revenir à la ferme, que faire de la production agricole ? Non. Moi je serais pas revenu quoi. Mais en même temps, faire que de l’enseignement comme j’avais, comme on a fait tous les 2 quoi, il manquait quelque chose quoi. Il manquait cet ancrage à la terre.

    00:02:51 HENRY
    Un engagement physique aussi ?

    00:02:52 FLORENT
    Ah oui c’est ça. Puis cet ancrage à la terre, sentir la terre sentir [inspire profondément] Tu vois ce, cet environnement.

    00:02:56 HENRY
    Vous étiez déjà familier avec le milieu agricole ?

    00:02:58 FLORENT
    Ah Ben, pareil, fils d’agriculteurs. Enfin plutôt du côté de Laval, Bonchamp-lès-Laval quoi. Mais je sais pas…

    00:03:04 HENRY
    Mayennais pur jus quand même…

    00:03:06 FLORENT
    Ah oui, Mayennais pur jus [rires] c’est sûr. Non, et puis tu vois, c’est vrai que tu reprends une exploitation, y avait que 18 hectares quand on a démarré, c’était vraiment tout petit. Les gens ils disaient : “des enseignants qui viennent s’installer sur une petite ferme, ils sont fous !” quoi. En bio de surcroît

    00:03:19 HENRY
    Ah, dès le début ?

    00:03:20 FLORENT
    Heu non, on s’est installés en bio en 98. Mais dès le début pratiquement on a arrêté le maïs. On s’est dit le maïs c’est pas pour nous. Puis après petit à petit, ben si tu veux, on s’est dit : “si on fait pâturer, il nous faut des haies”, donc on a replanté des haies, on a refait, on a replanté 4 km de haies. Nos systèmes actuels, là ils sont vraiment autonomes et économes, les vaches elles font le boulot. Elles ramassent l’herbe dans le champ, elles laissent leurs bouses. Là, nous, pratiquement tout le temps, elles sont dehors, même l’hiver, on n’a pas des hivers très rudes et tout et c’est là qu’elles sont le mieux, quoi, c’est là qu’elles sont dans l’environnement. Alors évidemment faut des haies, faut replanter ou faut avoir un bocage, un beau bocage quoi. Mais, vraiment là, c’étaient nos convictions. Franchement [rires].
    Y a 20 ans, je pense que si tu veux, y’avait encore beaucoup de familles qui avaient un lien à la terre avec peut-être des grands-parents ou un oncle, une tante, et puis on pouvait encore aller dans les fermes. Aujourd’hui c’est difficile, les fermes sont tellement robotisées. C’est des élevages quand même assez gros. Tu rentres pas comme ça dans un bâtiment de cochons, tu ne rentres même pas d’ailleurs. C’est tenue sanitaire et tout et tout. Que nous, ben si tu veux, quand les enfants, tu vois, ils viennent là, c’est presque leur ferme. Ils s’approprient l’endroit et nous, on est trop contents, c’est pas. C’est un lieu de vie, un peu pour plein de gens quoi.

    00:04:26 CATHERINE AUX ENFANTS
    On est arrivé à la ferme. Alors on ne met pas la main aux cochons, elle s’appelle Truffette. On va aller lui donner sa bouillie.

    00:04:38 ENFANT
    C’est quoi une bouillie ?

    00:04:40 FLORENT AUX ENFANTS
    Qu’est-ce qu’on a mis dans sa Bouillie ? Des pommes, des céréales, du lait, des épluchures, il adore ! Allez.

    00:04:48 [FLORENT VERSE LA BOUILLIE AUX COCHONS]

    00:04:52 [BRUITS D’ENFANTS]
    Ahh, beurk !!! [rires]

    00:04:58 FLORENT AUX ENFANTS
    Et est-ce qu’elle grogne encore ?

    00:05:01 ENFANTS TOUS ENSEMBLE
    Non !

    00:05:02 FLORENT AUX ENFANTS
    C’est comme ça que vous faites, vous ? Quand vous donne à manger, vous grognez plus ? Oh mais qu’est-ce qu’elle fait ? Elle met les pâtes dans son assiette ? Mais elle mange comme un cochon ! C’est normal, c’est un cochon !

    00:05:15 HENRY
    Qu’est-ce que vous êtes à l’aise, avec les gamins, c’est…

    00:05:18 FLORENT
    Ah Ben oui, oui, tu sais on le fait depuis un certain temps aussi, c’est ça.

    00:05:20 HENRY
    Mais je crois qu’avant vous, vous avez…

    00:05:21 FLORENT
    [Le coupe] Ah Ben on était enseignants. Enfin, si tu veux, Catherine était éducatrice de jeunes enfants, elle a été instit, moi j’étais prof puis animateur, tu vois c’est un peu pour ça aussi.

    00:05:28 HENRY
    Ah ben ça se sent, hein ?

    00:05:30 FLORENT
    Ah ben oui, oui, c’est ça. Faut quand même un peu avoir une fibre avec les enfants.

    00:05:34 HENRY [VOIX OFF]
    La Gasselinais est progressivement devenue une étape scolaire très appréciée dans le département, ce qui a parfois permis des retrouvailles étonnantes.

    00:05:41 FLORENT
    T’as un instit qui est venu, je sais plus quand, Y a 3, 4 ans peut être et il arrive là, ils dit “vous savez les enfants, et ben moi aussi je suis venu à la ferme pédagogique en tant qu’enfant et vous voyez la haie tout le long de la route, et ben j’ai aidé à la planter parce que c’est le thème de l’arbre.”

    C’est fort hein ?

    00:05:56 HENRY
    C’est-à-dire qu’il n’y a pas un enfant du coin qui ne connaît pas ?

    00:05:58 FLORENT
    Ah, presque, ah c’est fou ! T’en as beaucoup hein. Tu vois t’as des inséminateurs : “ben c’est la première fois que tu viens là ?” il me dit : “Ah non, non, non.” Je dis : “pourtant, je t’ai jamais vu ?” Ah oui, mais quand j’étais petit oui. [rires]

    00:06:10 FLORENT AUX ENFANTS
    Le moment est venu… De goûter aux pommes.

    00:06:12 LES ENFANTS TOUS ENSEMBLE
    Ouais !!!

    00:06:16 HENRY [VOIX OFF]
    Dans une classe d’école buissonnière à ciel ouvert faite de cagettes et de bottes de foin, Florent et Catherine vont poursuivre cet atelier sur la pomme.
    Mais ici, on ne produit pas que de la pomme, il y a aussi le lait de foin bio pour lequel les Gendron se sont approprié leurs propres moyens de transformation avec la création d’une coopérative, lait bio du Maine.

    00:06:37 FLORENT
    Alors donc nous notre choix a été à un moment donné par rapport au lait biologique de se dire on veut savoir où va notre lait, comment il va être vendu, comment il va être transformé et donc la meilleure façon de le savoir, c’était de créer un outil de transformation. Et donc ça fait 10 ans qu’on a créé un, on n’était peut-être au début une vingtaine de producteurs dans la Mayenne parce que l’objectif, c’était de rester très local. Donc, la fromagerie à Entrammes près de l’abbaye des moines d’Entrammes, qui fabriquaient autrefois le Port-Salut quoi.
    Et donc on s’est dit bah on prendra peut-être de leur expérience au moins et donc petit à petit on a créé une recette et mais il faut être, faut y aller hein, faut, faut se vendre, faut présenter nos produits. On a fait des animations dans les magasins et tout, expliqué pourquoi c’est du lait de foin… Bah toi Catherine qui fait tes yaourts pour le petit déjeuner, les gens disent “Oh, mais qu’est-ce qu’Ils sont doux vos yaourts !” mais parce qu’on on met pas d’ensillage.

    00:07:29 FLORENT AUX ENFANTS
    On croque et on peut amener les petits bouts de pomme au bout de notre langue. Parce que, au bout de notre langue, on a des petites papilles gustatives qui vont nous dire…

    00:07:38 HENRY [VOIX OFF]
    Les enfants vont déguster chaque variété de pommes, assister au broyage des fruits et auront même le privilège d’actionner tour à tour le pressoir pour en voir sortir le précieux jus. Une immersion participative, un point très important pour Florent et Catherine.

    00:07:52 CATHERINE
    L’idée, c’est à chaque fois que les enfants soient le plus possible actifs, acteurs, et que ce soit ludique. Parce qu’on apprend beaucoup plus quand on s’amuse et qu’on prend du plaisir. C’est magique dans le sens aussi où les enfants ont une responsabilité et ils font, il y a le faire aussi.

    00:08:14 VISITEURS
    “Au revoir et merci.”

    00:08:18 FLORENT AUX ENFANTS
    Au revoir, au revoir les enfants ! Voilà, bonne compote, ouais.

    00:08:23 HENRY [VOIX OFF]
    Le groupe repart mais la journée est loin d’être finie pour Florent et Catherine. Car au-delà de l’exploitation, les chambres d’hôtes tiennent une place particulière dans leur activité.

    00:08:32 CATHERINE
    On a 3 chambres d’hôtes là et oui donc c’est l’accueil à la nuit ou plusieurs nuits, petit-déjeuner compris. Donc petit déjeuner avec les produits de la ferme. Quelquefois c’est, pour, ben, soit se ressourcer, vivre des moments ici, partager les activités de la ferme, encore plus quand il y a des enfants, parfois aussi avec les grands-parents, c’est parfois juste l’hébergement. Tout le monde ne visite pas la ferme non plus, hein.

    00:08:59 FLORENT
    Ouais c’est ça, mais quand même une bonne partie. C’est quand même la demande.

    00:09:02 CATHERINE
    Mais même s’il y a pas la visite de la ferme, il y a le fait de dormir au cœur de la ferme parce que c’est, c’est le bruit des animaux, du coq le matin.

    00:09:13 FLORENT
    Le fermier qui appelle ses vaches. [Rires] [imite le fermier à ses vaches] “Allez, allez !”

    00:09:16 CATHERINE
    Et puis c’est vivant ici en fait, il y a toujours quelque chose qui se passe parce que ben évidemment, avec les animaux, c’est vivant aussi puis y a du monde qui passe donc le fait d’être là…
    Comme disait une cliente, là, une Catherine, elle disait, c’est un lieu pluriel en fait. C’est vrai que, bon, y a beaucoup de gens qui passent. Qui passent et qui, qui profitent. Et puis qui mettent la main à la pâte aussi, hein.

    00:09:43 HENRY [VOIX OFF]
    La Gasselinais est une véritable petite carte postale de la Mayenne. Et justement, comment Catherine et Florent définiraient il l’esprit mayennais ?

    00:09:51 FLORENT
    Pour moi, l’esprit mayennais, c’est les gens qui sont quand même entrés dans, euh…, un peu dans dans la terre quand même, c’est quand même un pays, un département rural quoi. Et quand tu discutes t’as les gens “Ah Ben oui, moi j’ai un oncle qui voilà, qui a une ferme…” Y a quand même toujours des origines qui reviennent un peu à la terre quoi.

    00:10:03 CATHERINE
    Oui, mais je pense qu’il y a la convivialité aussi hein ? Ça, ça se ressent beaucoup parce que c’est le… Tu parlais de ruralité, et je pense que y a cette notion de partage et puis de convivialité. C’est vrai, quand on accueille c’est, “tu veux, tu veux boire un”, bah nous c’est un verre de jus de pomme mais ça peut être “tu veux un café” quoi, en fait, y a toujours, on entre dans la maison et on partage quelque chose, ça c’est quand même assez présent. Enfin moi j’ai toujours connu ça, je sais pas si c’est mayennais mais j’ai toujours connu ça.

    00:10:38 FLORENT
    Ouais c’est vrai…

    00:10:39 HENRY
    Et pourquoi, pourquoi vous êtes aussi sympa ?

    00:10:41 CATHERINE
    [Rires] Ah je sais pas moi, c’est parce qu’on est bien dans notre peau peut-être, et on est bien sur notre territoire.

    00:10:46 HENRY
    Et puis une certaine autonomie de territoire je trouve.

    00:10:50 FLORENT
    Ah oui, ça, oui, oui, oui. On se sent bien, tu vois, on a 2 hectares de bois, une rivière, on a créé un bocage avec des haies et tout, et puis bah le fait de faire de l’herbe et puis c’est, c’est vert tout le temps et la verdure, pour moi, le vert c’est quelque chose de très reposant d’apaisant quoi hein…

    00:11:07 CATHERINE
    Et puis le fait d’accueillir ça apporte beaucoup hein.

    00:11:09 HENRY
    Oui, vous avez transformé cette maison, vous l’avez ouverte.

    00:11:12 CATHERINE
    Oui, voilà, et alors, probablement que les personnes qui viennent là reçoivent, mais nous, on reçoit beaucoup aussi en accueillant les personnes. Et les enfants là, quel dynamisme à quelle joie de vivre les enfants, l’enthousiasme. Ça donne la pêche.

    00:11:24 HENRY
    Et puis vous renvoyez l’énergie équivalente hein, c’est super !

    00:11:25 CATHERINE
    Ben oui, ouais, ouais, non c’est réciproque, hein, ça. Mais bon y a du taf là quand même…

    00:11:33 FLORENT
    Ben c’est ça, Ben oui. Mais après, quand tu es dans quelque chose qui te plaît, Ben on arrive à la fin si tu veux, mais c’est ressourçant quand même, c’est vraiment ressourçant quoi.

    00:11:45 HENRY [VOIX OFF]
    C’est peut-être cela, la Mayenne, une terre de lieux pluriels qui reçoivent autant qu’ils donnent et qui puisent dans la tradition pour proposer une nouvelle génération d’hospitalité hybride, participative, proche de la nature, bref, tournée vers l’avenir.

    A bientôt pour une nouvelle immersion sonore de la destination Mayenne.

     

épisode #11

Immersion sonore

au Festid'Al

Le Festid’Al, un événement musical, familial et solidaire porté par l’association les Amis d’AL Foncent.
Henry part à Gorron, à la rencontre de Céline qui nous présente le projet du festival.

écoutez le podcast

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Festid'Al

    HENRY
    Immersion sonore de la destination Mayenne, le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoire. Ils ont pour points communs l’éthique, la bienveillance, l’éco-responsabilité, la passion du partage et pour fierté les 1000 facettes de leur territoire, la Mayenne.
    Ah oui, c’est une ancienne ferme, c’est ça ?

    CELINE
    C’est une ancienne ferme, une grange, on l’appelle la grange, donc prêtée par la ville de Gorron.

    HENRY
    C’est la caverne d’Ali-Baba.

    CELINE
    Ouais, c’est un peu notre brocante.

    HENRY
    La Mayenne terre de festivals ?
    Nous sommes dans la commune de Gorron et Céline Montécot, membre de l’association festive les amis d’Al Foncent, nous accueille dans ses locaux, la grange.
    Ah oui, il y a une fabrication aussi d’éléments scéniques ?

    CELINE
    Ah ouais, tous nos décors sont fabriqués maison.

    HENRY
    Ah, c’est super.

    CELINE
    Et donc bon, ici le local dort. Jusqu’au mois de janvier, il va dormir et puis après, petit à petit, on va le réveiller, on va commencer à construire un peu de décor, à faire l’inventaire du matériel dont on a besoin, ce qu’il nous manque, ce qu’on a déjà. Et puis c’est vraiment mois d’avril, mois de mai et juin, les 3 mois avant, avant le festival, que qu’ici ça grouille tous les week-ends quasiment et de temps en temps, les belles soirées d’été.

    HENRY
    Donc c’est vraiment le Festival, le point d’orgue, le sommet de l’année ?

    CELINE
    Pour l’association ouais, c’est le festival.

    CHANTEUR
    Eh, les réseaux sociaux ! Bonjour, je suis à Gorron en Mayenne. Mais c’est un truc de fou. On vient de faire un truc qui s’appelle le Festid’Al et j’ai envie de vous faire découvrir l’ambiance monumentale, de ce sacré public !

    HENRY
    Le Festid’Al, le Festival des amis d’Alphonse, un événement musical familial et solidaire qui réunit, sous une forme ou une autre depuis 12 ans des partenaires, des bénévoles et des festivaliers autour de la musique. Cette année, le Festid’Al a battu un record avec près de 7000 Festivaliers en 2 jours. Mais qui est à l’origine de cette association, des amis d’Alphonse ?

    CELINE
    Ouais, les amis d’Alphonse la base donc ce sont les amis. C’est une bande de potes qui a construit l’association.
    Comme beaucoup de jeunes en milieu rural, on se rejoint le vendredi soir, le samedi soir au bar. Et puis on passe nos soirées ensemble au bar. Et on se dit : “mais mince, faut qu’on fasse autre chose que juste se rassembler au bar. Si on faisait un concert, si on faisait une soirée, où on regroupe plusieurs bandes de copains ?”. C’est né de là en fait. Donc effectivement, il y a aussi un petit peu le côté qu’est-ce qu’on peut proposer en milieu rural pour faire bouger les jeunes ?
    Ce sont des amis et puis des amis qui ont intégré d’autres amis qui ont intégré leurs grands-parents, leurs parents. Donc l’association les bénévoles de l’association sont construits sur différents profils. On a des enfants qui viennent nous aider, on a des jeunes retraités, on a des familles qui viennent aussi nous donner un coup de main et ça glane des personnes de Gorron, des alentours de Gorron, du Bocage Mayennais. On peut même avoir des touristes qui viennent en vacances l’été à Gorron chez leurs grands-parents et qui viennent donner un coup de main ponctuel. Pour la construction du Festival, on arrive à rassembler tout ce monde-là.

    HENRY
    Cette diversité de générations et de profils au sein des bénévoles n’est pas seulement un heureux hasard. C’est la raison d’être des amis d’Al Foncent, mêler différents publics, susciter l’enthousiasme autour de valeurs partagées.

    CELINE
    Les valeurs qu’on essaie de défendre, c’est avant tout la solidarité, l’accessibilité. On construit vraiment notre festival avec les habitants, mais toute la richesse des habitants. C’est à dire qu’on sollicite, on frappe aux portes de toutes les structures, qu’il peut y avoir à Gorron et aux alentours. Donc ça peut être on s’aide des structures qui accueillent des personnes handicapées, des structures qui accueillent des personnes âgées, qui accueillent des enfants, qui accueillent des personnes isolées. On bénéficie de toute cette richesse pour faire le le festival.
    À la force des choses, on se rend compte qu’on a des bénévoles qui sont très doués pour bricoler, d’autres qui sont très doués pour peindre d’autres qui sont très doués pour apporter de nouvelles idées pour les décors, d’autres qui réalisent des affiches donc qui ont des compétences en graphisme, d’autres en communication. Donc c’est ça qui fait la richesse de notre association, en fait. C’est que chacun vient avec ses compétences, on les partage aussi. Moi, j’ai appris à peindre, j’ai appris à scier à planter les clous. Enfin voilà, c’est un vrai lieu de partage aussi, la construction d’un festival.

    HENRY
    Une autre valeur importante du Festid’Al, c’est l’éco responsabilité, le développement durable, les circuits courts. Tous les décors sont réalisés par les bénévoles à partir de matériaux de récupération glanés auprès des Gorronnais, des Gorronaises ou aux entreprises locales. Circuit court aussi pour la restauration, rillettes, saucisses et galettes sont confectionnées à quelques kilomètres du site, circuit court enfin pour les artistes à côté des têtes d’affiche, de jeunes groupes locaux ont l’opportunité de faire pendant le Festid’Al leur toute première scène.
    En écoutant Céline, on réalise que cette collaboration, ces échanges, la préparation du Festival par une grande partie de la population est peut-être LA grande aventure, un festival dans le festival.

    CELINE
    Moi, clairement, je prends du plaisir à monter le festival et surtout cette semaine de montage, donc 7 jours avant, avant le festival où on part d’une page blanche puisqu’on part donc d’un parking, parce que le le Festival se déroule sur un parking devant l’espace Colmont, et on part de ce parking ou il n’y a rien, et là en 7 jours, avec donc nos différentes compétences, avec une bande de 30-40 personnes, on doit construire un festival et ça c’est beau. Quand t’arrives à la fin de ton week-end, que t’as accueilli 5000-7000 personnes et que tu dis “bon, bah c’est moi et les copains, c’est nous qui avons construit ça”, c’est hyper galvanisant et c’est un très beau défi qu’on arrive à relever tous les ans. L’un des plus beaux moments, c’est le dernier jour de montage. On est le jeudi midi, jeudi midi dernier repas entre les bénévoles et là après une semaine de montage, on est tous fatigués, on a le petit mot du président, et puis on est tous… on s’applaudit tous en fait. On est tous fiers d’avoir réussi à finaliser, à concrétiser ce projet et on est prêt à accueillir le public.
    Ça, c’est un beau moment.

    HENRY
    C’est une première fin du festival, à elle seule, alors que le festival n’a pas commencé.

    CELINE
    C’est vrai, c’est vrai, dans un festival en fait, il y a 2 festivals, il y a celui des bénévoles et il y a celui qui est ouvert au grand public.

    HENRY
    Et là vocation du Festival, c’est quoi ? C’est de de garder ce si bel équilibre ou de devenir un mastodonte ?

    CELINE
    Surtout pas. Surtout pas. Non, non, ce qui est apprécié par le public et nous le disent, c’est qu’on est accessible, on reste un petit festival. 5000 personnes. C’est… Voilà, c’est notre jauge, c’est ce qu’on espère tous les ans. Donc ça reste accessible. On n’est pas cher, hein, c’est que c’est que 12€ l’entrée. On veut rester comme ça. A d’autres les grandes têtes d’affiche, les week-ends à plus de 100€, les bières à 5€.
    Voilà, on est ancré dans un territoire qui doit… qui doit correspondre à son public, à ses habitants. Donc on veut que les habitants du territoire puissent venir en famille, puissent profiter d’un festival dont ils ne semblent pas exclus quoi. Et puis il y a d’autres offres de festivals en Mayenne et aux alentours. C’est ça aussi hein, on fait partie d’un paysage des festivals. Il y a des gros festivals en Mayenne, il y en a des moyens. Et puis il y a des petits comme nous.

    HENRY
    C’est peut-être cela, la Mayenne, une terre ou la culture se partage et se raisonne avant d’être consommée. Une terre ou les publics et les générations ne se chassent pas, mais dansent ensemble, le temps d’un concert jusqu’au suivant.
    A très vite, pour une prochaine immersion sonore de la destination Mayenne.

Épisode #10

Immersion sonore

à Toiles de Mayenne

À Fontaine-Daniel, une histoire se tisse depuis plus de 200 ans.

Celle de Toiles de Mayenne, une entreprise qui a su trouver l’équilibre entre passé, présent et futur, à travers ses savoir-faire.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à Toiles de Mayenne

    Immersion Sonore à Toiles de Mayenne

    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun ; l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage. Et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire ; La Mayenne.

    La Mayenne, terre du Milieu, terre historique de toiles de Mayenne. Une entreprise née en 1806 à Fontaine-Daniel, qui cultive l’équilibre entre passé présent, futur à travers ses savoir-faire, création de tissus d’ameublement et de décoration. Ici, chaque geste compte. Ici, les racines parlent aux siècles, qui avancent.

    Rencontre avec Clotilde Bouterolle, directrice de la création.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:01:03] Je vous propose de vous emmener au tissage avec les bâtiments qu’on voit. Tous les bâtiments ont été construits au fur et à mesure du développement du développement de l’entreprise. Des besoins qui ont fluctué au fil des siècles de deux siècles, puisque

     

    Rebecca Armstrong : [00:01:22] Puisque c’est 1806, la première date à connaitre, donc.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:01:23] 1806. On est à un peu plus de 200 ans. Maintenant, je trouve que c’est assez émouvant de se dire que c’est toujours là. Au départ, c’était même du tissu pour des vêtements, du tissu pour des vêtements de travail avec la notion de solidité. Et c’est peut-être ce qui ancre la notion de solidité. Il y a une valeur solidité, durabilité, durabilité exactement, qui est très forte chez Toiles de Mayenne. Et j’ai l’impression que ça s’est écrit au fil du temps. Et ça, c’est ça, c’est gardé. Je vous emmène au tissage.

     

    Rebecca Armstrong : [00:01:59] Voilà, c’est bien cela. Alors on pendant qu’on s’y rend. J’ai l’impression qu’il y a une autre caractéristique de toiles de Mayenne. C’est la présence de femmes fortes, de femmes exceptionnelles dans l’histoire de cette entreprise.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:02:10] Effectivement à l’origine, la première personne qui est venue, c’est Jean-Pierre Horem. Et il a épousé, quelques années après son arrivée à Fontaine-Daniel, Sensitive Anfield, qui était d’une famille de filature et qui dirigeait déjà une filature dans le Calvados. Quand son mari décède, elle prend la tête de l’entreprise seule et elle la pilote, elle la développe magistralement, en fait.

     

    Rebecca Armstrong : [00:02:48]  Et donc, nous voilà à la porte du tissage.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:02:51] Alors attention, ça va faire du bruit.

     

    Rebecca Armstrong : [00:02:54] Nous sommes prêts. On entend un ronronnement. Dans cet espace, les métiers à tisser s’agitent, tandis que les bobines de lin trônent le long des allées. Les tissus passent ensuite aux contrôles manuels pour que chaque imperfection soit repérée et traitée. Chaleur et hygrométrie constantes sont indispensables pour que le tissage ait lieu dans les règles de l’art.

    Dans l’atelier de tissage, on a pu voir des bobines de lin. Est-ce que vous pouvez me dire quelques mots de ce lin ? Parce que le lin, ça a été une production historique de la Mayenne.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:03:28] Alors, c’est pour ça que la filature s’est installée ici dans cette abbaye, parce que c’était un bassin de production. Il y avait du lin en Mayenne. C’est quelque chose qui a été oublié. Maintenant, le lin est dans le pays de Caux, en France. La France est vraiment un producteur essentiel de lin. On dit facilement le premier producteur. Je ne suis pas sûre de moi en volume, en qualité, c’est certain. Il n’y a plus de grandes filatures en France. Il y a des filatures artisanales autour d’Yvetot, etc. Il y a des petits producteurs, petits tisseurs et petites filatures, mais une filature qui fournit suffisamment de fil pour de l’industrie parce que c’est même si on est un petit tissage. C’est tout de même industriel. Ça, maintenant, on se fournit chez Safilin en Belgique. Donc ce n’est pas très loin.

     

    Rebecca Armstrong : [00:04:16] Au fond de l’atelier de tissage, une petite porte blanche mène à l’échantillonnage. Une activité que très peu d’entreprises textiles ont su garder. Six cents carrés de tissu sont ici installés et distribués dans les 16 boutiques françaises de la manufacture, pour que chaque projet trouve sa teinte et sa texture exacte.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:04:41] Ces toiles de Mayenne en plus, on est vraiment convaincu de la durabilité de l’évolution dans le temps et de pas surproduire les tissus chez nous ont une durée de vie très longue.

     

    Rebecca Armstrong : [00:04:52] On sent que ce goût des savoir-faire est vraiment au cœur de l’histoire et de vos propos. On l’a compris aussi en traversant l’atelier de tissage. Ces savoir-faire, aujourd’hui, ils sont devenus rares. Est ce que c’est difficile? Si vous avez une personne qui doit partir à la retraite, de retrouver quelqu’un ?

     

    Clotilde Boutrolle : [00:05:08] Oui, c’est vrai. Alors oui, oui, oui, oui, oui, mille fois. Ce sont des métiers, c’est précieux. Le textile a traversé une crise énorme en France. Il faut dire les choses. La mondialisation, ça fait des ravages. Il me semble que dans les années 80, après, après les années 2000, il y a deux, à peu près deux tiers des effectifs du textile qui ont qui ont disparu. Voilà, c’est ça. Mais donc, oui, oui, à chaque fois, c’est un défi, un challenge. Donc, il y a aussi le besoin de transmettre

     

    Rebecca Armstrong : [00:05:44] Un nouvel espace et nouvelle ambiance. Le silence de l’atelier de découpe est brodé des voix des équipes organisées autour de grandes tables. Ici, on mesure, on vérifie les dimensions, on découpe le geste et aérien précis. Les tissus épais ou souples, uni ou à motifs, sont manipulés avec attention.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:06:05] Dominique est la responsable de l’atelier coupe et l’atelier confection, donc elle gère vraiment les deux équipes. Une vision d’ensemble. Et oui, c’est toute une commande. Rien n’échappe à Dominique. C’est très précis. Alors les coupes chez nous, tout est coupé à la main. Il n’y a pas de coupe au matelas, par exemple. Donc là, vous êtes, voyez, vous voyez dès maintenant les différentes épaisseurs. C’est là, c’est une toile de coton qui se tient assez. Là, on a un linge très fin, presque un voilage, on peut, On peut voir à travers.

     

    Rebecca Armstrong : [00:06:34] La manufacture abrite aussi les ateliers de confection et de tapisserie. Quelques minutes de marche suffisent pour rejoindre ce second site. Remonté la route qui traverse le village, longé des prés ou vaches des pommiers cohabitent paisiblement, s’enfoncer dans la forêt. Puis sur la droite, surgissent les bâtiments éclairés de grandes fenêtres.

    Donc, direction les ateliers.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:06:59] Direction les ateliers avec joie. Les couturières travaillent sur des tables immenses parce qu’il faut pouvoir mettre le tissu à plat. Il faut pouvoir travailler à plat. Là, vous voyez le travail à la main avec, elle est en train de régler la bordure du rideau en plaçant très précisément le tissu, la doublure, les différentes épaisseurs.

     

    Rebecca Armstrong : [00:07:27] Et puis, c’est ce que j’aime bien, c’est que de voir toutes les générations dans l’atelier des femmes plus âgées, des toutes jeunes…

     

    Clotilde Boutrolle : [00:07:32] Oui, c’est vrai, très vrai. Mais on est content de faire entrer les jeunes parce que les gens travaillent très longtemps sur Toiles de Mayenne. Il n’y a pas un turn over très rapide. Donc là, vous avez une machine qui fait une couture longue. C’est très particulier. C’est assez physique. C’est un poste qui ne peut pas être tenu très longtemps parce qu’elle va de gauche à droite avec ses mains comme ça pour guider la couture. Vous voyez que la table est particulièrement longue.

     

    Rebecca Armstrong : [00:08:04] Il y a quelques années, en 2014, Toiles de Mayenne ont reçu un label Entreprise française du patrimoine vivant.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:08:10] Oui, ça valorise, récompense, met en avant des savoir-faire vraiment particuliers de grande qualité sur le territoire français. C’est une marque de reconnaissance beaucoup plus forte que le made in France ou le petit drapeau bleu blanc rouge.

     

    [00:08:30] Cet ancrage permanent dans le tissu des savoir-faire locaux, ancestraux est l’essence même des toiles de Mayenne. Ces liens créés, ils rayonnent depuis Fontaine-Daniel et permettent de réaliser des projets qui font sens pour leurs qualités, leur respect de l’environnement, mais aussi pour leur valeur sociale.

     

    Clotilde Boutrolle :  [00:08:50] Et là, j’ai une jolie histoire à vous raconter.

    Rebecca Armstrong : Dites-moi tout

     

    Clotilde Boutrolle : Une histoire que j’aime, Encore une histoire de lien, après tout, ce sont des poufs, tout simplement.

     

    Rebecca Armstrong : [00:09:00] Donc, certains sont circulaires, d’autres cubes.

     

    Clotilde Boutrolle : [00:09:05] C’est très à la mode en ce moment. A l’origine, la structure interne était importée d’Italie. On s’est dit mais est ce qu’on ne trouverait pas plus près ? Est ce qu’on peut faire autrement ? Et le mari de Dominique que vous avez croisé en bas, travaille, dirige un atelier, je crois,  « ETIC 53 » à Mayenne. Donc c’est un atelier protégé de réinsertion à l’emploi par le travail et il y a une partie menuiserie et donc l’humain peut-être. Ils ont fait des protos, ils ont fait des devis et ça a été tout à fait concluant. J’adore cette histoire. Du coup, maintenant, la structure interne est faite à quelques kilomètres de chez nous, avec du bon sens, de la relation humaine. Voilà, tout le monde avait tout à y gagner.

     

    Rebecca Armstrong : [00:09:51] Ce serait donc cela la Mayenne, terre du Milieu, où la noblesse de racines profondes s’incarne dans le geste attentionné de l’artisan d’aujourd’hui.

    Immersion sonore vous donne rendez-vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

     

     

Épisode #9

Immersion sonore

au Comptoir

Déjeuner, goûter une bière artisanale, acheter des produits bio et locaux, lire, s’informer, discuter, échanger, jouer… Céline Pelluau nous ouvre les portes du Comptoir, un lieu convivial et chaleureux au pied des Avaloirs.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Comptoir

    Immersion Sonore au Comptoir

    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires, ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage. et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire. La Mayenne.

    La Mayenne, terre du milieu ? Là où tout se croisent le long de la Nationale 12 à Pré en Pail, il y a une croisée des chemins. Un endroit où les gens se rencontrent, discutent, mangent, achètent avec soin. Ils sont au Comptoir, une épicerie bar cantine engagée créée par Céline Pelluau en fin d’année 2015. Qu’est ce qui vous a poussé à créer le Comptoir l?

    Céline Pelluau : [00:00:53] Oh, là beaucoup de choses. Alors moi, j’avais déjà une activité de restauration. Je faisais du catering, donc la restauration sur l’événementiel. Mais je n’avais pas de lieu, je n’avais pas de cuisine, donc je me déplacer dans des cuisines. Donc, j’ai eu envie un moment de sédentariser l’activité pour la rendre plus facile. Et j’avais un ami qui s’installait ici pour faire de la bière et pour monter une brasserie artisanale. Et il utilisait pas du tout la partie boutique. Et on s’est dit un soir que ce serait super de pouvoir boire des bières et de manger en même temps. C’est comme ça qu’est née l’idée. Et moi, ça faisait très longtemps que je cherchais à centraliser les produits locaux du territoire puisque moi-même, quand je faisais mes achats pour les pour les repas, je devais faire le tour de plein de fermes, donc c’était très sympa. Mais ça me prenait beaucoup de temps et je me disais que je ne devais pas être la seule à être dans ce cas. Et donc, je me suis dit, Quitte à ouvrir un lieu où on peut manger et boire, eh bien ce serait sympa qu’on puisse y trouver les produits du coin. [00:01:50] Donc, au départ, quand on a ouvert, il n’y avait que les produits locaux jus de pomme, fromages, confitures. Et puis on a ouvert. Ça a bien marché, donc. Du coup, petit à petit, j’ai acheté du riz, j’ai rajouté du café et j’ai rajouté des choses comme ça. Et au bout d’un an. Donc, la première année, il n’y avait que cette partie-là. Au bout d’un an, on a investi le fond qui était l’appartement, mais qui n’était pas utilisé. Donc aujourd’hui, on voit une salle de restauration. Voilà, et qui donne accès à un petit balcon qui permet de manger aussi si, côté jardin, quand il fait beau. Et ça, ça a duré cinq ans, toute seule et en fait, ça a grossi tranquillement jusqu’à arriver à un stade où ce n’était plus possible toute seule, et on a eu l’opportunité du bâtiment à côté qui s’est trouvé à vendre et on a sauté le pas. Donc, on a agrandi et j’ai embauché Olivier qui m’a rejoint en début d’année. Et ce qui fait que maintenant, on est deux. Donc Olivier en cuisine, Olivier en cuisine. Voilà, c’est ça.

    Rebecca Armstrong : [00:02:48] Donc là, on est dans la partie bar. Il y a d’un côté le bar. Et puis, en face, on voit le mur de vrac avec le riz que vous évoquiez, etc. Et puis, si on avance la partie que l’agrandissement tout récent de cette année, on va trouver toute la partie épicerie, fruits et légumes, c’est ça.

    Céline Pelluau : [00:03:08] C’est ça, vitrine de fromages à la coupe, meuble à épices, droguerie cosmétique, il y a une partie de tout ce qui est lessive, produit, vaisselle, gels douche, shampoings qui sont aussi en vrac. Et puis, il y a une partie artisanat là, avec des jeux, des bijoux, des poteries, voilà aussi pour mettre en valeur le local. Et puis là, l’étal à fruits et légumes qui est l’activité principale au niveau de l’épicerie, vraiment, où on travaille avec des maraîchers locaux. Et puis voilà les produits frais, le pain, tout ça, c’est tout ça. C’est local.

    Rebecca Armstrong : [00:03:44] Il est midi. Bientôt, la salle va se remplir pour le déjeuner. Déjà en cuisine, Olivier s’affaire. Bientôt, ce sera l’effervescence. Parce qu’on vient manger ici. Mais on peut aussi choisir la formule à emporter. En attendant le coup de feu, Céline partage, souriante, l’âme du lieu où elle porte fièrement plusieurs casquettes.

    Céline Pelluau : [00:04:05] Épicière, barmaid, restauratrice, serveuse, mais aussi oreilles. Ça, c’est un gros gros. une grosse partie du travail d’ici, c’est que vraiment, il y a beaucoup de gens qui viennent faire leurs courses, mais qui viennent aussi discuter. Je suis aussi animatrice du lieu puisque j’organise des ateliers à une époque, il y a eu des concerts aussi, Pas mal. Et avant tout, ce qui caractérise le Comptoir, je crois, c’est le fait que c’est soit un lieu où on fait ses courses, mais aussi où on échange. Il y a beaucoup de gens qui se croisent en faisant les courses, puis qui finalement boivent un café. Des gens qui qui venaient juste pour boire un café, puis finalement, vont faire des courses.

    Rebecca Armstrong : [00:04:46] Pour vous, le comptoir, comment il incarne l’identité mayennaise?

    Céline Pelluau : [00:04:52] Comment il incarne l’identité mayennaise :  par ses produits, déjà par les produits qu’on y trouve. Peut-être par le fait que moi, je suis Mayennaise. Les gens qui fréquentent, évidemment. Et après, on est sur un lieu de passage. C’est la Nationale 12 qu’on entend juste derrière Paris Bretagne, et c’est l’entrée dans la Mayenne, quand on arrive de la région parisienne.

    Rebecca Armstrong : [00:05:15] Tous ces producteurs locaux, alors que ce soit en maraîchage. Mais on a reconnu les savons de Raphaël de Mayenne, qui n’est pas très loin. Tout le monde s’est fédéré, quelle a été la dynamique pour fédérer tout le monde autour du Comptoir ?

    Céline Pelluau : [00:05:31] Eh bien, ça s’est fait vraiment progressivement puisqu’en fait, au départ, il y avait vraiment les producteurs vraiment d’ici que je connaissais très bien. Et quand je leur ai parlé du projet, ils ont dit Ah super, on est avec toi, on te livre en petites quantités. Et après, il y a aussi des arrangements. Par exemple, la productrice de la Tomme de Pré en Pail, Marie-Hélène, qui, tous les jeudis, va livrer le marché d’Alençon et qui me ramène le pain de la boulangère. En même temps, il y a vraiment beau, [00:05:55] ça va au-delà, c’est de l’entraide. Voilà, c’est ça se simplifier. La vie, c’est ça.

    Rebecca Armstrong : [00:06:00] Au comptoir, on trouve d’ailleurs un aperçu de cette richesse associative et culturelle. Affiches de concerts et festivals de rendez-vous pour des ateliers de découverte de rendez-vous à la ferme. Pour Céline, la ruralité est d’ailleurs ce qui lie autant les gens entre eux que les gens à la terre.

    Céline Pelluau : [00:06:20] Le fait d’être dans un milieu rural, on est très connecté avec, avec le milieu rural, avec les producteurs. Ça discute beaucoup environnement, agriculture. Et du coup, je trouve que c’est hyper riche. Ce n’est pas toujours facile parce qu’on a des convictions qui ne sont pas les mêmes. Mais voilà. Et moi, j’aime beaucoup le territoire. Je le trouve accueillant. Je ne suis pas originaire de Pré en Pail. Je suis arrivé il y a dix ans. Je ne connaissais personne et aujourd’hui, je connais plein plein de monde. Donc je trouve que c’est un endroit où il fait bon vivre et à Pré-en-Pail, on a beaucoup de commerces. Et en fait, il est possible de faire beaucoup de choses sans avoir besoin d’aller en ville. Et ça, c’est un. Pour moi, c’est un atout.

    Rebecca Armstrong : [00:07:02] Alors on l’a compris ici. Au Comptoir, on trouve à la fois des produits pour le zéro déchet dans sa salle de bains, des produits transformés, des jus de fruits, du vrac, du maraîchage. Comment vous voyez évoluer le comptoir dans quelques années ?

    Céline Pelluau : [00:07:17] C’est une très bonne question. Je me pose beaucoup la question à l’heure où on parle de plus en plus de produits bio, de vrac, de zéro déchet. Mais à l’heure aussi où les supermarchés prennent cette place là et où ils ont une force de frappe beaucoup plus importante que nous, je ne sais pas ce que nous, on va devenir. On est fragile, on est plus cher que des grandes surfaces. On a une offre plus limitée. On incarne autre chose. Mais du coup, il y a une réalité économique de budget, de temps, qui font que c’est plus facile de faire ses courses en supermarché. Moi, je pense que le comptoir va évoluer dans ces animations, dans sa dynamique, dans sa proximité avec les gens, dans la création de liens. Je pense que c’est vraiment ça, au-delà de l’activité économique pure, purement de produits biologiques et de soutien à l’agriculture locale. Je crois que c’est vraiment la partie « lien et identité » qui va faire la différence, je crois.

    Rebecca Armstrong : [00:08:13] Déjà, les premiers clients sont installés à leur table et profitent des saveurs qui s’échappent de la cuisine. Justement, Olivier y est à la fois lancé dans un marathon et un sprint. En salle, les gens qui attendent leur commande à emporter discutent, tout le monde se tutoie, se saluent, se dit à demain. Car au Comptoir, on vient et revient. Ce serait donc cela, la Mayenne, terre du Milieu où l’avenir se dessine, gourmand; pour et par le lien social. Immersion sonore vous donne rendez-vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

Épisode #8

Immersion sonore

à Canotika

Rebecca prend la direction de Château-Gontier-sur-Mayenne dans le Sud Mayenne pour échanger avec Christian Laigle, président de Canotika. À bord de ses embarcations, il nous partage les charmes de la rivière avec passion.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à Canotika

    Immersion Sonore à Canotika
    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires, ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire. La Mayenne. C’est ici qu’il faut venir pour rencontrer l’association Canotika et son président Christian Laigle. Canotika, qu’est-ce que c’est ?

    Christian Laigle : [00:00:38] C’est une base nautique basée essentiellement au départ sur le canoë kayak. Au fil des années, la base a évolué avec l’apport de petits bateaux, des pédalos, des bateaux électriques pour la balade de 4-7 personnes maximum qui permettent de naviguer sur la rivière et de passer au moins une écluse. Et puis, disons, dans les cinq dernières années, on a développé un concept de bateau à pédalier.

    Rebecca Armstrong : [00:01:06] Justement, je vous propose, vu qu’il n’y a pas mal de vent, qu’on s’avance sur le quai, qu’on monte dans une de ces embarcations.

    Christian Laigle : [00:01:12] Vous allez découvrir ce type d’embarcation avec couchettes

    Rebecca Armstrong : [00:01:18] Un petit bateau bleu, bleu marine. On va descendre avec précaution. Alors le bateau s’appelle le Blue Note.

    Christian Laigle : [00:01:27] Voilà, on est sur le jazz.

    Rebecca Armstrong : [00:01:28] Oui, j’ai entendu tout à l’heure la sonnerie de votre téléphone. C’était du jazz. Vous êtes amateur de musique ? Très bien. Donc, à l’arrière, il y a deux selles de vélo. Tout à fait, avec le système de pédalier qui est mis à l’eau et qui permet de naviguer.

    Christian Laigle : [00:01:41] Ce sont des hélices entraînées par une chaîne. Donc, en fait, on retrouve la sensation, je dirais celle du vélo, c’est faire du vélo sur l’eau et aller comme ça au fil de l’onde sur la rivière Mayenne. C’est quand même, il y a de l’espace. On peut vivre à quatre personnes. Je dirais du moins vivre couché. Et puis, vous voyez la dînette. C’est le calme de la nature sans moteur, donc ça, c’est appréciable.

    Rebecca Armstrong : [00:02:07] La Mayenne, les bateaux, le canoë. C’est vraiment une passion qui est que vous avez développée au fil des années et qui aujourd’hui vous occupe ?

    Christian Laigle : [00:02:13] Alors, je dirais que c’est une passion très ancienne parce que j’ai découvert le canoë kayak à l’âge de 10 ans pour arriver à 70 km plus bas, à Château-Gontier, il y a une vingtaine d’années, je suis arrivé ici et développé cette passion de tout ce qui, au début, mon canoë kayak, mais comme je l’ai expliqué, de petits bateaux divers et variés, puisqu’on a même maintenant des petits bateaux électriques monoplaces qu’on appelle des dandys, je vais vous faire voir, c’est des petits bijoux.

    Rebecca Armstrong : [00:02:42] Les charmes de la rivière, que Christian sait si bien partager, attire des visiteurs de tous horizons.

    Christian Laigle : [00:02:48] On va dire qu’on a tout type de clientèle. Nous avons des familles qui sont, je pense, un des cœurs de cible puisqu’on est dans un département vert, avec des possibilités divers et variés, puisqu’on a aussi la location de vélos, les groupes d’amis, des individuels, des couples, des gens qui veulent un peu se sortir des lieux très fréquentés et trouvent sur la Mayenne leur bonheur. Le havre de paix.

    Rebecca Armstrong: [00:03:15] vous avez évoqué les dandys noms mystérieux et que j’aimerais connaître un peu plus, je vous propose. On quitte le Blue Note et on va découvrir les dandys.

    Christian Laigle : [00:03:27] Tout à fait, on passe sur une embarcation beaucoup plus petite.

    Rebecca Armstrong : [00:03:32] Je fais attention à la tête. Oui sauf que c’est moi qui a l’habitude de me cogner.

    Rebecca Armstrong : [00:03:43] Alors le hangar s’ouvre et dévoile les dandys. Oh, c’est merveilleux

    Rebecca Armstrong: [00:03:44] Alors, il faut les décrire. Les dandys sont aussi bleu que le Blue Note de tout à l’heure.

    Christian Laigle : c’est notre couleur
    Rebecca Armstrong : Et puis, comme vous le disiez, c’est une embarcation, une classe.

    Christian Laigle : [00:03:55] C’est presque un bateau Playmobil. Non, en fait, c’est une réduction au tiers des fameux bateaux italiens qu’on trouve sur les qu’on appelle la marque Riva, par exemple, sur les lacs italiens ou même certains bateaux de Venise avec un pont en teck. Ici, on a, on a une, une reproduction, je dirais de ce type de surface qui donne un aspect à la fois esthétique, d’où le nom dandy. C’est celui qui est élégant quand on se rappelle les dandys du 19e siècle. C’est à peu près ça et aussi parce que c’est un petit bateau, donc une stabilité qui est très bonne, mais une impression d’être sur l’eau. Et on va se dandiner un peu comme les canards.

    Rebecca Armstrong : [00:04:39] Une lumière permanente se dégage de Christian lorsqu’il parle de la rivière, accompagnée d’un sourire franc. C’est sans doute cela qui attire, toujours plus.

    Christian Laigle : [00:04:50] On a une clientèle qui est aussi parisienne, qui vient aussi du nord de la France, une clientèle européenne, principalement les Anglais, des Hollandais, des Belges. Ce sont les jeunes filles, très motivées par le canoë.

    Rebecca Armstrong : [00:05:07] Qui arrivent à vélo, comme en ce moment. Et donc, pour se mettre à l’eau dans quelques minutes, c’est ça ?

    Christian Laigle : [00:05:12] Tout à fait. Et elles ne manquent pas une séance. Elles sont un peu comme moi et elles aiment bien la rivière de la Mayenne.

    Les jeunes filles : [00:05:17] Ah si on manque les séances du samedi.

    Christian Laigle : [00:05:19] Oh oui, parfois.

    Rebecca Armstrong : [00:05:22] Pour définir l’identité de la Mayenne, de ce territoire auquel vous êtes tant attaché, quels seraient les adjectifs, les verbes que vous utiliseriez alors?

    Christian Laigle : [00:05:32] Généralement, on évoque la Mayenne par la douceur de vivre, son calme, sa verdure. Alors pour certains, ça peut être des obstacles. De dire Oh là, là, ça va être trop calme. On va s’ennuyer. En fin de compte, lorsque les personnes arrivent, ils découvrent une âme mayennaise, entre guillemets, comme on peut la trouver dans de nombreux territoires, mais avec, je dirais la sensation d’être dans un endroit un peu préservé malgré tout.

    Rebecca Armstrong : [00:06:00] Vous disiez la Mayenne se laisse découvrir si on sait le lâcher prise. J’aime bien cette expression de lâcher prise. Vous pouvez m’en dire plus ?

    Christian Laigle : [00:06:08] Tout à fait. Le lâcher prise, c’est un peu dans le slogan Slowlydays, cette marque a été développée par Mayenne Tourisme, à laquelle j’ai adhéré dès le début, montre bien cet esprit de dire On prend la vie calmement, on laisse tomber nos tracas quotidiens. On vient en Mayenne pour vraiment comme on dit, lâcher prise et puis se trouver d’autres centres d’intérêt et être au contact des gens qui font le territoire. Je crois que c’est une aussi une grande richesse de notre territoire, du territoire de la Mayenne. C’est d’avoir des gens passionnés qui ont envie d’ouvrir, montrer leur savoir-faire, soit par des démonstrations, soit par des échanges, soit par l’accueil, tout simplement.

    Rebecca Armstrong : [00:06:54] Innover, proposer des expériences inédites sont les moteurs de Christian. Mais la source de cette énergie, c’est tout simplement la rivière dont il pourrait parler des heures entières avec la même intensité.

    Christian Laigle : [00:07:07] Au fil du temps, la rivière a été modelée par l’homme. C’est pour ça qu’on retrouve plus d’une trentaine de barrages sur le département de la Mayenne. Mais on trouve une faune qui est très intéressante puisque rien qu’ici, sur le bief qui est quand même le bief, c’est ce qu’il y a entre deux barrages et donc qui limite un certain secteur de rivière. On trouve une dizaine de couples de martins pêcheurs, de hérons. Je pourrais vous dire des canards. Vous avez vu les avez ? Vous les avez croisé, ils vous accueillent.

    Rebecca Armstrong : [00:07:37] Ils sont là. On retrouve tout de suite le sentiment d’évasion.

    Christian Laigle : [00:07:40] Finalement, on a même la surprise de découvrir de nouveaux hôtes. Parfois, là, au printemps, j’ai découvert un castor qui est en train de tailler son arbre juste deux kilomètres en amont.

    Rebecca Armstrong : [00:07:49] Et parfois, vous partez sur l’eau avec des groupes de touristes pour justement leur faire un peu baver.

    Christian Laigle : [00:07:55] Pendant la saison, on a des centres de loisirs qui sont très intéressés, souvent par, à la fois la découverte de l’embarcation canoë kayak et de la pratique. Mais ici, il faut qu’on leur apporte un plus. Donc, on va ponctuer bien justement par des découvertes de ce type-là. Aller à la rencontre de quelques animaux, voire de remonter quelques petits ruisseaux, on est là, on se trouve dans des petites Amazonie, la locale. Et ça, c’est les petits coins secrets.

    Rebecca Armstrong : [00:08:22] Oui, c’est ça. Il faut venir pour qu’ils se dévoilent. Comment décririez-vous ? Définiriez-vous Christian ? L’art de vivre mayennais ?

    Christian Laigle : [00:08:34] Je pense que tout le monde a quand même cet attachement à la terre et on revient toujours aux valeurs premières comme l’accueil qui en fait partie, la bienveillance. Je pense que c’est aussi une caractéristique du territoire. Est-ce que c’est une tradition ? Je ne sais pas, mais c’est souvent ce qui ressort des gens. Ah, les gens sont gentils. On a eu affaire à telle personne. Et le gros avantage, on est un département à échelle humaine, donc on se connaît.

    Rebecca Armstrong : [00:09:02] C’est une toile tissée. Merci beaucoup, Christian Laigle. Voilà pour cette découverte.

    Christian Laigle : [00:09:07]. C’est un plaisir de faire découvrir et partager.

    Rebecca Armstrong : [00:09:11] Merci encore et je vous laisse rejoindre vos jeunes qui sont impatientes

    Christian Laigle : [00:09:15] très impatientes de commencer la séance. Comme quoi la rivière attire. J’adore faire partager ce genre de choses.

    Rebecca Armstrong : [00:09:22] Susciter des vocations suscitées.

    Christian Laigle : [00 :09:25] Merci, merci bien. Allez hop, mise à l’eau du canoë.

    Rebecca Armstrong : [00 :09:33] Ce serait donc cela la Mayenne, Terre du Milieu, terre de cette rivière qui irrigue, réunit, fédère, attire, enchante. Immersion sonore vous donne rendez-vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

    Christian Laigle : [00:10:01] Bonne continuation. Merci.

Épisode #7

Immersion sonore

À Echologia

Quand Guillaume Beucher et Vincent Brault, deux amis d’enfance, découvrent fin 2006 les anciennes carrières de Louverné, c’est le coup de foudre : ils ont enfin trouvé le lieu où ils pourront donner vie à leur parc insolite : Echologia. Rebecca part à la rencontre de Vincent pour nous raconter le projet dans un lieu où l’Homme et la Nature vivent en harmonie.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à Echologia

    Immersion Sonore à Echologia

    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire, La Mayenne. La Mayenne, c’est la terre du milieu où l’histoire a jadis creusé les sols et bâti ses richesses. Et puis, un beau jour, un autre paysage naît, une autre vision du monde prend place et dessine un autre futur. Direction Louverné. Echologia est un site qui offre de nombreuses possibilités au public : sport découverte, hébergements insolites, formations et bien d’autres. Le site Echologia vous l’avez fondé, Vincent Brault, avec Guillaume Buchet.

    Vincent Brault : [00:00:52] Oui, c’est une histoire d’amitié à la base de deux petits gamins mayennais qui sont nés en 1978, à quatre jours d’écart. On a fait toute notre scolarité ensemble en Mayenne et là, je vais vous dépeindre le monde des Bisounours. Une enfance joyeuse. À l’école, c’est super. Dans un petit village de 2.000 habitants, 3.000 habitants. Pendant les vacances, le tissu associatif est riche. Tout le monde est souriant. Il y a des petits oiseaux qui chantent. On va dans les petits ruisseaux regarder les petites bêtes qui vivent en dessous, c’est vraiment un peu magique. Ça dure jusqu’à nos 18 ans. Et à nos 18 ans, pour la première fois sur les bancs du lycée en terminale Ambroise-Paré, à Laval, on se pose la question d’aller continuer nos études ailleurs. Et c’est là que la douche froide arrive, puisqu’on se rend compte du regard des autres sur les Mayennais. Et là, surprise, déception. Et là, on est face à un choix de se dire est ce qu’on accepte ? Et on fait comme beaucoup de nos potes qui partent sur Nantes, sur Paris et qui finalement disent Bah oui, c’est vrai, il y a plein, il y a beaucoup plus de culture, c’est il y a tellement de choses à voir ailleurs que c’est s’ils ont raison. La Mayenne, on est arriéré, il y a plus de vaches que d’habitants. Certains Parisiens nous disent Bah, je m’y arrête pour faire pipi quand je vais en Bretagne, mais à part ça, il n’y a rien à y faire. Le constat ne nous plaît pas. On décide qu’il est un peu tôt, mais que dès qu’on pourra, on relève les manches et on met en avant les acteurs de notre territoire. Et c’est comme ça que démarre l’aventure. C’est pour ça qu’il fallait absolument que ça s’implante en Mayenne avec un site qui devait naturellement être magique. Et ça, on n’y est pour rien. Par contre, on est tombé amoureux dès qu’on est arrivé et depuis, ça n’a pas changé.

    Rebecca Armstrong : [00:02:21] Echologia se déploie sur une centaine d’hectares. L’accueil du public se situe sur le secteur d’anciens bâtiments industriels qui constituent un patrimoine majeur de la Mayenne. Celui de l’exploitation du calcaire. Carrières qui, depuis, ont laissé place à l’eau d’une qualité exceptionnelle dont regorgent les nappes phréatiques.

    Vincent Brault : [00:02:42] En fait, là, on est… Je vous ai accueilli dans ce qu’on appelle le cœur du hameau historique. Sous nos pieds, en 1820, on découvre du calcaire. Le calcaire, c’est une roche. C’est la roche que vous voyez partout, qui fait les bâtiments, qui fait les fours, qui fait les arcades. Donc, c’est de la pierre qu’on va extraire du sol. Et donc d’un champ plat, on va creuser, creuser, creuser ce qui nous intéresse. Ce calcaire, on va le cuire à cœur dans des grands fours qu’on va bâtir. Et petit à petit, en 1860, on va voir ce hameau qui est bien bâti, qui est assis. Et c’est même grâce à l’activité de fours à chaux que le train, la voie ferrée pour relier Paris à Brest. Là, je vous laisse faire un peu de géographie. Il y avait plein de tracés en 1855 pour relier ces deux villes Paris à Brest. Et celui qui a été choisi, c’est sous l’impulsion, sous la pression presse, qu’on peut dire des lobbies chaufourniers de l’époque, puisque la chaux était tellement importante que le message qui a été passé ; c’est amenez nous la voie ferrée, vous aurez de la chaux sur l’ensemble de la Bretagne et de la région parisienne.

    Rebecca Armstrong : [00:03:37] Donc on est clairement sur un site patrimonial de la richesse industrielle de la Mayenne du XIXème siècle.

    Vincent Brault : [00:03:45] On a même été le plus grand site de France pendant une partie du 19e siècle, donc quelque chose de très impactant au niveau du territoire. Mais en fait, quand on voit ça d’un œil biodiversité, c’était juste nul. Parce que la chaux, en fait, c’est un matériau facile, c’est quelque chose que quand on respire la chose, cela nous attaque particules fines, mais d’autres particules fines que celles qui nous posent problème. Et les masques n’étaient pas aussi performants que les nôtres aujourd’hui. Et donc, par contre, en 1963, après un siècle et demi d’exploitation, toute l’aventure va s’arrêter et je passe. Je reviens quand même sur le fait qu’à force de creuser, on ne l’a pas encore vu ce matin. Mais vous allez voir qu’il y a quelque chose qui nous, à Guillaume et à moi et puis à toute l’équipe d’Echologia à nous plaît énormément. C’est qu’à un moment, à force de creuser, on va taper dans l’eau. Exactement, la nappe phréatique va jaillir et cette [00:04:30] eau, en fait, elle est omniprésente et elle est surtout très bonne qualité puisqu’en fait, on va la chercher dans la nappe phréatique. C’est à force de creuser, donc, qu’elle n’arrive pas le sous-sol filtré par la roche. Et aujourd’hui, on a la plus grande réserve d’eau qui rentre dans les critères de potabilisation avec plus de deux millions et demi de mètres cube. On va passer d’un désert de biodiversité au top du top des Pays de la Loire sans que l’humain ne fasse rien.

    Rebecca Armstrong : [00:05:50] Bien sûr, on est dans le non-agir.

    Vincent Brault : [00:05:51] Exactement. On est dans la reconquête naturelle.

    Rebecca Armstrong : [00:04:54] Et donc, depuis que de chemin parcouru. Parce qu’aujourd’hui, où vous avez ici une multitude d’activités. [00:05:00]

    Vincent Brault : [00:05:00] Tout le monde peut venir ici et apporter quelque chose. Et donc, ça nous amène une multitude de compétences, de gens passionnés, de points de vue, de savoirs, de temps, d’énergies, ce qui fait qu’on se retrouve parmi les 1500 partenaires. On a des écoles, on a des associations, on a des entreprises, on a des artistes, on a des artisans d’art et chacun, l’enjeu, c’est que chacun puisse mettre sa patte.

    Rebecca Armstrong : [00:05:29] Un socle de valeurs partagées. L’ambition de trouver et préserver l’équilibre entre environnement et activités humaines sont quelques-uns des ingrédients qui font d’Echologia un site unique en son genre. Un lieu où cohabitent les gens, les idées, les activités. Alors là, on arrive sur notre sur une terrasse, avec une piscine, quelques poissons. Qu’est-ce que c’est que cet espace ?

    Vincent Brault : [00:05:52] Et bien, c’est une piscine naturelle qui a été créée il y a maintenant neuf ans. Et là, l’image qu’on voit au bout du chemin qu’on vient de prendre, et bien très souvent, c’est papa et maman avec les valises. Et puis les deux enfants qui sont devant. Et quand ils voient la piscine, ils courent et courent et courent vers la piscine. Ils ouvrent le portail, regardent la piscine. Ils s’arrêtent pendant deux secondes et y retournent dans l’autre sens en allant voir papa, maman en disant maman il y a des poissons dans la piscine. Et là, on sent l’interrogation. La stupéfaction. Et puis ces mêmes enfants, le lendemain, quand il est l’heure de repartir, ils ne veulent jamais sortir de la piscine. Parce qu’en fait, c’est une piscine donc naturelle. Naturelle, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que dedans, on ne met pas de chlore. Le chlore, ça tue tout. Donc, on est parti d’un principe un peu complètement opposé où on a dit à nous on va essayer de proposer aux gens une baignade dans laquelle il y a de la vie. Donc, l’eau est filtrée par les plantes. Une piscine municipale, quand elle ne sent pas le chlore, on a l’impression qu’il manque quelque chose. Et bien là, on essaie de montrer qu’on peut faire autrement.

    Rebecca Armstrong : [00:06:47] De multiples activités sont possibles tir à l’arc, potager, fresque participative, escalade. Alors ici, on croise des bénévoles, là, un groupe d’enfants en visite scolaire. Plus loin, des stagiaires ou encore l’équipe salariée s’affairant sous le soleil du matin. Echologia, c’est aussi de nombreux partenaires 1500 qui contribuent, chacun à leur échelle, à la vitalité qui se dégage du site.

    Vincent Brault : [00:07:18] Il faut imaginer qu’il y a eu des centaines de partenaires à participer. Des chantiers d’insertion avec des publics migrants, avec des jeunes qui  sont dans l’école qu’on appelle l’école de la seconde chance, qui, en faisant des travaux, en faisant des stages à droite, à gauche dans les entreprises, essaie d’attiser un peu leur curiosité et de voir ce qui pourrait les botter. On a des associations sportives qui sont venues nous donner des coups de main, comme le Team VTT de Louverné. On a notre terrassier. On a les jardiniers qui sont venus donner un coup de main. Bref.

    Rebecca Armstrong : [00:07:49]  Du collectif de A à Z.

    Vincent Brault : [00:07:52]  Exactement

    Rebecca Armstrong : [00:07:53] Et donc là, on a monté quelques marches. On voit la rivière en contrebas, une cabane en bois sur notre droite.

    Vincent Brault : [00:08:03] D’ailleurs ces tâches, dans le fond qu’on voit, c’est parce qu’en fait, l’eau est transparente.

    Rebecca Armstrong : [00:08:07] Absolument.

    Vincent Brault : [00:08:08] Donc, on voit tout le fond. On voit même les écrevisses qui vont venir se balader.

    Rebecca Armstrong : [00:08:14] Il y a même un héron là.

    Vincent Brault : [00:08:16] Alors oui. Ça veut dire qu’on est les premiers ce matin à passer. Il est là tous les jours. Et en fait, dès qu’il y a un humain qui ne passe pas trop loin, il s’envole. Il reviendra ce soir.

    Rebecca Armstrong : [00:08:26] Il fait partie des partenaires. C’est l’envol du Héron sur la rivière.

    Vincent Brault : [00:08:27]  C’est nos animateurs préférés.

    Rebecca Armstrong : [00:08:30] Le héron continue sa danse devant nous. On a de la chance. Donc là, on marche sur un chemin forestier on pourrait dire. On a des arbres de ce côté qui nous font une belle voûte au-dessus de nous. Et la lumière du soleil qui qui croise notre chemin.

    Vincent Brault : [00:08:50] Et là, on va arriver sur notre grande aventure des jardins suspendus, l’aquaponie de Babylone.

    Rebecca Armstrong : [00:08:57] Oui, j’ai vu la pancarte tout à l’heure.

    Vincent Brault : [00:08:59] Septième merveille du monde antique. Qui, en fait, moins 600 avant Jésus-Christ, était déjà une forme d’aquaponie.

    Rebecca Armstrong : [00:09:09] Alors l’aquaponie, faut la définir parce que tout le monde ne sait pas ce dont il s’agit.

    Vincent Brault : [00:09:14] Alors, je vais commencer par dire que l’aquaponie, c’est un, c’est un écosystème. C’est à dire qu’on va comme d’habitude reprendre ce que fait très bien la nature. Donc là, on a un tout petit système ici.

    Rebecca Armstrong : [00:09:29] Donc on pour [00:09:30] le décrire. On voit un bac en hauteur avec des plantes et puis un bac en contrebas avec un exutoire d’eau où, au fond, on peut voir quelques poissons.

    Vincent Brault : [00:09:40] C’est ça, voilà, et les deux vont s’entraider. En gros, pour faire simple, les poissons dans ce bac d’eau, on va les nourrir. Je les nourris, ils vont manger, ils vont être contents et avoir des rejets et les rejets des poissons sont exactement ce dont les végétaux ont besoin pour croître. Ça fonctionne avec tous les végétaux. [00:10:00] On a tout essayé depuis 2014. Des légumes, des fruits, des arbustes, des plantes, des fleurs, des petits fruits, des grands fruits, des fruits, des légumes racines, des légumes qui sortent de tout. Et on a décidé en 2019, avec Guillaume, de créer un métier. Donc, on a proposé aux services de l’État français de créer un nouveau métier qui s’appelle Technicien supérieur de l’aquaponie et ouvrier en l’aquaponie, on a créé deux métiers.

    Rebecca Armstrong : [00:10:23] Et d’ailleurs, sur le site, vous proposez des formations?

    Vincent Brault : [00:10:25] Justement, exactement. Depuis qu’on a créé le métier, on a créé l’école. Et donc, l’État [00:10:30] français reconnaît que l’aquaponie fait partie des métiers de demain dont on a besoin. Là, vous voyez, la petite pompe se met en place pour que l’eau circule entre le bas et le haut. L’eau qui redescend est filtrée. Donc depuis janvier cette année, on a diplômé les premiers aquaponistes français qui vont en faire leur métier. C’est une super aventure. Parmi les gens qui viennent se former. On a beaucoup d’Africains. Parce qu’en fait, là, la clé de tout ça, c’est qu’on fait ce qu’on voit ici. On va consommer 90 % d’eau de moins qu’un maraîchage, [00:11:00] même bio. C’est à dire que partout où on se rend compte que la ressource en eau est primordiale, l’aquaponie va nous permettre de produire local, de produire sain et de conserver nos ressources. Ah bah là.

    Rebecca Armstrong : [00:11:13] Oui, c’est quoi ce poisson?

    Vincent Brault : [00:11:14] Eh bien, lui, c’est l’esturgeon.

    Rebecca Armstrong : [00:11:16] Là, on voit un esturgeon qui vient, qui sort la tête de l’eau pour nous saluer. C’est quand même bien pensé Vincent, entre le héron tout à l’heure, l’esturgeon qui vient saluer.

    Vincent Brault : [00:11:22] Je disais tout à l’heure que c’était notre meilleur animateur. Donc l’esturgeon a la particularité d’être très sympa [00:11:30] avec les humains. Il est curieux.

    Rebecca Armstrong : [00:11:32] La curiosité semble être ici une qualité cultivée avec passion. Ce serait donc cela, la Mayenne, terre du Milieu, où l’écologie se veut joyeuse, insolite, prometteuse, confiante. Immersion sonore vous donne rendez-vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

Épisode #6

Immersion sonore

à l'épicerie associative l'Aubépine

C’est à l’ombre du plus vieil arbre de France que les habitants de Saint-Mars-la-Futaie se sont pris par la main pour créer une épicerie associative et solidaire.
Jus de pomme, poiré, vrac et même terrine de canard et vin du Sud-Ouest, ils ont désormais tout a disposition grâce à cette belle aventure humaine.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à l'épicerie associative l'Aubépine

    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires, ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire la Mayenne. La Mayenne, terre du milieu où l’on se retrouve main dans la main, où l’on se retrousse les manches pour créer des lieux de vie, des lieux de solidarité. La preuve à Saint-Mars sur la Futaie, Philippe Boissel préside l’association qui a créé en 2015 une épicerie associative unique en son genre.

    Philippe Boissel : [00:00:44] L’aubépine, alors, l’aubépine, donc, c’est un arbre qui est très important sur la commune. C’est l’arbre le plus vieux, normalement l’arbre le plus vieux de France, donc il y a 1700 ans. On a des écrits du Moyen Âge du X siècle qui dataient déjà cet arbre là comme très ancien et qui a donné son nom à l’épicerie tout naturellement.

    Rebecca Armstrong : [00:01:08] Alors, je le disais, une épicerie associative, qu’est ce que ça veut dire, être une épicerie associative ?

    Philippe Boissel : [00:01:13] Ça veut dire que des gens du village se sont pris par la main pour remonter un commerce, puisqu’il n’y avait plus de commerce dans le village et que c’est compliqué à l’heure actuelle de trouver des gens, des gérants qui vont prendre à leur compte une épicerie d’un petit village comme ça. Donc, on s’est dit que le meilleur moyen, c’était de créer une association des gens du village et des gens autour du village qui sont intéressés par le concept. Et donc, c’est ce qu’on a fait. On a créé une association et c’est cette association-là qui gère l’épicerie depuis le départ.

    Rebecca Armstrong : [00:01:47] Donc depuis le départ, c’était en 2014, je crois.

    Philippe Boissel : [00:01:49] Voilà, ça fait. Ça va bientôt faire sept ans au mois d’avril. Ça fera sept ans que le magasin est ouvert. Sept ans d’une belle aventure humaine et d’une belle aventure de solidarité aussi, puisque il est question de solidarité aussi dans tout ce qui est associatif.

    Rebecca Armstrong : [00:02:05] Alors, vous avez évoqué le terme de solidarité. J’imagine qu’on le découvre en se baladant dans les allées de l’épicerie de l’Aubépine. Alors on était juste devant la caisse il y a quelques instants. Maintenant, on est au rayon fruits et légumes. C’est une démarche de solidarité avec les producteurs locaux.

    Philippe Boissel : [00:02:24] Alors avec les producteurs locaux, on a toute une partie en bio et permaculture. Donc deux jeunes qui se sont installés sur deux communes voisines, qui viennent nous apporter les paniers, qui viennent nous apporter ce qu’ils cultivent et une solidarité aussi avec tous les producteurs locaux. Là, on voit par exemple tous les jus de pomme, le poiré, etc. C’est fait sur la communauté de communes ou juste en limite de la manche, puisque nous nous sommes en limite de la manche ici. On a cette partie là de fruits légumes. On a aussi du traditionnel parce que pour permettre le service, justement, on a une clientèle de personnes âgées qui habite le bourg et qui ne peuvent pas se déplacer. Au début, on leur a dit qu’est ce que vous voulez trouver dans l’épicerie? Et on se débrouille pour trouver les produits que les gens demandent. On a une demande, par exemple, pour tout le vrac en bio, donc on a fait un sondage de la semoule, des graines. Voilà, on en a fait un sondage : riz rond pour le riz au lait, le riz traditionnel pour la cuisine, toutes les graines ici, le sucre, le sucre de canne. Et on a pris les produits que les gens sollicitaient.

    Rebecca Armstrong : [00:03:42] Ici, on vient faire ses courses et découvrir des produits sélectionnés pour faire rimer terroir et solidarité, fruits et légumes, produits fermiers transformés ou encore vins de petits domaines. Les agriculteurs et artisans engagés dans la préservation de leur terroir sont à l’honneur. Alors si je me balade dans les allées, je vois des boîtes de conserve. Je vais en prendre une. Ici, je vois une terrine de canard au poivre vert. Quelle est l’histoire de cette terrine ?

    Philippe Boissel : [00:04:14] Alors voilà, c’est une belle histoire. Parce que c’est une histoire avec une agricultrice de la commune qui élève des canards, des pintades pour des particuliers. Et lorsqu’on a ouvert l’épicerie, elle est venue vers nous et nous a demandé ce que ça vous intéresserait d’avoir de la volaille toute fraîche à vendre aux clients, prêtes à consommer, prêtes à cuisiner. Alors, on lui a dit oui. Donc, on a fait des essais et ça a fonctionné. Donc là, on en a en permanence. Et toutes les semaines, il y a une plus grosse vente puisqu’on a une newsletter et les gens peuvent commander par Internet aussi à l’épicerie. Et de là, on lui a dit Mais pourquoi tu cuisines pas non plus tes volailles ? Pour faire des terrines, local et donc elle a fait des recherches et donc elle a accepté et maintenant il nous cuisine. On a une quinzaine de variétés de cuisine de chez elle, donc ça vient à 3km de l’épicerie, donc c’est fait, c’est vraiment du local.

    Rebecca Armstrong : [00:05:18] On trouve aussi un beau rayonnage de vins dans l’épicerie. Je continue à piocher

    Philippe Boissel : [00:05:25] Allez-y

    Rebecca Armstrong : [00:05:25] Alors jardin de Megara, Domaine de Pouypardin.

    Philippe Boissel : [00:05:31] Alors ça, c’est un vin du Gers pareil. Quelqu’un qu’on a rencontré. On cherche des œufs, des tout petits producteurs et des gens qui refusent de vendre à la grande distribution, qui ne vendent qu’en cave ou en restaurant. Et là, par exemple, c’est un jeune qui s’est installé un domaine de 6 hectares et demi de vigne et qui travaille, qui a recréer des haies pour recréer de la biodiversité sur son domaine. Tous les grains de raisin sont mis sur des clayette dans la vigne et retravaillés au chai. C’est des produits vraiment de très, très bonne qualité et c’est ce qu’on recherche. Et puis, des gens vraiment qui sont dans le même esprit que nous, c’est à dire qui, qui, qui privilégie la qualité du vin bien fait ou bio. Alors là, c’est le Pouypardin c’est hautes valeurs environnementales. Vous avez pris un autre vin ? Celui-ci c’est un vin bio

    Rebecca Armstrong : [00:06:24] Vin bio, Domaine du Boiron

    Philippe Boissel : [00:06:25] Boiron, alors domaine du Boiron. C’est Philippe Cabrel, le frère de Francis Cabrel, qui a repris la ferme des parents et donc Francis Cabrel et le principal actionnaire du domaine. Par ailleurs, un tout petit domaine. Et là, c’est du vin bio. Donc, lorsqu’on y va, on entend chanter Francis Cabrel parce que ces studios de répétition et d’enregistrement sont au-dessus des chais. Il y a les chais, puis au-dessus, on entend la musique.

    Rebecca Armstrong : [00:06:51] L’aubépine elle est à l’image de ce qui fait l’identité mayennaise aux yeux de Philippe

    Philippe Boissel : [00:06:56] L’art de vivre mayennais. Je dirai encore prendre le temps, prendre le temps de faire les choses, ne pas toujours courir. Je pense qu’encore dans nos campagnes, on arrive à faire ça. Et puis aussi, la convivialité le fait. On ne peut pas aller chez quelqu’un sans boire le café, s’asseoir et des fois, on y va cinq minutes. Deux heures après, on y est toujours. Mais voilà, je crois que ça caractérise encore bien nos zones rurales et le département de la Mayenne. Et aussi le fait de bien se connaître sur le département puisqu’on est un petit département. Et tout compte fait, tout le monde se connaît donc aussitôt qu’on est dans le milieu associatif, on connaît les autres. Nous par exemple, on connaît un peu l’épicerie de Fontaine-Daniel, etc. Elise, on se connaît tous, donc c’est une particularité de nos petits départements.

    Rebecca Armstrong : [00:07:56] Philippe Boissel et les bénévoles de l’association qui l’entourent ont ainsi créé un lieu qui ne cesse de se développer. Newsletter et commande en ligne, catalogue des produits et paniers cadeaux font partie des clés du succès du lieu. Quel avenir pour l’aubépine et ses lieux atypiques ? Philippe regarde loin.

    Philippe Boissel : [00:08:16] Mon idée dans les années à venir, dans les dix ans, dans les dix ans. Je pense que tous ces lieux deviendront des tiers lieux. Je pense qu’il faudra faire autre chose oui.

    Rebecca Armstrong : [00:08:31] Vous voulez bien nous expliquer.

    Philippe Boissel : [00:08:33] Oui il faudra pouvoir avoir des lieux qui accueillent les gens, par exemple, ou à avoir d’autres salles à côté où des personnes âgées peuvent venir le soir après l’école pour faire des jeux de société avec les enfants? On a un club de jeunes de VTT où des adultes peuvent apprendre aux gamins à réparer leur vélo, etc. Moi, je vois ça, mais pas à l’heure actuelle. Si c’est trop, c’est encore trop avant-gardiste, disons, pour que ça passe facilement à l’heure actuelle. Mais dans les dix ans, oui, plutôt ça. Et puis vraiment, avoir un partenariat avec tous les jeunes qui sont en train de s’installer en permaculture, on en a de plus en plus de jeunes qui y sont revenus là, qui qui qui ont acheté des petits bouts de terrain. Et ça, faire vraiment du lien avec eux. Beaucoup plus que ce qu’on fait à l’heure actuelle. Je pense qu’à un moment donné, il faudra que les municipalités se disent que ça, c’est un service public. Donc, faire une délégation de service public de façon à ne pas toujours courir après, après la subvention, etc. Voilà, on rend service à la population. Ça doit servir à toute la population. Donc, nous, municipalités, on pourrait, par exemple, prendre un salaire en charges. Ça peut prendre un local sans loyer. On fait des choses comme ça.

    Rebecca Armstrong : [00:09:57] Ce serait donc cela la Mayenne, terre du milieu solidaire, qui imagine des lendemains rapprochant toujours plus les gens autour de valeurs simples et vraies. Immersion sonore vous donne rendez vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

Épisode #5

Immersion sonore

au Roc au Loup

À la croisée des chemins creux, à l’ombre de la forêt et des haies naturelles, c’est là que les chevaux du Roc au Loup profitent de foisonnants herbages. Nous partons à leur rencontre et à celle de Marie-Anne et Éric Lefort, qui font de ce lieu un paradis pour les amoureux des équidés.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Roc au Loup

    2-ROC AU LOUP_mastered.mp3
    Rebecca Armstrong: [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire, la Mayenne. La Mayenne, terre du milieu qui se dessine en vallon, le vert se déploie, herbages, forêts, haies. Et là se niche le Roc au loup à Andouillé. Le Roc au loup est bien plus qu’un centre équestre. C’est un lieu ancré en profondeur dans son territoire parce que le Roc au loup est une histoire de famille. Mare-Anne Lefort est maîtresse des lieux. Elle est aussi la fille d’Eric, qui a créé Le ROC aux loups. Et c’est ensemble qu’il invente ce lieu de vie unique.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:00:55] A l’origine, il y a une grotte dans la forêt. Parce que vous avez vu en venant, il y a une grande forêt.

     

    Rebecca Armstrong: [00:01:00] Oui, parce que on est dans un secteur très vallonné et donc au dessus de nous, il y a la forêt.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:01:03]. Il y a une forêt, donc une forêt privée qui nous appartient. Et dedans, il y a une grotte qui s’appelle le Roc aux Loups. Et à l’époque, donc, mon papa, en 1996, il a créé le centre équestre, l’élevage de chevaux et le gîte de groupe. Il ne voulait pas mettre un thème équestre puisqu’il n’y avait pas que des chevaux. On va descendre vers les champs, les prés des chevaux où ils vivent en état naturel. Ils vivent aux prés en troupeaux toute l’année, été comme hiver. Donc ils s’abritent avec des haies quand les saisons sont un peu moins bonnes, ils font du poil d’hiver, mais toute l’année, ils vivent dehors

     

    Rebecca Armstrong: [00:01:36] Et en fait, on chemine. On a l’impression d’être dans un chemin forestier. C’est agréable.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:01:40] Allez, pousse très bien par chez nous et on a la chance d’avoir des haies naturelles qui ont été gardées, qui n’ont pas été abattues ici. Donc on a tout à la structure et représente 150 hectares. On a beaucoup de chemin, des petits chemins creux comme ça, bordé de chaque côté, et ça permet d’accueillir aussi bien des débutants que des confirmés et les débutants. Même s’ils sont jamais montés, ils peuvent découvrir en premier trot un premier galop. Absolument ce que les chevaux, ils restent dans l’axe,

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:12] C’est ça exactement. On n’a pas de risque de

     

    Marie-Anne Lefort: [00:02:15] Passer de tout côté et ça, c’est vrai que les gens sont très étonnés. Ils viennent faire une première balade d’une heure. On va traverser la rivière, on galope. Ils sont rois.

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:27] On vous voit un cheval blanc avec une longue crinière.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:02:32] C’est un de nos étalons sélénium

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:34] Qui n’a pas rêvé de vivre une expérience en pleine nature, à deux pas du galop fougueux de chevaux en liberté dans un coucher de soleil. Alors, il faut venir ici, car c’est l’expérience de leur hébergement insolite. Donc là, on arrive sur la terrasse de la Tiny House,

     

    Marie-Anne Lefort: [00:02:54] Exactement la Tiny, au cœur du champ des chevaux Camargue. C’est vraiment une petite maison avec tout le confort nécessaire. Là, vous voyez, à travers la fenêtre, on voit les chevaux. C’est quand même merveilleux. On s’endort comme

     

    Rebecca Armstrong: [00:03:10] Des chevaux, la fenêtre juste au dessus de l’espace cuisine.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:03:14] Elle a vraiment été faite pour cet endroit là, avec les grandes baies vitrées partout pour créer un maximum de vue sur la vallée. Il y a la rivière juste juste au bord, derrière la haie. Et puis les gens, quand ils sont ici, peuvent aller donc plus près des chevaux en allant dans un champ, créer quelque chose d’assez insolite. On aime bien, dans la famille, créerdes au niveau de la structure des choses qui ne sont pas ailleurs. Et puis, vous le

     

    Rebecca Armstrong: [00:03:40] Disiez, il y a la rivière. Au fond du champ, on aperçoit la ripisylve. Là, les arbres qui la bordent.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:03:46] Oui, il y a de la pêche pêche à la mouche et un parcours en partenariat avec le département de la Pêche. Et puis, il y a possibilité de faire du canoë kayak sur l’Ernée. C’est la rivière l’Ernée, c’est learning.

     

    Rebecca Armstrong: [00:04:01] On enjambe la barrière et nous voilà en territoire des Camarguais

     

    Marie-Anne Lefort: [00:04:08] Qui sont extrêmement habitués à avoir des personnes dans le champ puisqu’on accueille beaucoup de groupes, dont des scolaires ou, pendant les vacances, les enfants en stage. Aucune des activités, c’est de venir aux champs, étudier un peu leur état naturel, leur comportement, la hiérarchie.

     

    Rebecca Armstrong: [00:04:27] Le Roc au loup, c’est l’amour de la nature, la nature comme lien pour ouvrir de nouveaux horizons, pour transmettre entre générations, entre les publics, entre le cheval et l’être humain. Ici, au ROC au Loup, vous accueillez des publics très différents.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:04:44] L’objectif de la structure, c’est vraiment d’accueillir le plus de personnes proposées au plus de personnes possible, en tout cas de pouvoir pratiquer l’équitation. Nous, on a la chance d’avoir envoyer les chevaux Camargue. Ça a quand même une taille qui n’est pas trop haute le fait de vivre dehors dans des conditions naturelles. Ils ont un mental qui est très calme, donc on peut facilement mettre des personnes dessus. On a un accueil de jour d’enfants déscolarisés en partenariat avec le département. Donc, c’est pareil. Un objectif de réinsertion, de vie scolaire ou personnel.

     

    Rebecca Armstrong: [00:05:18] Mais ça, demain, ça. Aussi ouais, c’est ça, finalement, ici, on ne consomme pas de l’équitation, la vie, c’est quelque chose de cet ordre là.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:05:26] Ah oui, oui, oui, vraiment. Les Cavaliers arrivent en avance pour apprendre à préparer leur cheval, en prendre soin. Ils s’entraident dans les groupes, c’est vraiment. Tout le monde se connaît, c’est familial. Chacun peut compter les uns sur les autres. C’est vraiment très important pour moi de transmettre ça. L’équitation tout seul. C’est moins rigolo que le partage à plusieurs dans le manège, ça peut être du plat, du saut. On va dans le cross, on va dans les chemins de balade, on peut faire des tas de choses. Donc les cavaliers qui ont vraiment envie de partager quelque chose, de s’impliquer. Il y a de quoi faire. De quoi être heureux?

     

    Rebecca Armstrong: [00:06:02] Absolument. Donc là, on traverse un champ en diagonale qui remonte vers les bâtiments. Et sous ces branchages, on voit au loin apparaître d’autres animaux noirs. Cela, pas des chevaux. Vous allez nous les présenter.

     

    Marie-Anne Lefort: [00:06:19] Donc, ce sont les nos bovins Angus de race Angus qu’on a un élevage de bovins allaitant pour de la vente directe de viande.

     

    Rebecca Armstrong: [00:06:28] Alors, c’est quoi la race Angus? C’est quoi sa particularité?

     

    Marie-Anne Lefort: [00:06:31] Donc, c’est une race écossaise qui est extrêmement réputée pour la qualité de sa viande, qui est une viande très goûteuse et persillée. Donc, ils sont pareils, vivent dehors toute l’année. Nourris uniquement à l’herbe et au foin.

     

    Rebecca Armstrong: [00:06:50] Alors, il pleut désormais sur le ROC au loup. Mais ça n’enlève rien au charme du paysage. Éric Lefort, père de Marianne, nous rejoint après notre balade à travers champs.

     

    Speaker3: [00:07:06] Alors les chevaux? Quand j’étais jeune, je les ai connus à la ferme, chez mon grand père. Ce n’était pas du tout le même style de chevaux puisqu’à l’époque, c’étaient des chevaux de trait. Il n’y avait pas encore la mécanisation. Je me souviens très bien, tout petit, d’avoir vu le tracteur arriver. Le premier tracteur arrivait dans la cour de la ferme. Donc, c’est vrai que c’était une autre époque, une autre, une autre histoire.

     

    Rebecca Armstrong: [00:07:29] Marianne l’a évoqué la dimension sociale est primordiale. Ici, s’ouvrir aux différents publics, s’adapter aux besoins sont pour eux des règles d’or qui s’appliquent jour après jour.

     

    Speaker3: [00:07:40] Et puis, c’est vrai qu’au niveau social, moi, j’aime bien. Ça me désole toujours de voir un peu des gens, des jeunes qui sont un peu à la ramasse, entre guillemets. Et donc, si on peut contribuer à leur ouvrir les yeux un petit peu dans un cadre différent, avec des outils différents. Le vecteur social n’est pas forcément uniquement pour les jeunes déscolarisés. On a eu aussi des des adultes en situation de rupture, un peu dans leur vie professionnelle ou carrément familiale. Et puis, il y a ce formidable outil qu’est le cheval et qui facilite vraiment beaucoup, beaucoup de choses en terme de en termes d’échanges. Oui, absolument. Il n’y a pas que des publics défavorisés ou autres. On a aussi accueilli la dans le cadre de séminaires des chefs d’entreprises mayennais.

     

    Rebecca Armstrong: [00:08:33] Comment vous décririez l’art de vivre mayennais de la Mayenne? Ce serait quoi pour vous?

     

    Speaker3: [00:08:41] On essaye de faire partager un peu ce que l’on connaît. Donc ça, c’est un peu nouveau. En Mayenne, il y a quelques dizaines d’années, on avait plutôt. On avait plutôt la réputation d’être un peu taiseux et puis de pas forcément accueillir les personnes que l’on croisait à bras ouverts. Par contre, une fois que le contact était établi, il y avait des liens qui se créent. C’était toujours des liens forts. Et d’ailleurs, au niveau du tourisme, je pense qu’on a de plus en plus de gens qui, auparavant, étaient uniquement de passage. Ils traversent la Mayenne, cotisent à leur Bretagne, ils connaissaient l’autoroute ou c’est tout. Et maintenant, ils ont commencé par faire des séjours, des courts séjours de jour. Trois jours et ils s’arrêtent un peu. Puis on a des gens qui viennent passer une semaine, quinze jours. Maintenant, ça a changé et d’horizons vraiment vraiment différents. Nous, ce qui nous paraît un petit peu notre quotidien et ce qui nous paraît un petit peu banal. Quand on voit l’espace, les chouettes ou pour eux, il y a toujours l’effet wow. Donc, on a des arguments, on a des arguments à nous.

     

    Rebecca Armstrong: [00:09:48] Ce serait donc cela, la Mayenne, une terre du milieu accueillante qui reconnecte l’humain à l’ensemble du vivant, qui affirme ses différences et dévoile ses richesses à qui sait écouter, voir, ressentir. Immersion sonore vous donne rendez vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

Épisode #4

Immersion sonore

aux Savons de Raphaël

Faire rimer cosmétique avec écologie, c’est le pari que s’est lancé Florence Ankri. Elle nous accueille dans sa boutique-atelier nichée dans les veilles rues de la ville de Mayenne pour nous raconter l’histoire et le succès de ses savons zéro déchet 100% mayennais, sains, simples et efficaces.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Savons de Raphaël

    Immersion Sonore au Savons de Raphaël

    Speaker1: [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires, ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire la Mayenne. C’est pour la toute aussi la Mayenne, c’est la Terre du Milieu qui attire à elle de nouveaux visages pour que s’épanouissent des vies nouvelles. À quelques pas de la rivière, de l’autre côté du château, fièrement installé sur son flanc rocheux, il faut monter la rue Saint-Martin, à Mayenne, même sur la droite, au numéro 30. Entrer. Se laisser attirer par le sourire de Florence Encré, qui a créé il y a dix ans la marque et la boutique Les savons de Raphaël. Comment avez vous été adopté par la Mayenne?

     

    Speaker2: [00:00:56] En fait, c’est un pur hasard. Je suis Parisienne et j’ai décidé, il y a vingt ans, d’aller vivre à la campagne. Je ne vais pas vous dire sur un coup de tête, mais c’est vrai ce que ça en fait. J’ai toujours eu envie de vivre à la campagne alors que je suis vraiment Parisienne intramuros. Ce n’est à Paris, de parents parisiens, etc. Et toute petite, j’aimais déjà la campagne, donc ça doit être vraiment ma personnalité. Donc, un jour, j’ai entouré 300 km autour de Paris. Et puis j’ai débarqué à Montsûrs parce que j’avais une maison qui me plaisait énormément, de particulier à particulier. Et j’ai eu un coup de foudre en l’espace de quelques secondes et je me suis dit que c’est là, givré. Donc j’ai débarqué quinze jours après que mes valises très bien.

     

    Speaker1: [00:01:36] Alors, les valises en main, vous voilà en Mayenne. Qu’est ce qui vous a amené à créer les savons de Raphaël?

     

    Speaker2: [00:01:43] Ensuite, en fait, quand je suis venu en Mayenne, c’était aussi pour un côté écologique zéro déchet qui, à l’époque, ne se faisait pas encore énormément, mais qui touchait déjà beaucoup. Donc, j’aimais déjà la cosmétique et j’ai commencé à faire des produits pour moi. Elle est distribuée pour les copines. Et puis, j’étais tellement contente. Il y a eu, il y avait des résultats que je me suis lancé. Après, pour finir ce projet de vie écologique entre guillemets zéro déchet, je trouvais que la cosmétique était un domaine peu écologique.

     

    Speaker1: [00:02:18] Ici, juste derrière la boutique, dans l’atelier avec son équipe, Florence Imagine conçoit, fabrique les produits proposés à sa clientèle. Tout est fait sur place.

     

    Speaker2: [00:02:30] C’est vraiment la dernière gamme déodorants, dentifrices, shampoings, baumes. Le tout est rodé chez à dire. Soit il n’y a pas d’emballage du tout, comme les shampoings et les savons. Soit il y a un emballage en verre et c’est recyclé. Il y a une consigne, c’est recyclé. Donc en fait, on peut faire une salle de bain complètement zéro déchet.

     

    Speaker1: [00:02:48] Comment était accueillie cette boutique? Cette offre à ses débuts

     

    Speaker2: [00:02:53] Ne va pas bien. Ha ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! J’ai galéré. J’ai beaucoup galéré.

     

    Speaker1: [00:02:58] Alors, onze ans après l’ouverture de la boutique, ces premières années de galère, comme vous disiez

     

    Speaker2: [00:03:03] Pour les deux premières, les deux premières, ça dans sa.

     

    Speaker1: [00:03:06] Elle a pu. Justement, aujourd’hui, qui sont les publics qui poussent la porte de la

     

    Speaker2: [00:03:12] Boutique, alors? Ça a énormément changé. Ça, c’est vraiment quelque chose que j’aime à dire. Il y a une conscience qui s’est développée. Donc, je vois des gens qui viennent par souci écologique, par souci du local, des jeunes filles aussi. Un peu moins de jeunes gens, parce que c’est bon, malheureusement. Encore un domaine féminin. Mais voilà, on accueille les hommes avec la gomme Apollo. Mais je m’attends. Le public est assez large, en fait. Ce qui n’était pas là au départ, donc ça s’est énormément élargi. J’ai vraiment un peu de tout, des j’allais dire des adolescents aux dames un peu plus âgées qui reviennent pour les savons comme dans le temps.

     

    Speaker1: [00:03:52] À l’approche artisanale s’ajoute le goût du local tisser des liens avec des producteurs, connaître le produit, utiliser l’histoire qu’il renferme. C’est ce qui anime Florence. C’est ce qui fait à ses yeux l’identité mayennaise.

     

    Speaker2: [00:04:07] Alors, elle s’incarne par les produits que l’on peut trouver en Mayenne et qui peuvent être utilisés dans le savon, bien évidemment. Simple, simple, simple, efficace et surtout efficace. Voilà, on a oublié l’efficacité dans tout ça. Et j’essaie toujours de faire au mieux en étant efficace, naturelle et si possible, locale.

     

    Speaker1: [00:04:26] J’ai envie d’en savoir plus au Creusons ensemble, Florent, si vous le voulez bien. Peut être une filière. Qu’est ce que je vais choisir? Je vais prendre là, je vois. Savon le pâturage au lait de foin bio, c’est quoi l’histoire de ce savon?

     

    Speaker2: [00:04:42] Alors? Le lait de foin, c’est un lait labellisé. Les vaches ne mangent que de l’herbe. Pas d’alimentation fermenté. Et ces vaches là sont des pures Mayennaises de Mayenne qui ont fait la transhumance. Donc, en fait, la ville bloque tout un parcours extérieur de Mayenne de la ville de Mayenne pour permettre aux vaches d’aller d’un prêt à un autre. Et donc, c’est annoncé dans les journaux. Les gens suivent ce parcours, viennent regarder pour regarder les enfants. S’y voilà les pique nique et il y a vraiment une animation sur cette transhumance qui est. Qui est vraiment un moment agréable à suivre pour toute la famille.

     

    Speaker1: [00:05:23] Donc, le savon, le pâturage porte cette

     

    Speaker2: [00:05:25] Histoire exactement la transhumance à l’un comme à l’ancienne, et ça plaît beaucoup. Vous voyez n’est

     

    Speaker1: [00:05:32] D’ailleurs justement ces explications. Cette pédagogie, vous la partager avec les clients pour cette sensibilisation

     

    Speaker2: [00:05:38] Passe exactement complètement. C’est vraiment le but de la boutique. C’est aussi si je peux me permettre d’éduquer les gens sur leur façon de consommer, sur ce que l’on met dans les ingrédients. On explique toujours le pourquoi du comment à chaque client. Et voilà, les gens sont demandeurs de ça aussi.

     

    Speaker1: [00:05:54] Alors on a la boutique. Et puis vous avez aussi, je crois, un atelier, oui, qui est pas très loin. Est ce qu’on peut y jeter un coup

     

    Speaker2: [00:06:00] D’oeil parce que c’est juste derrière l’envers? L’envers du décor, c’est ça. Donc, en fait, ces produits sur place. Voilà donc avec Chloé. Bonjour, on disait nouvellement arrivés. Alors Candice, qui est en stage, c’est son 2e stage Narayen. Et voilà, donc ça, c’est le local de fabrication.

     

    Speaker1: [00:06:22] Alors imaginons la fabrication d’un savon. Quels en sont les étapes?

     

    Speaker2: [00:06:26] Alors, nous allons prendre déjà du beurre de karité, de l’huile de coco qui sont les beurres solides dans la composition du savon que l’on fait chauffer pour les faire fondre, pour qu’elle atteigne le stade de liquide. Et puis après, nous allons prendre de l’huile d’olive. Quand le karité et l’huile de coco ont fondu, on rajoute ces huiles là pour sa peau unifier tout ce qu’on est en saponification, à froid ou à froid. Voilà, donc, c’est à 35 °C. Le savon n’est pas chauffé, donc ça respecte les propriétés des huiles. On rajoute l’élément qui va permettre de sa peau unifiée, donc est de la soude d’un corps, évidemment, à des proportions bien définies. Voilà, on va prendre un mixeur. En fait, ça va faire comme une pâte à crêpe, en quelque sorte.

     

    Speaker1: [00:07:14] Et donc, tout est fait à petite échelle, à la main. Ici, donc, c’est vraiment voilà.

     

    Speaker2: [00:07:20] Alors évidemment, là haut, je vous montre un savon, mais on fait plus huit kilos par jour, vos kilos par jour, voire plus, au moment des Fêtes. On verse dans l’eau, dans les moules moule à cake, puisqu’après en magasin, on alors on tapote le moule pour éviter. Voilà, on va faire un petit dessin. C’est notre marque de fabrication. Et puis, on va laisser sécher un mois.

     

    Speaker1: [00:07:47] Voilà avec des indications. Et ce sont en effet comme des cake, c’est ça.

     

    Speaker2: [00:07:50] Et puis après nous, en magasin, on coupe au poids. Donc, chaque personne peut prendre ce qui veut en savoir.

     

    Speaker1: [00:07:56] Et cette fabrication, c’est atelier. Ce que, de temps en temps, ça vous arrive de l’ouvrir sur des moments particuliers

     

    Speaker2: [00:08:02] Pour les écoles ou pour les écoles. On a fait plusieurs ateliers, on donne à faire la semaine dernière, on en fait un mois de novembre. Donc, en fait, c’est les écoles qui viennent souvent vous voir. Comment ça se passe. Donc on fait une présentation de savon

     

    Speaker1: [00:08:14] Après 20 ans ici, en terre de Mayenne. Florence se sent plus mayennaise que parisienne. Adoptée, elle chérit les lieux et cultive l’art de vivre qui l’a conquise.

     

    Speaker2: [00:08:25] Vous connaissez la l’air que l’on respire, la verdure que l’on peut voir, la simplicité dans tout ce que j’aime dans la Mayenne, c’est la simplicité, mais dans le bon sens du terme. On ne cherche pas à épater. J’aime ce côté un peu caché qui permet de rester justement tranquille,

     

    Speaker1: [00:08:45] Là, tranquille, et cette simplicité

     

    Speaker2: [00:08:48] Avec une qualité de vie que je n’ai pas retrouvée ailleurs. Donc, merci à vous. Merci. Merci bien. Enfin, à voir.

     

    Speaker1: [00:09:00] Une cliente vient de sortir de la boutique. Elle est venue avec un contenant vide.

     

    Speaker2: [00:09:05] Alors, chaque personne qui vient chercher soit un pot de crème, soit après shampoings, soit un beau mot, un déodorant. On revient avec son pot. En fait, on récupère le pot et on déduit la consigne sur le pot d’après. Et puis, on encaisse.

     

    Speaker1: [00:09:18] L’emballage se fait dans des feuilles de papier journal.

     

    Speaker2: [00:09:21] Oui, là aussi, c’est une marque de vêtements. On reprend des choses qui existaient il y a déjà longtemps pour pas gâcher bêtement et tout simplement du papier. Et donc, tout ce qui peut être réutilisé est réutilisable.

     

    Speaker1: [00:09:36] Eh bien, merci beaucoup.

     

    Speaker2: [00:09:37] Florence, merci d’être venus.

     

    Speaker1: [00:09:39] Ce serait donc cela, la Mayenne, terre du Milieu, qui incarne discrètement, mais profondément l’éthique d’une responsabilité écologique partagée, source de créativité et de bien être. Immersion sonore vous donne rendez vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

     

Épisode #3

Immersion sonore

à Sainte-Suzanne

Des murailles, un donjon, Guillaume Le Conquérant, Rebecca Armstrong part à la découverte de l’univers chevaleresque d’un des Plus Beaux Village de France : Sainte-Suzanne.
Pascal Trégan, directeur du Centre d’Architecture et du Patrimoine, partage avec nous l’histoire et l’atmosphère de cette cité millénaire.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore à Sainte-Suzanne

    Immersion Sonore à Sainte-Suzanne

    Rebecca Armstrong: [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire la Mayenne. La Mayenne, terre du milieu qui, dès le Moyen Âge, suscite les convoitises. A la croisée d’axes stratégiques traversant la France, cette terre voit s’établir des seigneurs qui élèvent leurs bâtissent sur des sites surplombant les alentours. C’est le cas avec le château de Sainte-Suzanne. Le département y a installé en 2009 le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, où Pascal Trégan travaille au quotidien.

     

    Pascal Trégan: [00:00:50] Alors quand on arrive ici, on arrive dans une grande cour arborée que certains appellent un parc d’ailleurs, nous on dit la cour. Et quand on est dans cette cour, en fait, on nous dit on est en environné de différents bâtiments. Alors là, on est au pied du donjon. C’est le bâtiment le plus massif qu’on a dans la cour. C’est un peu le symbole du château de Sainte-Suzanne et même de Sainte-Suzanne tout court, je dirais, parce que c’est un bâtiment du début du 11ème siècle qui, finalement, vu son âge, il va tranquillement sur ses 1000 ans, a assez peu souffert. Et le grand fait d’armes, si je puis dire de ce monument, c’est qu’à la fin du XIXe siècle, il a vu passer les troupes de Guillaume le Conquérant pendant presque quatre ans.

     

    Rebecca Armstrong: [00:01:29] C’est ça. Guillaume le Conquérant n’a pas réussi a prendre la citadelle ?

     

    Pascal Trégan: [00:01:32] Il n’a pas réussi, il a stationner ses troupes un peu plus loin. Et finalement, le donjon et le château et le seigneur de Beaumont, qui était seigneur de Sainte-Suzanne à l’époque, ont résisté trois ans et demi aux assauts de Guillaume, qui a fini par capituler. Donc, ça s’est soldé par un traité à l’amiable. Ensuite, on a tout un ensemble de remparts qui on a été assez remanié entre le 13e et le 17e siècle. Un bâtiment en face du donjon qu’on appelle depuis toujours improprement la bergerie, puisqu’en fait, c’était plutôt une écurie à l’origine et qu’on utilise beaucoup ici, puisque c’est dans ce bâtiment non seulement qu’on accueille des ateliers éducatifs pour le jeune public, mais c’est là aussi qu’on organise régulièrement dans l’année des expositions artistiques d’artistes contemporains, d’artistes vivants, notamment d’artistes mayennais. Et puis le grand bâtiment, donc,

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:17] Derrière nous, au sud.

     

    Pascal Trégan: [00:02:18] Ça, c’est le logis qu’il accueille depuis 2009, un centre d’interprétation du patrimoine. C’est un équipement qui a été créé par le département de la Mayenne, qui est propriétaire du site, qui le gère et qui l’anime depuis 25 ans. Un équipement qui est destiné à présenter en gros toutes les facettes du patrimoine que le public pourra découvrir dans le département.

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:35] C’est ça, rayonner dans le territoire. Et on est, on où ?

     

    Pascal Trégan: [00:02:40] Est vraiment sur un plateau. Sur un plan, c’est simple, on est juste à la pointe de l’éperon. C’est un plateau triangulaire de ce côté qui domine effectivement la vallée de l’Erve et la petite rivière qui passe en contrebas.

     

    Rebecca Armstrong: [00:02:51] Le château de Sainte-Suzanne est l’un des sites les plus visités de Mayenne pour sa valeur patrimoniale, architecturale, mais aussi pour le patrimoine naturel.

     

    Pascal Trégan: [00:03:02] Là, on est sur un environnement qui est juste magnifique avec les collines des Coëvrons, la Sarthe et derrière et de l’autre côté et bombé. À cette heure ci. En plus, on entend la rivière, on bat les oiseaux. Il n’y avait guère que l’on voit là.

     

    Rebecca Armstrong: [00:03:16] Alors, sur ce site, vous le disiez, vous accueillez des groupes avec des ateliers pour le jeune public. Justement, comment on permet aux enfants de faire lien avec un site historique comme celui ci?

     

    Pascal Trégan: [00:03:29] Notre objectif en terme de pédagogie du patrimoine ou de médiation du patrimoine, c’est de mettre les enfants en contact avec l’architecture, l’histoire ou le patrimoine naturel de la façon la plus vivante, la plus ludique possible. L’idée, c’est aussi, dans la mesure du possible et en fonction des sujets qu’on aborde qui le qui produisent quelque chose. Soit c’est une maquette, soit c’est un dessin surdimensionné. Mais en tout cas, voilà qu’ils repartent avec quelque chose, soit dans la classe, soit la maison, pour garder une trace de cette fameuse expérience vécue ici.

     

    Guide : [00:04:00] Et enfin, comment on mesure 100 mètres à l’époque de l’époque du Moyen-Age. Donc, vous avez dix minutes par vous pour y réfléchir et émettre des hypothèses. Et au cours de l’atelier, on verra si vous avez des prothèses sont bonnes ou pas. D’accord, vous avez bien compris et on se retrouve donc un peu moins de dix minutes avec vos hypothèses de travail de jouer ensuite avec vos collègues.

     

    Rebecca Armstrong : Dans toute cette histoire de la cité de Sainte-Suzanne, est ce qu’il y a des connexions spécifiques avec certains autres sites de la Mayenne? Parce que c’est vrai qu’on dit de la Mayenne que c’est la réalité et que c’est un territoire très riche en châteaux.

     

    Pascal Trégan: [00:04:41] Il y a par exemple les vestiges d’un avion très intéressant à Villaines la Juhel, dans le Nord-Mayenne. Il y avait aussi un donjon. Il y a toujours un donjon passionnant au vieux château de Laval. On a d’autres traces de donjon dans cet esprit là, mais beaucoup plus ruinée que celui ci. En plus, on est sur une zone. Un peu de marche entre. La Bretagne, l’Anjou, la Normandie au Nord, il n’y a pas que Guillaume le Conquérant, au XVIIe siècle, qui a eu des vues sur le secteur.

     

    Rebecca Armstrong: [00:05:07] Toute cette histoire, ces histoires sont au cœur du travail du Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine, qui couvre l’ensemble du Pays d’art et d’histoire Coëvrons, Mayenne. Grâce à son équipe de médiateurs et guides conférenciers, la cité médiévale de Sainte-Suzanne livre ses secrets.

     

    Pascal Trégan: [00:05:25] On essaye à la fois de révéler et de transmettre. Là, par exemple, nous somme à ce qu’on fait, ce que les gens considèrent aujourd’hui comme étant le rez de chaussée du donjon. En fait, si on était au XXIe siècle, on se au sous sol, on serait dans le cellier puisqu’on rentrait pas comme on vient de le faire par ce gros trou là qui, finalement, est très récent par rapport à l’histoire du bâtiment rentré par le premier étage. Pour des questions de sécurité,

     

    Rebecca Armstrong: [00:05:45] Allez, on monte pour profiter pleinement du château et de sa vue imprenable sur la vallée de l’Erve. Il faut absolument se rendre en haut du donjon.

     

    Pascal Trégan: [00:05:55] Il faut imaginer qu’il y a un plancher au dessus de nous. On voit encore les gros trous supporter les poutres du plancher, donc on était dans le cellier et ça, en fait, ce sont des ouvertures qui étaient destinées à ramener un peu de lumière et surtout à aérer cet espace là.

     

    Rebecca Armstrong: [00:06:07] Et on voit des petites pancartes avec un casque et des numéros. Donc, on peut visiter le site avec un audioguide

     

    Pascal Trégan: [00:06:13] Il y a des audioguide effectivement en location à l’entrée du centre d’interprétation. Il est complété par un parcours d’interprétation numérique auquel on a accès avec son smartphone dès qu’on arrive sur site. On a créé un réseau Wi-Fi fermé qui est dédié au château et donc sans télécharger une application quoi que ce soit en streaming. On peut, on peut consulter des documents d’archives, des vidéos de présentations traduites en langue des signes pour le public, sourds et malentendants. Des photos qui montrent à quoi ressemblaient les chantiers de restauration, c’est à dire tout ce que le public n’a pas pu voir, évidemment, pendant les travaux. Donc, numérique, physique et audioguide. Plus, évidemment, les médiateurs, puisque, malgré tout ça, un bon médiateur continue à être utile.

     

    Rebecca Armstrong: [00:06:51] Voilà à qui on peut poser des questions tout de suite. Exactement. La médiation est ici pensée pour les différents publics individuels, familles, les jeunes. Une médiation rigoureuse sur les contenus et amusante par ses formes. A cela s’ajoute une attention particulière à l’accessibilité.

     

    Pascal Trégan: [00:07:10] Alors, l’accessibilité, c’est une chose qui, pour nous, est essentielle. C’est une démarche qu’on a lancée en même temps qu’on ouvrait le centre d’interprétation. On pense aux personnes à mobilité réduite, en fauteuil, par exemple. Donc là, c’est des questions de circulation et de passage, mais aussi de hauteur de table ou de hauteur de maquette. Dans le centre d’interprétation, ça compte. Mais sont aussi les handicaps sensoriel ou intellectuel. Donc, on travaille beaucoup avec le public, mal ou non-voyants, sourds, malentendants. Et puis, avec le handicap cognitif aussi, pour lequel on a adapté des ateliers de découverte qui permettent au public, malgré les petits soucis qu’ils peuvent rencontrer, d’avoir accès à la connaissance et à l’histoire de ce territoire. C’est un public qui a été un peu délaissé et alors qu’il a toute sa place et qu’on les accueille vraiment avec grand plaisir.

     

    Rebecca Armstrong: [00:07:54] Originaire du Médoc, Pascal Trégan est arrivé en Mayenne il y a de cela 22 ans. Fin connaisseur du patrimoine historique du territoire, il a également été conquis par l’âme de la Mayenne.

     

    Pascal Trégan: [00:08:08] C’est un département qu’on s’approprie assez facilement. C’est un terroir, un environnement, une qualité de vie, un rythme de vie qui me convient tout à fait. J’ai pris racine très vite ici. C’est ce sont des Mayennais accueillants. Certains disent quelquefois que le Mayennais peut être un peu taiseux comme moi. Franchement, je trouve pas. On a été super bien accueilli. On s’est super bien intégré, si je puis dire. C’est un territoire où il fait bon vivre quoi? Alors? Quand on aime les bons produits issus du terroir, quand on aime un environnement naturel préservé et assez diversifié, parce qu’on a quand même plein plein d’unités paysagères différentes dans le département de la Mayenne. Quand on aime discuter avec les gens, aller sur le marché et qu’on aime le patrimoine. Franchement, à par venir en Mayenne, je ne vois pas en quoi

     

    Rebecca Armstrong: [00:09:11] Ce serait donc cela. La Mayenne, terre du Milieu, à la fois convoitée et accueillante, discrète et intarissable, irriguée de mille histoires qui se transmettent ici à Sainte-Suzanne. Immersion sonore vous donne rendez vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

     

     

Épisode #2

Immersion Sonore

au cabaret Le Live

De la danse, du chant, des rires et des bons produits, Rebecca s’immisce dans les coulisses du cabaret le Live à Château-Gontier-sur-Mayenne.
Benoît Piquet, fondateur du lieu, vous raconte les secrets d’un établissement où divertissement, qualité et local sont les maîtres mots.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Cabaret le Live

    Rebecca Armstrong : [00:00:00] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires, ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et, pour fierté, les mille facettes de leur territoire la Mayenne. La Mayenne, terre du Milieu où l’authenticité n’est ni slogans ni promesses, mais plutôt une réalité. Tout près de Château-Gontier, le cabaret Le Live a ouvert ses portes en 2018. Benoît Piquet , bassiste et contrebassiste, a fondé le cabaret avec son épouse Cindy, chanteuse et danseuse. Dans l’intensité des derniers préparatifs, ils nous ouvrent leurs portes. Profitons-en alors.

     

    Benoît Piquet : [00:00:53] Ce lieu, c’est un grand music-hall où il ne se passe pas mal de choses. La première des choses, c’est la musique live. C’est l’authenticité d’un lieu où la musique se joue en live. On a également l’authenticité dans la partie restauration puisque ici, les gens viennent passer un agréable moment pour voir un spectacle, pour manger, pour boire des bonnes boissons. Donc voilà, si je résume ce lieu, c’est vraiment musique live, nourriture très authentique. Et puis des prestations de qualité.

     

    [00:01:20] J’ai envie de dire. Mais cette fois ci,

     

    Rebecca Armstrong : [00:01:32] On était dans l’entrée il y a quelques secondes. Nous venons de passer dans la salle principale où la table, les tables sont déjà dressées, car ce soir, il y a un spectacle, donc il y a un peu d’effervescence. Les derniers préparatifs.

     

    Benoît Piquet : [00:01:42] Quand on arrive en fin de journée, on est à quelques heures du spectacle qui se joue ce soir, effectivement. Donc, toutes les équipes arrivent, que ce soit les équipes artistiques, les équipes techniques, les équipes de cuisine, les équipes de service. Donc, en l’espace de quelques heures, on se retrouve une quarantaine de personnes au sein de ce bâtiment et il n’y a encore aucun client d’arriver. On parle juste des gens qui viennent pour travailler justement sur le spectacle, la technique, le son, la lumière, la partie en salle et la partie cuisine.

     

    Rebecca Armstrong : [00:02:10] Alors, l’authenticité, c’est la musique live et c’est aussi la réalisation des décors par vous-même.  Vous avez un atelier qui est pas très loin?

     

    Benoît Piquet : [00:02:18] Oui, tout à fait. On a la chance d’habiter en campagne en Mayenne dans tous les cas, il y a beaucoup de campagne, donc on a la chance d’avoir un véritable atelier qu’on s’est construit au fur et à mesure des années et qui tout, qui nous permet justement de construire tous nos décors. En tout cas, tout ce dont on est capable de faire. Donc on travaille le bois, on travaille le métal, on travaille d’autres matières, le spectacle. Le fait qu’on les crées nous-mêmes, les décors qu’on a envie d’y ajouter. Ce ne sont pas forcément des décors qu’on trouverait dans les magasins, ça, c’est une certitude et encore moins chez les fabricants. Donc, au bout de quelques années, on s’est vite rendu compte que si on ne les fabriquait pas nous-mêmes, c’était presque impossible. Donc effectivement, on savait. On s’est retroussé les manches, comme on dit en Mayenne, et on a travaillé sur nos décors. Et on a la chance de travailler avec des gens qui travaillent très bien le métal, qui travaillent très bien le bois, ce qui fait qu’on arrive à avoir des rendus plutôt sympas pour le spectacle.

     

    Rebecca Armstrong : [00:03:03] La vie d’artiste n’est pas forcément synonyme de voyages incessants. Cindy et Benoît en sont la preuve vivante. Avec le cabaret Le Live, après une première vie en tournée, ils ont désormais réussi à connecter leurs racines et leur art.

     

    Benoît Piquet : [00:03:20] On fait ce métier là depuis une vingtaine d’années, mais nous étions toujours en tournée un peu partout en France, jusqu’à il y a cinq ans. Et à un moment donné, on a eu envie quand même de se sédentariser de manière à pouvoir lier alliés plus facilement aux dites familles. Exactement. Et puis, vie professionnelle, parce qu’on n’a jamais voulu changer de métier, bien au contraire. Et donc, l’idée d’un music hall, d’un cabaret ou on pouvait exercer notre métier de la même manière, mais en étant sur place, c’est là que c’est venu.

     

    Rebecca Armstrong : [00:03:45] La transmission se joue aussi au sein de la troupe. Des jeunes en formation à l’Institut national du music hall sont intégrés à la communauté du cabaret. Autre ambition du couple mettre en valeur le bon et le local dans l’assiette. Il y a un véritable engagement du cabaret le live en terme de restauration, ce qui va être posé dans les assiettes autour de nous dans quelques heures. Pourquoi et comment?

     

    Benoît Piquet : [00:04:11] Alors pourquoi? Parce que déjà, à titre personnel, depuis toujours, on est, on est de fins gourmets. On aime bien manger. Forcément, on a envie de manger des choses de qualité. Et moi, je suis issu d’une famille d’agriculteurs biologiques. Donc du coup, on a toujours été stimulé par les bonnes choses, par les choses authentiques. Je vous parlais tout à l’heure d’authenticité sur le côté musical. Il était impossible pour nous de jouer un spectacle sans live et puis de donner, entre guillemets, à manger au public sur des choses qui seraient complètement synthétiques ou industrielles. On a eu la chance de rencontrer un traiteur, monsieur Paillard, David Paillard et son épouse il y a quelques années, à qui on a émis cette idée là de travailler sur des produits frais, des produits locaux et des produits biologiques. Je peux vous assurer que c’est tellement peu fréquent chez les traiteurs que lui, il avait déjà ça en tête depuis pas mal de temps. Il travaillait bien évidemment sur des produits frais et des produits locaux. C’est son éthique à lui et il a bien voulu ajouter le côté biologique. Et aujourd’hui, si vous voulez, c’est une valeur ajoutée à ce qu’on propose. Et c’est surtout dans la continuité de ce qu’on propose sur l’aspect artistique. Et on ne pouvait pas du tout faire autrement. C’était impossible pour nous de dire au public Voilà un spectacle 100% authentique, mais sur l’aspect, sur l’aspect nourriture. Ce sera comme ce sera. C’était vraiment important pour nous d’avoir cette éthique là.

     

    Rebecca Armstrong : [00:05:21] Et d’ailleurs, vous êtes à l’origine, je crois. Ou en tout cas, vous contribuez au lancement d’une charte d’éco responsabilité des cabarets. C’est aussi pour l’état d’esprit de diffuser les bonnes pratiques?

     

    Benoît Piquet : [00:05:30] Ben oui, complètement. On a la chance d’adhérer à une sorte de syndicat qui représente un peu tous les cabarets français. On a un responsable de ce fameux syndicat qui est venu nous voir en juillet quand on a pu redémarrer après toute cette période et ils savaient qu’on fonctionnait avec ce genre de fonctionnement. Il sait que ce n’est pas commun et on a la chance, du coup, d’avoir contribué à ce lancement de Chartres de cabaret écoresponsable. Parce que, mine de rien, dans des lieux comme les nôtres, c’est presque des lieux de collectivité où il y a quinze ou vingt mille repas de servis par an. Et je peux vous assurer que ça a du poids pour les pour les producteurs locaux, que ce soit de viande, de légumes, de travailler avec une quantité comme celle ci.

     

    Rebecca Armstrong : [00:06:03] Le cabaret, le live, c’est finalement l’incarnation d’une facette de ce qu’est la Mayenne authenticité, passion et terroir.

     

    Benoît Piquet : [00:06:12] Le plus sympa des adjectifs pour la Mayenne, ce serait accueillant, accueillant pour définir ce territoire. Je pense que la première des choses, c’est un endroit où il fait vraiment très bon vivre. La deuxième, c’est qu’on a un véritable public fidèle fidèle et à la fois exigeant quand même, parce que du coup, c’est des gens qui ont quand même l’habitude d’aller dans certains autres lieux en spectacle et quand ils viennent, en Mayenne, ils n’ont pas du tout envie de se dire allez, c’est un spectacle fait par des Mayennais en Mayenne. On sait qu’on ne va pas forcément retrouver ce qu’on retrouvera ailleurs. A l’inverse, nous, on essaie de relever ce défi différemment et de proposer quelque chose de très qualitatif.

     

    Rebecca Armstrong : [00:06:49] Mais déjà, Benoît doit rejoindre toute l’équipe pour lancer la dernière ligne droite de l’avant spectacle. Il y a ici un véritable esprit de communauté. Cela se voit et s’entend lors des ultimes répétitions. Les gestes sont complices, les voix sont souriantes. Sur scène, chaque musicien est à sa place. Les partitions ajustées et les premières notes emplissent l’espace. Même dans les derniers mois, les danseuses et les danseurs vérifient les pas et les placements dans un éclat de rire. Les chanteuses s’échauffent la voix. On mesure le geste, car c’est plus tard qu’il faudra tout donner. Bang, bang, bang, bang, bang! Les techniciens testent les lumières, les micros. Non, mon. En cuisine, la mise en place s’organise méticuleusement en prévision de la frénésie à venir. Dans les loges, les tenues sont préparées, les cheveux sont brossés. On y rit, mais avec déjà la concentration qui se lit dans les yeux. Pour la montée, il y a un peu comme d’habitude, on ne vit plus que quelques heures et le spectacle commence par.

     

    Rebecca Armstrong : [00:08:28] Ce serait donc cela la Mayenne, terre du Milieu, qui chante et enchante, authentique et joyeuse, créative et rayonnante. Immersion sonore vous donne rendez vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

Épisode #1

Immersion sonore

au Château des Arcis

Nous vous amenons à la découverte du Château des Arcis, à Meslay-du-Maine.
Catherine Cauchois, propriétaire du château nous raconte son coup de foudre pour le lieu et ses passions pour l’art, les fleurs, les oiseaux et pour son département.
Elle nous guide à travers les âges pour nous conter l’histoire et l’actualité de sa monumentale bâtisse du XVIe siècle.

Écoutez le podcast :

  • Transcription podcast Immersion Sonore au Château des Arcis

    Immersion Sonore au château des Arcis

    Rebecca Armstrong : [00:00:00.87] Immersion sonore de la destination Mayenne. Le podcast qui vous emmène à la rencontre de passeurs de territoires. Ils ont pour point commun l’éthique, la bienveillance, l’éco responsabilité, la passion du partage et pour fierté, les mille facettes de leur territoire. La Mayenne.

    Catherine Cauchois : [00:00:28.88] Bonjour, heureusement que j’ai regardé par la fenêtre, ça ne marche pas. C’est uniquement là. Entrez, je suis désolé, je fais le ménage plus à l’extérieur qu’à l’intérieur.

    Rebecca Armstrong : [00:00:39.59] Il y a peu de soucis. Rencontrer la Mayenne? C’est étymologiquement découvrir la terre du Milieu. Là où se situe l’équilibre, là où tout rayonne. Cette terre du milieu dont on dit qu’on y fait que passer. Et pourtant, arrêtons nous ici, là, en Mayenne, pour en découvrir les voix, les [00:01:00.00] sons, les valeurs.

    Catherine Cauchois: [00:01:02.24] Quand on est arrivé ici, on s’est regardé. Et je pense que tous les nouveaux propriétaires de patrimoine vous disent la même chose. Ils ont su que c’était l’endroit,

    Rebecca Armstrong : [00:01:13.07] Le lieu et ce regard échangé, c’était ici ?

    Catherine Cauchois: [00:01:15.20] Ici. c’était devant, c’était à l’entrée. Là, on est arrivé, on a regardé. Alors c’était le mois de mai. Il y avait des lilas en fleurs, ça sentait bon. Il y avait des petits oiseaux.

    Rebecca Armstrong : [00:01:23.75] Ici, c’est le château des Arcis, à 26 km de Laval. Visite du parc, guidé [00:01:30.00] ou non, exposition d’art contemporain, parcours de découverte ludique pour les enfants et leurs parents, rythme le lieu au fil des saisons. Catherine Cauchois, propriétaire avec son mari du château des Arcis, se joue du temps qui passe. Elle le stoppe pendant une visite, tout en se projetant loin dans l’avenir, tout en remontant aux racines des lieux. Entre le 15e et le XVIe siècle, quand naquit le château des Arcis,

    Catherine Cauchois: [00:01:57.71] Nous nous promenons dans le jardin d’agrément [00:02:00.00] qui est donc fait selon le plan de l’époque. Une croix avec l’allée principale qui croise une allée transversale, donc, notre jardin carré et séparé en quatre carreaux.

    Rebecca Armstrong : [00:02:13.01] Vous aviez travaillé avec la Ligue de protection des oiseaux. Pourquoi ? Quel était l’objectif ?

    Catherine Cauchois: [00:02:18.02] Préserver une biodiversité qui est, pour moi, extrêmement importante. On ignore très souvent que tous nos jardins historiques sont des lieux de réserve de biodiversité, tant sur [00:02:30.00] le plan des plantes que sur le plan des animaux. Les chevreuils, les lapins, les lièvres, les faisans, les perdrix.

    Rebecca Armstrong : [00:02:41.69] Et donc être le refuge LPO, ça veut dire quoi?

    Catherine Cauchois: [00:02:46.19] C’est affirmer qu’on n’utilise pas de produits phytosanitaires qui puisse nuire aux insectes et donc à la nourriture des oiseaux. C’est faire [00:03:00.00] tout ce que nous pouvons pour que les nids, les nids ne soient pas détruits, par exemple en préservant nos haies, en particulier en été.

    Rebecca Armstrong : [00:03:08.63] Là, il y a une petite pancarte c’est des restes des activités pour les enfants ?

    Catherine Cauchois: [00:03:11.96] C’est un reste oui que j’ai complètement oublié. Alors j’ai gardé quand même un assez mauvais souvenir de mes visites de monuments historiques dans mon enfance et donc je me suis juré que les enfants ne s’ennuieraient jamais chez nous. Donc, pour l’instant, nous avons deux 2 [00:03:30.00] jeux, un parcours pour les petits, disons âges maternelle ou qui ne savent pas bien lire, qui est justement centré sur les animaux du jardin. Et puis, un parcours pour les grands, un parcours énigmes qui soit ludique, ça leur plaît beaucoup. On passe en particulier par un petit labyrinthe où on peut faire une bonne partie de cache cache.

    Rebecca Armstrong : [00:03:55.19] Là, on marche sur un chemin bordée d’arbres de part et d’autre, l’étang [00:04:00.00] sur notre gauche et on voit l’île avec le petit labyrinthe.

    Catherine Cauchois: [00:04:03.62] Tout à fait on. On est sur l’ancienne digue de l’étang d’eau qui existe depuis le XIXe siècle. Et puis, on a une vue sur le château, sur l’île. C’est un chemin très poétique.

    Rebecca Armstrong : [00:04:17.09] Régulièrement, des artistes sont invités par Catherine à occuper les lieux pour leur donner une nouvelle dimension. Comme un trait d’union entre les joyaux du passé et le présent. Quand une artiste comme [00:04:30.00] Hélène Jousse, qui est sculptrice et qui est Mayennaise d’origine, s’installe avec ses sculptures monumentales dans le jardin. Ça nous dit quoi du passé, du présent ?

    Catherine Cauchois: [00:04:42.58] Ça nous dit que l’art est immuable et existe toujours au cœur des hommes et que la nature est un écrin merveilleux pour inspirer les artistes, mais aussi pour qu’ils puissent y installer leurs créations.

    Rebecca Armstrong : [00:04:58.61] Au château des Arcis, il [00:05:00.00] suffit d’entrer dans l’un des bâtiments rénovés, l’Orangerie, par exemple, pour être pris par le charme des lieux.

    Catherine Cauchois: [00:05:06.73] Donc là, on a notre petite, notre petite orangerie qui nous sert de lieu d’accueil pour les visiteurs. Alors c’est vrai quand nous sommes arrivés. Elle était belle parce qu’elle était recouverte de vignes vierges. En fait, l’entrée est cachée. Je vais aller ouvrir. On passe par le côté. C’est les portes de service du jardinier. Permettent d’entrer. On vous suit, Catherine, Oh, je vais vous ouvrir de l’extérieur, ça vous [00:05:30.00] évitera de vous salir les pieds

    Rebecca Armstrong : [00:05:33.21] Et le sol. Quelle beauté!

    Catherine Cauchois: [00:05:35.56] Alors le sol, lui, c’est vraiment le sol d’origine avec ses tomettes de terre cuite qui sont très, très jolies. Et vous voyez comme l’intérieur est soigné avec même les portes de service du côté pour le jardinier. Il y a un petit fronton en bois triangulaire. Il y a une corniche sous le plafond orientée plein sud pour capter la chaleur du soleil avec le plafond voûté pour qu’on [00:06:00.00] puisse rentrer des armes de grande taille. Et de là exactement, on a. On a une très jolie vue sur le château.

    Rebecca Armstrong : [00:06:09.39] Après 18 années à prendre soin des lieux, Catherine Cauchois incarne l’une des facettes de la Mayenne le goût de cette terre et des eaux qu’il irrigue et des vents qui la dévoilent, de celles et ceux qui en façonnent les paysages.

    Catherine Cauchois: [00:06:24.12] Je suis complètement fan de ce département et surtout à [00:06:30.00] la fois de ses habitants et de son patrimoine naturel et historique. La Mayenne est un département extrêmement étonnant parce qu’il possède un patrimoine extrêmement riche et je pense que ses habitants ont tellement l’habitude de voir ce patrimoine à côté de chez eux, ses chapelles, ses églises, ses châteaux qui sont cachés au bout de deux longues allées, les moulins, les ponts muletier, les fontaines ou les lavoirs [00:07:00.00] encore dans certains villages qu’il ne ne le voit plus. Et ça, c’est quelque chose dont je suis absolument persuadé, qu’il faut faire connaître notre département. Alors on peut dire vivons heureux, vivons cachés, mais quelque part, c’est un peu dommage de ne pas partager ces trésors.

    Rebecca Armstrong : [00:07:21.48] C’est dans la salle à manger de la partie du château habité par Catherine et sa famille que se poursuit la rencontre. Et comme une évidence, une vérité s’y révèle, [00:07:30.00] le patrimoine invite à prendre le temps et mérite en retour le soin.

    Catherine Cauchois : [00:07:36.36] Petit à petit, je me suis rendu compte qu’en fait, le métier que j’avais exercé, j’étais ophtalmologiste, médecin, qui était un métier où on s’intéressait aux autres et où on les soignait, en fait, c’est le même métier que je pratique ici. Quand on travaille dans un jardin, on soigne la nature, on soigne la terre, alors c’est très égoïste parce qu’on se soigne soi même. Planter [00:08:00.00] c’est un acte de foi en l’avenir. Donc, les jardiniers sont des médecins de notre terre. Soigner un monument historique, c’est aussi avoir la même démarche. Il y a une démarche de diagnostic d’abord. Qu’est ce qui ne va pas ? Comment s’y prendre pour soigner ? Et donc, nous soignons nos bâtiments et c’est un travail en équipe superbe. Et quand nous avons fait cette association Quatre pas en Mayenne pour Patrimoine, parcs et Jardins Passions Partage, [00:08:30.00] c’est un travail en équipe aussi pour valoriser nos monuments, pour les restaurer, pour arriver à les faire connaître et à faire connaître notre territoire. Et c’est un travail en équipe aussi avec tous les Mayennais et tous nos élus. Parce que les Mayennais, ce sont nos meilleurs ambassadeurs. C’est eux qui vont dire à leurs familles et à leurs amis venez voir comme notre notre Mayenne est belle

    Et nous sommes des joyaux pour la Mayenne. [00:09:00.00]

    Rebecca Armstrong : [00:09:00.55] Juste des joyaux, justement, est un circuit d’une quinzaine de sites pensés par l’Association des quatre pas châteaux, moulins, parcs et jardins. Abbayes, villages historiques. Mille facettes pour un territoire, mille facettes incarnant l’art de vivre de cette terre,

    Catherine Cauchois: [00:09:18.99] L’art de vivre mayennais. [00:09:21.81] Alors, je pense qu’il y a le sourire et l’accueil. Ça, pour moi, c’est vraiment une évidence. Le [00:09:30.00] bénévolat et l’attention à autrui d’ouvrir ses portes, ça se fait de façon très discrète. Mais il y a toujours une main tendue quand on sait la voir.

    Rebecca Armstrong : [00:09:41.34] Ce serait donc cela, la Mayenne, la terre du milieu en partage. Là où le temps s’arrête, là où l’on prend soin avec un sourire franc et une main tendue. Immersion sonore vous donne rendez-vous très vite pour une autre rencontre qui donne envie de Destination Mayenne.

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